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GODLAND

Écrit et réalisé par Hlynur PALMASON - Islande / Danemark 2022 2h23mn VOSTF - avec Elliott Crosset Hove, Ingvar Eggert Sigurôsson, Victoria Carmen Sonne, Ída Mekkín Hlynsdóttir... Sélection Un certain regard, Festival de Cannes 2022.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

GODLANDJe vous en fiche mon billet : si les programmateurs du Festival de Cannes 2022 avaient osé pousser un peu plus avant leur intuition première, géniale, de retenir Godland dans leur sélection en le mettant dans la case « compétition officielle », on tenait là à coup sûr un sacré prétendant à la Palme d’Or. Ceci précisé non pour contester le palmarès final du concours de breloques (on y a trouvé notre content de grandes réussites), mais bien pour vous donner une idée du niveau d’enthousiasme auquel ce film nous porte. Sa vision nous a laissés sans voix, émerveillés devant tant de beauté et de puissance. Émerveillés mais guère surpris : le film précédent de l’islandais Hlynur Palmason, montré chez nous début 2020, laissait présager le meilleur : Un Jour si blanc, polar étrange où un flic veuf, obsédé par l’accident mortel de son épousee, enquêtait en vain dans un paysage noyé dans la brume hivernale. Changement, sinon de décor, du moins d’époque et de style avec Godland. Nous sommes à la fin du xixe siècle, et Hlynur Palmason convoque cette fois les influences de John Ford et de David Lynch (nous assumons le grand écart) pour nous livrer une sublime épopée arctique, minimaliste, étrange, organique, qui utilise merveilleusement la nature tellurique des paysages désolés de la côte orientale de l’Islande. Une région que le réalisateur connaît bien puisqu’il y vit.

À la fin du siècle qui a vu naître la modernité et la révolution industrielle, l’Islande n’est qu’une colonie inhospitalière fort peu peuplée, qui appartient au Royaume du Danemark – ce sera le cas jusqu’au lendemain de la deuxième guerre mondiale ! Lucas est un jeune prêtre danois luthérien qui se voit confier la difficile double tâche d’achever, avant l’hiver qui sera forcément glacial, la construction d’une église en contrée en partie païenne et de photographier pour les documenter les autochtones et leur mode de vie. Et notre curé un peu frêle de débarquer en pleine tempête, avec force malles et encombrant matériel de photographie, sur une plage déserte, prêt à attaquer la traversée de l’île qui le mènera jusqu’à sa destination. Avec une petite équipe de porteurs, on lui a attribué un guide rustre et bourru, Ragnar (le génial Ingvar Sigurrôson, figure incontournable du cinéma islandais qui incarnait déjà le héros d’Un Jour si blanc). Ragnar ne comprenant pas le danois et le prêtre ne parlant pas un traître mot d’islandais, c’est peu dire que la communication est réduite au strict nécessaire. Et lorsque le prêtre s’obstine à vouloir traverser un cours d’eau en crue, causant la noyade du seul interprète de la troupe, le périple se transforme en calvaire.

La force de Godland doit beaucoup à la confrontation des deux personnages que tout oppose, magnifiquement incarnés par deux acteurs qui en imposent par leur seule présence. Nous avons été particulièrement impressionnés par le danois Elliott Crosset Hove, dont la silhouette hantée et fantomatique habite le film. Au point qu’on hésite à voir une quelconque pointe d’humour lorsque le réalisateur déclare : « Mon acteur principal a perdu douze kilos je crois, il a vraiment pris son rôle au sérieux ; j’étais vraiment heureux de voir à quel point il se dégradait physiquement. » Le film est aussi une réflexion sur une forme de colonialisme absurde, qui s’appliquait autant à la conquête de l’Ouest qu’à celle de l’Islande par le Danemark. Dans une deuxième partie, une fois la troupe arrivée au village et la construction de l’église entreprise, le film s’attache à décrire la métamorphose du prêtre, confronté pour le meilleur ou le pire à l’amour après sa rencontre avec la fille du seul propriétaire danois du coin.
Outre la symbiose entre les sentiments et les paysages, Hlynur Palmason a une manière unique de filmer le temps qui passe, les effets des saisons sur les éléments. Dans Un jour si blanc, une splendide scène introductive montrait les saisons défiler sur une maison en construction, échappatoire du veuf pour oublier le drame qu’il venait de vivre. Un procédé qu’il reprend dans Godland, où la neige puis la végétation viennent peu à peu recouvrir et absorber les effets de la bestialité humaine.