UTOPIA SAINTE BERNADETTE
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Coopérative QUI VIVRA BÉRAT habitat partagé en évolution la Ménardière
Une autre façon de vivre ? Une autre façon de vieillir ? Voilà 4 ans, qu’un groupe de retraités a investi le Domaine de la Ménardière en créant une coopérative. Objectif : Vivre et vieillir ensemble solidaires et actifs jusqu’au bout du chemin. Chambres d’hôtes, Conc...

SÉANCES BÉBÉS
  Les séances “bébé” sont des séances où les parents peuvent venir avec leur nouveaux nés. Et déguster un film pendant qu’ils roupillent dans leurs bras. Les séances sont évidemment ouvertes à tous les spectateurs, il suffit de savoir qu’il peut arriver qu’un bébé fasse du bruit en suçant son pou...

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de la...

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La séance du mardi 26 mars à 20h sera suivie d'un débat avec le Dr Mathieu Lacambre, psychiatre au CHU de Montpellier et président de la Fédération des Centres Ressources pour les Intervenants auprès des Auteurs de Violences Sexuelles.

M

Yolande ZAUBERMAN - documentaire France/Israël 2018 1h46mn VOSTF - Plusieurs fois primé par les jurys des festivals de Locarno, Namur, Séville, Bruxelles….

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MUn seul regret : que ce film percutant ne soit pas mieux servi par son titre, auquel il ne faut surtout pas s’arrêter. Un « M » guère représentatif de ce qu’est cette magnifique réussite de la trop rare Yolande Zauberman (Moi Ivan, toi Abraham, Would you have sex with an Arab ?). Pourtant ce ne sont pas les lettres qui manquent à la réalisatrice, ni le style, dès qu’elle s’empare du verbe, avec sa voix chaleureuse, délicieusement froissée, entamant le long cheminement qui ouvre la voie à ses personnages. Comment résister à la beauté de ses mots quand elle nous confie : « J’entre dans le monde de mes ancêtres à travers une blessure, celle de Menahem. » ? Le monde de ses ancêtres ? Celui des hommes en noir, juifs, ultra-orthodoxes, ceux de Bneï Brak, la capitale mondiale des haredim, littéralement les « Craignant-Dieu », plus composite et complexe qu’il n’y parait sous les tenues faussement uniformes. Un monde effarant, qui n’ose pas regarder une femme dévêtue, où chaque moment d’intimité avec ces êtres impurs est calibré, enseveli dans la plus sombre obscurité. On part à la chasse de la moindre miette de lumière, du moindre reflet. On colmate serrures, interstices, fentes… Chacun, avant d’entreprendre sa légitime épouse, se livre à une logistique impressionnante qui prend souvent plus de temps que l’acte lui-même, tuant dans l’œuf la moindre possibilité d’un semblant d’érotisme. D’ailleurs, si on pouvait procréer sans jouir, sans doute le ferait-on, ainsi le veut le Talmud…

Ce monde qui suffoque à force de ne pouvoir respirer, prêt à imploser à la moindre étincelle, c’est aussi celui de l’enfance de Menahem. Celui vers lequel le jeune homme retourne comme pour une impossible réconciliation. Il se souvient de la moiteur des bains, des ablutions entre hommes, soudain troublés, propulsés par un irrépressible tourbillon de sensualité, de désirs inavouables. Il se souvient de ces membres virils, comme aimantés par la chair fraîche, incapables de dominer leurs pulsions… Trop forts pour être repoussés par un petit garçon. 
Menahem Lang était alors cet enfant dont la voix cristalline semblait pouvoir élever les plus belles prières vers l’infini. Devenu homme, tout son être parait vibrer tant il module son chant bouleversant avec maestria. Mais dans les mélodies liturgiques qui le transportent, on perçoit comme une faille vertigineuse où se tapit un monstre vorace. Menahem est un personnage haut en couleur, drôle, extraverti. Pourtant sous ses allures un brin délurées, on devine les cicatrices mal refermées. D'abord intimidé, il gagne peu à peu en assurance au contact de Yolande Zauberman. Cet être assoiffé de justice vient réclamer à sa communauté la reconnaissance de sa souffrance, l’obliger à entendre sa vérité d'enfant abusé.

L’homme progressivement nous épate, par sa liberté de ton, par son courage. La réalisatrice par la qualité de son attention, par sa douceur tranchante. L’un et l’autre non violents, malgré la rage rentrée, le venin qui les ronge. L’un et l’autre dignes, admirables. Ne cédant pas à la haine, ne refoulant pas la tendresse qui monte envers cette communauté malgré tout aimée. La caméra pénètre toujours plus profondément dans l'intimité de Menahem, respectueusement, sans la violenter. On s’étonne de découvrir ce microcosme masculin, tellement tactile, ses danses endiablées, très éloignées des clichés réchauffés qu’on peut s’en faire. Une parole jubilatoire, libératrice qui va en entraîner d’autres, réparer les vivants, du moins leur permettre de relever la tête pour conjurer la honte qui les empoisonne, briser les cercles vicieux qui les entravent. Laver les enfances souillées…