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EN MÊME TEMPS

Écrit et réalisé par Benoît DELÉPINE et Gustave KERVERN - France 2022 1h34mn - avec Jonathan Cohen, Vincent Macaigne, Yolande Moreau, India Hair, Jenny Beth, Gustave Kervern, Doully, François Damiens...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

EN MÊME TEMPSVous êtes aux premières loges pour le savoir : on a rarement l’occasion de rigoler franchement dans nos salles devant une comédie française… Des « comédies » françaises, ce n’est pourtant pas ce qui manque mais généralement, elles nous embarrassent plus qu’elles ne nous dérident et on préfère laisser la plupart d’entre elles à nos chers collègues vendeurs de confiseries dans ces endroits étranges qu’on appelle multiplexes. Alors le nouveau Delépine/Kervern, on l’attend un peu comme les premières cerises du printemps : avec le duo grolandais, on sait – nous qui avons programmé tous leurs films depuis bientôt vingt ans : Aaltra c’était en 2004 ! – qu’un vent d’humour frondeur, de fantaisie iconoclaste et surréaliste, de tendresse généreuse pour les sans-grade de tout poil va souffler sur nos écrans.



L’attente d’En même temps fut pimentée d’une petite curiosité supplémentaire quand on a lu qu’une des premières scènes du film était un hommage à Louis de Funès… En l’occurrence il s’agit de cette séquence des Aventures de Rabbi Jacob dans laquelle Victor Pivert, industriel raciste et irascible incarné par de Funès, est stupéfié de découvrir que son chauffeur Salomon (Henri Guybet) est juif. Ici c’est Didier Becquet (Jonathan Cohen), un maire de la droite décomplexée, fier de sa position sociale, coureur et mari infidèle impénitent, qui déverse sur son malheureux chauffeur kabyle (agréable apparition de Hakim Amokrane, la moitié de Mouss et Hakim et cofondateur de Zebda) ses avis sexistes et racistes. Et on va donc suivre l’abominable Didier dans sa difficile mission consistant à embobiner Pascal Molitor (Vincent Macaigne), un maire écolo en tous points son opposé : intègre, humaniste, absolument pas cupide… L’embobiner afin de le convaincre de voter aux côtés de la droite pour la construction d’un parc de loisirs qui détruira une forêt primaire. Et voilà les deux compères qui, par une suite de hasards impayables, vont se retrouver collés (au sens propre) l’un à l’autre et obligés d’errer toute une nuit tels des siamois qui se détestent… Je ne vous raconterai rien des circonstances qui mènent à cette incroyable situation, sinon ce serait gâcher.
Le talent de plus en plus affirmé de Delépine / Kervern est de cumuler différents types de comiques. Le comique de geste digne des grands burlesques, les deux personnages obligés de marcher à la queue leu leu créant des pantomimes dignes de Keaton ou de Laurel et Hardy. Le comique de situation kaurismakien, s’exprimant dans la capacité à imaginer des situations improbables, à croquer des lieux absurdes comme ce bar intitulé le FMI – que DSK aurait adorer fréquenter –, où des vieux notables en caleçon chantent sur un karaoké dont les seules paroles sont « hébé » répété à l’infini, entraînés mollement par des hôtesses désabusées. Mais aussi une satire sociale et politique acide, qui n’épargne personne, ni le droitard cynique et démagogique, ni l’écolo hors-sol dans sa petite voiture électrique ridicule qui n’a pas assez d’autonomie, ni les féministes radicales, avec au bout du compte un sévère appel à se réveiller, et pas seulement pour une prochaine élection présidentielle attrape-gogos.

Cette fable drolatique et joyeusement subversive est peuplée d’une brochette de seconds rôles jubilatoires incarnés par des acteurs au diapason : la fidèle Yolande Moreau en mère maquerelle du FMI, le taulier Gustave Kervern en restaurateur dépressif, François Damiens en patron de « diner » à l’américaine inconsolable de la défaite de Trump, India Hair géniale en pasionaria féministe… Quant aux deux nouveaux de la bande qui incarnent les rôles principaux, ils sont fabuleux, tant Jonathan Cohen (vu et formidable dans Énorme de Sophie Letourneur, mais surtout connu en tant que Serge le Mytho ou héros de la série parodique La Flamme), que Vincent Macaigne, parfait en écolo gentiment mélancolique.