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WET SEASON

Écrit et réalisé par Anthony CHEN - Singapour 2019 1h43mn VOSTF - avec Yeo Yann Yann, Christopher Lee, Koh Jia Ler, Yang Shi Bin...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

WET SEASONEn 2013 déboulait sur la Croisette cannoise un petit bijou de film, signé d’un jeune réalisateur singapourien totalement inconnu, Anthony Chen. Ilo Ilo racontait très simplement, de manière tendre et bouleversante, la déliquescence d’une famille confrontée à la crise financière asiatique de 1997, à travers le regard d’un enfant désemparé, que seul finissait par consoler l’attention d’une nounou philippine. Le film touchait au cœur le jury de la Caméra d’Or, qui récompense chaque année le meilleur premier film, et tout particulièrement Agnès Varda, la présidente cette année là. Le film révélait au passage un incroyable talent juvénile, Koh Jia Ler, à peine une dizaine d’années, un gamin comme l’histoire du cinéma en a connu si peu, de Jean-Pierre Léaud à Jodie Foster.
Six ans plus tard, Anthony Chen, qui entre-temps s’est beaucoup investi dans la production, revient en tant que réalisateur avec un film très différent mais tout aussi intelligent et sensible, qui partage avec le premier opus deux choses essentielles : une très jolie réflexion sur la structure familiale et les liens affectifs distendus par l’individualisme capitaliste, et des acteurs communs puisqu’on retrouve dans Wet season Koh Jia Ler, désormais adolescent, et Yeo Yann Yann qui incarnait sa mère dans Ilo Ilo.

Ling, le personnage joué par Yeo Yann Yann, est dans le Singapour contemporain une professeure de chinois quadragénaire, dont la vie semble s’être engagée dans une impasse. La langue chinoise perd constamment du terrain face à l’anglais dans la très affairiste Singapour, si bien que l’immense majorité de ses élèves et de sa hiérarchie se désintéresse ouvertement de ses cours. Par ailleurs elle tente désespérément d’avoir un enfant, avec force stimulations ovariennes, alors même que son mari est en train de s’éloigner d’elle, au point de devenir quasi absent. Et par dessus le marché elle se voit contrainte de s’occuper quotidiennement de son beau père impotent...
C’est dans ce contexte déprimant qu’une complicité imprévisible va la rapprocher petit à petit d’un étudiant de plusieurs années – on peut même compter en décennies – son cadet, lui même délaissé par des parents perpétuellement en voyage d’affaires.
Sur un sujet casse-gueule, tout particulièrement par les temps moralistes qui courent, Anthony Chen tisse un très beau récit qui nous raconte avec une infinie délicatesse deux solitudes qui vont se rencontrer contre toute attente et constituer de nouveaux liens sentimentaux et familiaux atypiques. On est surpris et extrêmement touché par exemple par la manière dont l’adolescent se rapproche, via une passion commune pour les arts martiaux, du beau-père de son amante, et finit par redonner le sourire au vieil homme apathique, plongé dans le silence de la maladie. Le réalisateur oppose ainsi la beauté des sentiments, aussi improbables semblent-ils, à la cruauté de l’indifférence qui règne dans une société toujours plus avide de réussite. Une indifférence particulièrement sensible à Singapour, cette ville-Etat insulaire que l’on appelle la Suisse asiatique, symbole de la froideur et de l’individualisme.

Anthony Chen met en scène de main de maître cette chronique d’un amour hors normes, nous faisant pleinement ressentir cette atmosphère tropicale où la pluie de mousson ne cesse de couvrir le tourment des sentiments des protagonistes. Et d’ailleurs, sans qu’on ne dévoile rien de l’issue du récit, à la pluie omniprésente de Singapour succèdera le soleil serein et écrasant de la Malaisie, d’où est originaire notre quadragénaire dont la vie a basculé.