LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7€
CARNET D'ABONNEMENT : 50€ (10 places, non nominatives, non limitées dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séances happy hour à 4,5€
Parking voie aux vaches
(bus ligne 1 arrêt Debussy)

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

Éducation à l’image et à l’environnement... Séances de groupes à Volonté !
Crèches, écoles, collèges, lycées, centres de loisirs, anniversaires, enseignement supérieur… Vous souhaitez voir un film en groupe, pour le plaisir ou pour un projet pédagogique ? Contactez-nous : 03 25 40 52 90 ou à pont-sainte-marie@cinemas-utopia.org.NOUS ORGANISONS DES SÉANCES À LA CARTE, e...

Utopia Pont-Sainte-Marie ouverture imminente !
Vous êtes impatients ! Vos nombreux appels le montrent… et nous aussi ! Nous sommes définitivement sur les starting-blocks ! Quelques réglages encore sur la ventilation, le chauffage… nous dit-on… En tout cas, la cheminée fonctionne ! En attendant on continue de mettre les choses en place et de ...

Des nouvelles du Front de L’Est !
100 000€ citoyens ! Bravo ! C’est la somme déjà récoltée grâce à vous, à vos petites gouttes d’eau citoyennes mises bout à bout, au soutien des artistes (Béatrice Tabah en tête !) et de l’association de futurs spectateurs aubois ARCEAU qui organisent des expositions-vente a...

Juin 2020 : Travaux en vue ! Il y a comme des petits airs de printemps et de bien belles nouvelles !
Good news et appel d’offre !Chers toutes et tous,CÔTÉ FINANCES : Votre soutien a joué et continue de jouer un rôle primordial dans cette aventure ! Vos voix alliées à celles des professionnels du Cinéma, au FEDER (l’Europe qui contribue pour 300000€), le soutien de notre banque ...

BLACK TEA

Écrit et réalisé par Abderrahmane SISSAKO - France / Mauritanie / Chine 2024 VOSTF - avec Nina Melo, Chāng Hàn, Wu Ke-Xi, Michael Chang...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

BLACK TEAIl est des sourires trompeurs, de façade, il est des sourires vrais. Ici, ce sont des lapalissades réchauffées. Ici, dans « le » quartier africain de Canton (aujourd’hui on dit Guangzhou), surnommé Chocolate City, « la ville chocolat ». Un surnom qui en dit long sur les préjugés ancestraux, raciaux. Quand on y pénètre, on a un peu la tête qui tourne, plongé dans ce bain de langues de tous les horizons, de toutes les sonorités : des bribes d’anglais, de cantonais, de mandarin se mêlent à ce que l’on croit deviner être du bambara, du wolof… et tant d’autres idiomes méconnus. Ambiance étrange, entre l’exubérance des modes de vie africains et ce qui doit être la retenue des attitudes asiatiques. Mais tout cela n’est que la surface des choses et la réalité est plus métissée, plus complexe. Aya, tout Ivoirienne qu’elle est, semble y frayer comme un poisson, avec sa maîtrise parfaite du chinois, sa pondération qui semble innée. Il faut dire que dans la boutique d’export de thés d’excellence où elle travaille, la maîtrise des moindres gestes, des moindres apparences (et sentiments) est de mise. Qui connait son passé, qui pourrait le deviner ? Hormis nous, spectateurs, qui avons assisté à la première scène, celle de son mariage. Ou plutôt de son non mariage : et on se dit qu’il faut être d’une sacrée trempe pour avoir le cran, dans certaines circonstances, de dire non ! Sans que ce soit appuyé, on devine que c’est suite à un exil forcé qu’elle a débarqué dans cette ville si loin de la sienne, pour ne pas sombrer dans les bas fonds de la déchéance sociale, dans les marges d’une société qui ne laisse pas la place à certaines formes d’émancipation.

Et si Aya s’applique tant dans son travail, c’est aussi, on le découvrira par petites touches douces, parce qu’elle n’est pas insensible au charme de son patron chinois. Est-il sensible, lui, au rayonnement d’Aya ? Il n’en laisse rien paraître en tout cas. Il y a la différence d’âge, le lien de subordination, le regard de son fils, celui des vendeuses, celui des passants… Et l’on sent Aya attentive aux moindres soupirs, aux moindres signes lors des cours de dégustation de thé que l’homme lui distille avec détermination, comme si un jour la jeune femme devait devenir son bras droit, son héritière. Tandis qu’elle semble boire secrètement le son de ses mots, l’odeur de sa peau en même temps que le thé dans lequel elle trempe les lèvres.

Vous l’aurez perçu, c’est un film d’une grande et délicate sensualité, qui donne des frissons charnels, où avec Aya on se prend à attendre un geste, à espérer que les digues de la bienséance cèdent et que la passion emporte tout sur son passage… Mais on vous le rappelle, c’est un film du cinéaste Mauritanien Abderrahmane Sissako, réalisateur des magnifiques et très engagés Bamako (2006) et Timbuktu (2014). Des films d’une lucidité implacable qui dénonçaient la colonisation, les injustices, les fanatismes… et donnaient sa juste place à la parole des femmes. Black tea n’est pas en reste, bien loin des images d’Épinal, des contes de fées illusoires, des bluettes insipides. Il y a du sens au cœur de tant de beauté, une lutte ouverte contre les préjugés, les racismes, pour la quête de la liberté !