MON C.E. ROULE POUR UTOPIA

METTEZ VOTRE PUB
DANS LA GAZETTE !


NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Groupe ( >30p.) : 3,50€
TARIF étudiants, lycéens, collégiens, demandeurs d'emploi, bénéficiaires du RSA : 4,50€ (sur présentation d'un justificatif). PASS CAMPUS : 4 euros. Paiement CB, Chèque ou Espèces.

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 324 du 24 JANVIER AU 27 FÉVRIER 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 324 du 24 JANVIER AU 27 FÉVRIER 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 323 DU 13 DÉCEMBRE 2023 AU 23 JANVIER 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 323 DU 13 DÉCEMBRE 2023 AU 23 JANVIER 2024...

Soutenez Utopia Palmer

VEDETTE

Claudine BORIES et Patrice CHAGNARD - documentaire France 2021 1h40mn - avec Vedette, Élise, Nicole, Claudine...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

VEDETTEReine incontestée à 10 lieues à la ronde, Vedette, c’est la beauté, la force, la puissance faites vache. Sûre de sa supériorité et de sa force tranquille, elle domine naturellement le petit peuple bovin qui broute respecteusement en contrebas de son aire, sur les pentes de la montagne. Massive, impériale, débonnaire, sa silhouette sombre et musculeuse se découpe sur les paysages arides comme sur le ciel tourmenté – et la cloche maousse qu’elle porte fièrement au cou filerait le bourdon à Notre-Dame. Vedette est cependant attentive à ce que nulle génisse un peu trop impétueuse ne s’aventure à lui chercher des poux dans une tiare conquise de haute lutte, en même temps que son droit à la meilleure herbe du pâturage. Car Vedette est sans doute reine, mais une reine élue, une reine guerrière qui ne rechigne pas à y descendre, dans l’arène, pour défendre son titre à coups de corne et de toute sa masse. Qu’on ne se méprenne pas : pas question, dans ces arènes montagnardes, de spectacle sanguinolant opposant l’Homme à la Bête, ni de fiers combattants pailletés de lumière pour émoustiller les belles étrangères. Ici, les vaches se jaugent, les vaches se mesurent les unes aux autres – et ce sont les vaches, et nul autre, qui sacrent leur reine. Ce sont elles, les véritables patronnes, les génies bovins de ces alpages reculés. S’ils font commerce de leur lait et de leur bidoche, les éleveurs, c’est eux-mêmes qui le disent, s’adaptent humblement à l’organisation naturelle et sociale des bestiaux.

Vedette fait partie d’un troupeau élevé avec amour, avec passion par Élise et Nicole, deux formidables fermières, voisines de Claudine Bories et Patrice Chagnard – un couple de réalisateurs de films documentaires qui vient aussi souvent que possible se ressourcer dans ce coin perdu, cerné par les sommets des Alpes suisses. Or il advient que Vedette vieillit. À coup sûr, le moment n’est plus très éloigné où l’une de ses rivales parviendra à lui ravir son titre et sa couronne. Élise et Nicole ne se résignent pas à la perspective de voir leur reine peu à peu déchoir : tant d’histoires partagées entre elles, tant de soins et d’amour, tant de souvenirs… Nos sentimentales éleveuses proposent à leurs voisins citadins de prendre quelques temps Vedette en pension – comme en maison de retraite. Plutôt versés dans l’observation (filmée) des rapports humains (on leur doit entre autre Les Arrivants, magnifique documentaire sur la question de la gestion administrative des étrangers exilés), totalement novices en la matière, Claudine et Patrice apprennent patiemment l’art de soigner une bête de plusieurs quintaux et s’emploient à se faire apprivoiser par Vedette.

La prise de contact apeurée, l’incompréhension réciproque, le film documente avec beaucoup d’humour et de grâce la rencontre improbable du couple des villes, bardé de préjugés, et de l’animale encore sauvage, fière, hiératique, qui hésite longtemps à les adopter. Des premières tentatives d’approche, peu probantes, jusqu’au partage des découvertes littéraires et philosophiques de Claudine, la caméra de Patrice se fait sincèrement attentive à la découverte d’un étonnant compagnonnage, ou copinage (au sens premier, du partage du pain). L’une et les autres s’acceptent doucement. Les réticences naturelles font peu à peu place à la confiance réciproque, méritée, de Vedette et de ses hôtes. Sans esbrouffe, sans sermon, le film raconte ce qui dans l’élevage unit l’humain et l’animal, se fait écho des questionnements sociétaux actuels sur notre rapport au vivant, évoque avec justesse le rapport de l’éleveuse à la consommation de la viande de ses bêtes. Tout cela avec infiniment de poésie dans l’image et ce qu’il faut de malice dans le commentaire. Tout comme Élise, Nicole, Claudine et Patrice, on n’est pas prêt d’oublier cette formidable Vedette de cinéma. Qui, cela va sans dire, mérite amplement votre confiance.