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J’ACCUSE

Roman POLANSKI - France 2019 2h12mn - avec Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner, Grégory Gadebois, Mathieu Amalric, Damien Bonnard, Melvil Poupaud, Denis Podalydès... Scénario de Roman Polanski et Robert Harris, d’après son formidable roman D.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

J’ACCUSEPour nous, pas de doute : J’accuse est une belle œuvre, un grand film, une fresque virtuose, intelligemment menée, qui donne à la fois du plaisir et à réfléchir. On peut penser et dire bien des choses de Roman Polanski, on ne peut nier que c’est un immense cinéaste.

La scène d’ouverture est magistrale ! Toute l’armée, en tenue de grand apparat, semble réunie dans la monumentale cours de l’école militaire de Paris qui fait paraitre ces hommes bien petits malgré leurs grandes décorations. Moment solennel, terrible. Seul devant tous, un jeune capitaine se tient droit, s’efforçant de garder la tête haute à l’écoute de la sentence qui s’abat sur lui. Pire que tout est le cérémonial humiliant de la dégradation. On comprend à son air douloureux qu’en lui arrachant ses épaulettes, on arrache une partie de son cœur, qu’en brisant son épée, c’est sa vie que l’on brise, son honneur que l’on piétine. Même si cela est loin de nous, surtout si on est profondément antimilitariste, on ne peut réprimer un élan de compassion envers cette frêle silhouette accablée qui s’efforce de ne pas vaciller, ces yeux de myope qui repoussent vaillamment les larmes. Puis monte sa voix, droite et sans haine, qui clame dignement son innocence. À cet instant-là on n’a plus aucun doute sur la droiture du bonhomme, sur sa force morale. Cruel contraste avec les généraux, secs ou gras, sains ou syphilitiques, qui ne se privent pas d’un petit couplet raciste sur les Juifs, d’une blague qui vole bas sur leur rapport à l’argent, leurs mœurs… Ce jour-là l’honneur ne semble pas dans le camp de la crème des hauts gradés aux chaussures lustrées qui piétinent dans la fange de la bêtise crasse. Immondes malgré leurs beaux accoutrements ! Pourtant ce sont eux que la foule acclame et l’innocent qu’elle hue.
Sous une nuée de quolibets, Alfred Dreyfus (Louis Garrel) subit donc sa condamnation à être déporté et enferré sur l’île du Diable. Mais la suite de l’affaire – et c’est là l’idée forte du roman de Robert Harris et du riche scénario que lui-même et Polanski en ont tiré –, on ne va pas la suivre de son point de vue, ni depuis les plus célèbres (Zola, notamment). Judicieusement, on va la suivre depuis le point de vue d’un de ses détracteurs, un pas de côté qui redonne de l’ampleur au sujet, permet de le traiter comme un véritable thriller d’espionnage

S’il en est un qui a détesté Dreyfus, bien avant l’heure, c’est le lieutenant-colonel Picquart (Jean Dujardin), qui fut son instructeur. Quand il assiste à la dégradation de son ancien élève, il n’en est pas spécialement ému, cela a même de quoi satisfaire son antisémitisme imbécile. Mais c’est de cet officier supérieur pas spécialement bienveillant que va naître la vérité, car malgré sa détestation des Juifs, Marie-Georges Picquart est un homme juste, d’une probité à toute épreuve, qui ne se contente pas de ses seuls sentiments pour condamner. Nommé à la tête du Deuxième Bureau (service de renseignement militaire), il va avoir tôt fait de tomber sur des pièces tenues secrètes qui pourraient bel et bien innocenter Dreyfus…

C’est une partition sans faute pour une pléiade d’acteurs sublimes – en marge notons le très beau personnage de femme libre et féministe avant l’heure incarné par Emmanuelle Seigner. Une fresque précise qui dépeint non seulement la descente aux enfers d’un homme, sa réhabilitation, mais également l’ambiance de l’époque et peut-être, comme le déclare Polanski, « le spectacle séculaire de la chasse aux sorcières à l’encontre d’une minorité, la paranoïa sécuritaire, les tribunaux militaires secrets, les agences de renseignement hors de contrôle, les dissimulations gouvernementales et la presse enragée »…