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Écrit et réalisé par Elia SULEIMAN - France / Palestine 2019 1h27mn VOSTF - avec Elia Suleiman, Tarik Kopty, Kareem Ghneim, Ali Suliman, Grégoire Colin Gael Garcia Bernal... Festival de Cannes 2018 : Mention spéciale du Jury • Prix Fipresci de la critique internationale.
(ATTENTION ! Cette page est une archive !)
Une œuvre singulière, secrète et accueillante, merveilleusement drôle en même temps qu’éminemment politique et offrant de multiples niveaux de lecture. L’univers d’Elia Suleiman n’est pas sans rappeler celui d’un Jacques Tati ou d’un Buster Keaton. Tout aussi tendre, imaginatif, il se moque de toutes nos contradictions, même des siennes propres. Il excelle non seulement dans le domaine de la dérision, mais dans celui de l’auto-dérision salutaire. Une fois de plus, Elia Suleiman interprète d’ailleurs lui-même son alter ego autant onirique que réel…
Ça commence par une histoire à rebondissements autour d’un citronnier en Palestine. Alors qu’Elia vient de trier quelques vieilleries dans la maison encore endeuillée de sa mère et qu’il prolonge ses rêveries dans un verre de vin, son oreille est attirée par un bruit dans le jardin. Il surgit alors tel un suricate derrière la balustrade du balcon. Surpris, son voisin, qui s’était introduit en catimini dans le jardin maternel pour le dépouiller de ses citrons, se transforme en moulin à paroles comblant le silence laissé par Elia qui l’observe de ses grands yeux étonnés, son éternel chapeau vissé sur la tête. Entre deux épisodes à répétition de cette mésaventure qui va devenir de plus en plus croustillante, se grefferont une cascade de saynètes drolatiques. La cavalcade effrayante et risible d’hommes armés dans une rue déserte, le repas terne d’une jeune femme prise en sandwich entre un inénarrable duo de frères barbus…
Si le premier tiers de l’action prend vie dans la cosmopolite Jérusalem, elle va s’envoler finement vers d’autres capitales, dans les rues desquelles Elia Suleiman compose sa propre comédie humaine, caustique, désabusée.
It must be heaven se traduit évidemment par « ce doit être le paradis ». Le constat est cinglant : si tant est qu’il existe, il n’est pas sur cette terre.