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NOS FRANGINS

Rachid BOUCHAREB - France / Algérie 2022 1h32mn - avec Reda Kateb, Lyna Khoudri, Laïs Salameh, Adam Amara, Samir Guesmi, Raphaël Personnaz... Scénario de Kaouther Adimi et Rachid Bouchareb.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

NOS FRANGINSParis, le soir du 5 décembre 1986. Malik Oussekine, jeune étudiant, rentre chez lui après un concert dans un club de jazz de la rue Monsieur le Prince. Pendant les jours qui ont précédé, les étudiants en lutte contre la réforme de l’Université ont défilé dans les rues aux cris de « Devaquet au piquet, Monory au pilori » – René Monory et Alain Devaquet étaient ministres à l’époque, le premier de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, le second de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. La Sorbonne est occupée et la préfecture de police de Paris s’efforce de mater les cortèges résiduels et les actions plus isolées, envoyant au besoin le tristement célèbre « peloton de voltigeurs motoportés » (un matraqueur assermenté et un pilote sur des motos tout-terrain) pour faire le ménage. Pris pour cible par deux « voltigeurs », Malik Oussekine, qui n’a d’autres torts que d’être jeune, maghrébin et de marcher cette nuit-là dans Paris, est pourchassé dans les rues, jusque dans l’entrée d’un immeuble où il est battu à mort.
Ce même soir du 5 décembre, une rixe éclate dans un bar d’Aubervilliers. Un jeune et brave gamin, Abdel Benyahia, tente de s’interposer. Un inspecteur de police, ivre, lui tire dessus. Alors que la mort du jeune étudiant, supposément liée aux manifestations, est rapidement médiatisée, celle du gamin d’Aubervilliers est volontairement tenue secrète par les forces de l’ordre.

Extrêmement documenté, le film décortique minutieusement ce mécanisme en mettant nos pas dans ceux des familles des deux victimes. Quelques incursions dans les couloirs des enquêtes menées dans les commissariats apportent au spectateur les éléments cachés aux familles, tandis qu’une habile utilisation d’images d’archives prend en charge le discours médiatique autant que les moments un peu spectaculaires de manifs. Rachid Bouchareb se concentre tantôt sur l’attente, les non-dits, l’incrédulité et la souffrance vécue par les parents, les frères et sœurs, tantôt sur les atermoiements des policiers qui tentent de leur soustraire la vérité, les tentatives d’esquives et de manipulations, la recherche d’éléments qui dédouaneraient les fonctionnaires de police. Comme la découverte de la santé fragile de Malik, qui permit notamment à Robert Pandreau, sous-ministre, délégué à la sécurité, de Charles Pasqua alors en charge de l’Intérieur, de faire aux journalistes cette sortie sidérante au sujet d’un gamin qui venait de trouver la mort : « je suis père de famille, et si j’avais un fils sous dialyse, je l’empêcherais de faire le con dans la nuit ».
La sobriété digne, presque sèche, de la mise en scène évacue tout pathos dans la représentation de la douleur des familles et « n’a d’autre but que de cerner au plus près un sentiment, qui est celui de l’injustice et du silence honteux qui l’accompagne ». (Le Monde) Au-delà de l’histoire de Malik et d’Abdel, Nos frangins témoigne avec justesse et émotion pour toutes les victimes oubliées et participe d’un nécessaire travail de mémoire de la société française.

PS : Après la mort de Malik Oussekine, le peloton de voltigeurs sera officiellement dissout – avant d’être ressuscité en 2018 sous la présidence d’Emmanuel Macron, pour mater les cortèges de « Gilets jaunes ».