UTOPIA SAINTE BERNADETTE
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SÉANCES BÉBÉS
  Les séances “bébé” sont des séances où les parents peuvent venir avec leur nouveaux nés. Et déguster un film pendant qu’ils roupillent dans leurs bras. Les séances sont évidemment ouvertes à tous les spectateurs, il suffit de savoir qu’il peut arriver qu’un bébé fasse du bruit en suçant son pou...

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de la...

À LA VIE À LA MORT
Quelle joie de se retrouver sous les étoiles hier à Berat, en Haute-Garonne!Expo, rencontre et ciné avec Nevada. Quel bonheur.Déjà 200 personnes pour les prémisses d’un nouveau lieu vivant et pluridisciplinaire co animé par les habitants. Ce sont les premières festivités de l’été d’Utopia et du ...

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BELOVED

Écrit et réalisé par Yaron SHANI - Israël 2019 1h48mn VOSTF - avec Eran Naim, Stav Almagor, Stav Patai...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

BELOVEDTels le côté pile et face d’une pièce de monnaie, deux films pour décrire les revers d’un même monde. On peut se contenter de l’un ou de l’autre, tant ils ont leur identité propre ; ensemble ils gagnent encore en puissance, se renforcent, tel un duo d’âmes sœurs autonomes. On vous conseille donc de ne rien louper de ce diptyque (en commençant par Chained) afin de goûter toute la subtilité de cet accord parfait. Les deux œuvres se reflètent si bien l’une dans l’autre qu’on les suspecterait presque d’avoir inventé une sorte de mouvement perpétuel. Découvrir l’une, enchainer sur l’autre, donne envie de revenir à la première et ainsi de suite, tant notre regard et notre compréhension de ce puzzle social n’en finit plus d’être nourri et d’évoluer… On plonge à chaque fois dans une humanité sans fard par une porte d’entrée différente, en se focalisant sur l’essentiel, la mise en relief d’un personnage principal jusqu’alors resté dans l’ombre. Ainsi ces points de vue adverses, ces vérités intimes mises bout-à-bout aboutissent à un portrait en creux, profond et saisissant, d’une société israélienne désorientée, rendue schizophrène et qui se cherche désespérément…




Trop de rôles pour une seule femme ? Être bonne mère, bonne infirmière, bonne épouse, bonne femelle… : voilà ce à quoi aspire Avigail… Mais parfois le regard des autres nous renvoie à une autre réalité : on ne nait pas femme, on le devient…
Si la première scène démarre avec des larmes, elle n’est en rien larmoyante. Car les pleurs d’Avigail vont couler comme autant de prises de conscience bénéfiques. D’ailleurs sur quoi s’apitoie-t-elle ? Sur cet embryon qui ne naitra pas ou sur cette sensation de se sentir défectueuse, pas à la hauteur de la tâche à accomplir ? Les gestes protecteurs de son mari Rashi, qui contrastent tant avec ses mots lui intimant de se ressaisir, n’ont en définitive rien de rassurant. Ils ne lui laissent pas le loisir de souffler, de penser, de faire un deuil. Il n’y aura nul répit pour son corps qui se doit d’enfanter coûte que coûte. Tout se négocie entre hommes, entre un obstétricien qui égraine des constats cliniques dénués de compassion et un mari déçu, comme si Avigail n’était pas là devant eux et n’avait pas voix au chapitre. D’ailleurs, la rare question qu’elle trouvera la force de poser, douce mais audible, restera ignorée, avec cette façon infantilisante qu’ont les adultes de feindre de ne pas entendre un caprice. Peut-être est-ce là la pire violence : se sentir soudain transparente. À cet instant-là, on en oublierait presque qu’Avigail est infirmière, une de celles qui pansent le monde, affrontent quotidiennement les pires détresses, les pires souffrances, changent les couches des vieillards à l’abandon… Elle aussi mériterait bien qu’on la dorlote à son tour au lieu d’avoir encore à faire la popote après une journée de travail harassante… Mais de retour au bercail, c’est un nouveau champ de bataille qui l’attend. Non seulement il lui faut tenir son ménage, mais elle doit jouer les médiatrices entre sa fille de plus en plus excédée, malheureuse, et un Rashi moins à l’écoute que jamais, de plus en plus coincé dans un rôle empesé, taillé dans l’étoffe d’un patriarcat étouffant.
C’est au moment même où son époux se montre de moins en moins flexible qu’Avigail, qu’on croit anesthésiée et docile, va opérer un pas de côté salutaire. Il suffira d’une jolie rencontre avec un groupe de femmes, qu’ensemble elles s’octroient le temps de se ressourcer, de prendre soin d’elles, de se cajoler mutuellement, de pouffer de rire, de s’écouter… de tout simplement respirer. Quelques instants simples, tactiles, où puiser une forme de résilience, pour rompre enfin avec la soumission devenue atavique à force de se reproduire de générations en générations…

Beloved, avec ses passages tout en rondeurs féminines, apporte un contre-point à un univers masculin anguleux, taillé dans le roc : clichés dont nul ne ressortira gagnant. Si Avigail essaie de s’émanciper de sa condition de victime, Rashi deviendra une victime impardonnable. Et les constats terribles en filigrane, que débite la voix d’un présentateur radio, éclairent encore différemment le propos. La misère émotionnelle, semble creuser un sillage pour une forme de prédation sexuelle inavouable, exponentielle en Israël… Bien aigre semble alors le lot des enfants de la Terre Promise…