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DANS LA TERRIBLE JUNGLE

Fiction documentaire écrite et réalisée par Caroline CAPELLE et Ombline LEY - France 2018 1h21mn - avec les jeunes pensionnaires de l'IME la Pépinière et leurs éducateurs...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

DANS LA TERRIBLE JUNGLE Séance bébé le mardi 26 février à 14h15

C'est un film étrange et joyeux, avec, comme dirait notre Président, « une énergie de dingue ». Un film qui ne rentre dans aucune case. Il y a de l'émotion, pas mal ; des rires, parcimonieux mais francs ; et de la musique. Beaucoup de musique. Un film qui nous prend doucement par la main pour nous emmener à la rencontre d'une dizaine de plus ou moins jeunes ados, pensionnaires de la Pépinière. La Pépinière, c'est un IME (Institut Médico-Educatif), quelque part dans la banlieue lilloise, un endroit légèrement hors du temps et à l'abri des rumeurs du monde. Les ados s'appellent Ophélie, Léa, Médéric, Gaël ou Alexis, ils sont déficients visuels, autistes, parfois multi handicapés – ce sont des gamins qu'on pourrait croiser quotidiennement, en détournant le regard. Et donc des gamins formidables, qui habitent, embrasent le film, et dont l'énergie et la rage de vivre n'ont pas fini de vous accompagner, longtemps après que les lumières du cinéma sont rallumées.

Tout est question de regard. Caroline Capelle et Ombline Ley se sont clairement, longuement posé la question du regard qu'il leur était permis de porter sur les pensionnaires qu'elles allaient filmer. Et comment elles allaient les filmer. Et pourquoi. Pour finir par construire leur film autour de cette évidence : ce n'est pas leur regard de cinéastes sur la Pépinière, ni sur Gaël ou Léa qui importe, mais le regard que Gaël, Léa et les autres portent sur la Pépinière, sur leurs vies, leurs histoires, leurs rêves et leurs avenirs – et plus encore le regard que ces gamins veulent que nous portions sur eux. Elles ont logiquement laissé les rênes du film en train de se faire aux mains de leurs acteurs, pour arriver à produire ensemble cet objet proprement sidérant, enthousiasmant, qu'est Dans la terrible jungle, un cocktail détonnant à quatre tiers : 1/3 documentaire, 1/3 fiction, 1/3 comédie musicale et 1/3 love-story. Avec un zeste de burlesque qui n'est pas sans rappeler le P'tit Quinquin de Bruno Dumont – et pour corser l'affaire un trait de mélo, parce que la vie n'est pas toujours rose, dans un IME comme (moins que ?) ailleurs.
Ce n'est à l'arrivée pas Caroline et Ombline qui filment les ados de la Pépinière, mais les ados de la Pépinière qui se mettent en scène, scénarisent les situations, nous font pénétrer dans les espaces intimes ou collectifs de leur quotidien – leurs chambres, la forêt, une salle de répétition musicale –, au cours des multiples activités qui rythment leurs journées. Nous invitent, enfin, à les rencontrer tels qu'ils souhaitent se montrer. Et la caméra, docile, filme, enregistre, documente aussi le film en train de se faire, avec infiniment de respect et de pudeur – jusque dans l'impudeur. Ils jouent, ils chantent, ils dansent, ils souffrent aussi. Et se confrontent à eux-mêmes, puis les uns aux autres, dans des scènes ahurissantes dont on comprend qu'elles reconstituent des séances vécues de gestion de la vie commune. Documentaire ? Fiction ? Les deux mon capitaine ! Et peut-être est-ce dans le documentaire qu'ils se cachent. Dans la fiction qu'ils sont le plus vrais. Avec ce double dispositif, le film recueille les confidences comme les colères, leur propre mise en scène d’eux-mêmes aussi bien que ce qui, par moments, leur échappe, en un geste de souffrance ou un cri de joie.

Simple et vrai, Dans la terrible jungle nous ouvre les portes d'un monde adolescent si semblable aux autres, où sont évoqués pêle-mêle les relations amoureuses, la peur de la solitude l'avenir qui semble bouché… sans faire oublier pour autant la situation particulière des héros, qui décrivent avec lucidité leur rapport aux autres, à l'extérieur, à un futur encore plus incertain auquel l'IME, vaille que vaille, les prépare. Tout en étant, pour eux, un havre de paix et de sécurité où, rassemblés sous les arbres, il fait bon chanter ensemble sous le doux soleil du nord que le lion est mort ce soir…