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BENEDETTA

Paul VERHOEVEN - France 2020 2h11mn - avec Virginie Efira, Charlotte Rampling, Daphne Patakia, Lambert Wilson, Olivier Rabourdin, Hervé Pierre, Clotilde Courau, Louise Chevillotte... Scénario de Paul Verhoeven et David Birke, d’après le livre de Judith C. Brown, Sœur Benedetta, entre sainte et lesbienne. Festival de Cannes 2021 : Sélection officielle, en compétition.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

BENEDETTAAprès le très remarquable Elle (2016), l’irréductible Paul Verhoeven enchaîne avec ce merveilleux film – joueur, inspiré, provocateur – qu’est Benedetta, adapté du travail de l’historienne américaine Judith C. Brown, spécialiste de la Renaissance italienne et de l’histoire de la sexualité, qui mit au jour les minutes rarissimes du procès en saphisme d’une nonne et en relata les circonstances dans son livre Sœur Benedetta, entre sainte et lesbienne (1987).
L’action se déroule à Pescia, en Toscane, au xviie siècle, pour l’essentiel dans le couvent des Théatines. Confiée aux soins de la mère supérieure (impériale Charlotte Rampling) à l’âge de 9 ans, la jeune Benedetta Carlini, déjà connue pour ses visions supraterrestres, y devient une belle jeune femme, proie simultanée d’une possession conjugale par son seigneur Jésus-Christ et d’un débondage sexuel qui la conduit à cultiver une relation dévorante avec une jeune sœur.

Au regard des prodiges qu’elle accomplit, Benedetta supplante bientôt l’abbesse – religieuse entièrement soumise à la hiérarchie politique de l’Eglise –, laquelle la soupçonne depuis toujours de simulacre. Tandis que Benedetta multiplie les signes visibles de son élection christique et vit clandestinement avec son amante des moments d’exultation charnelle de haute intensité, une terrible épidémie de peste ravage la Toscane.
Débarque alors dans le couvent le nonce (Lambert Wilson), être cauteleux armé de la toute-puissance de l’Eglise comme corps constitué, qui entend bien la convaincre de simulacre et de saphisme et, faute d’obtenir ses aveux et sa contrition, la faire brûler vive. Touché par la maladie, il ne fait qu’apporter la contamination bubonique et la macération de l’esprit et de la chair dans une cité jusqu’alors saine et sauve, car confinée par Benedetta sur ordre de son Seigneur.
… En bon esprit libre, Paul Verhoven tient que, par Dieu ou par diable, seule importe dans le phénomène de la possession la croyance qui la fait tenir. C’est d’ailleurs la question centrale, en même temps que la singularité de ce film, de rendre indécidable la question de savoir si la croyance de Benedetta est feinte ou simulée. Une scène pose cela d’emblée, lors de la représentation d’un mystère, donnée au couvent : Benedetta, hissée jusqu’aux cieux grâce à un système de poulie, ne s’imagine pas moins en esprit courant vers Jésus qui l’a personnellement désignée comme épouse céleste. Ce deus ex machina qui ne barre pas pour autant l’hypothèse d’une passion véritable désigne, bien évidemment, la magie de l’art. Et aussi bien l’exécration des forces obscures qui voudraient mettre sous le boisseau son féroce appel à la liberté et à la jouissance.

En ce sens – et jusque dans l’organisation de son scandale (scènes saphiques à la chandelle du couvent, trivialités flamandes en tout genre, blasphèmes…) –, Benedetta est un portrait de comédienne (ce qu’y fait Virginie Efira est époustouflant) et, plus largement, avec son féminisme de combat, un portrait de l’artiste en démiurge. « Benedetta, c’est moi », pourrait ainsi prétendre Verhoeven, à l’instar d’un Flaubert qui entretenait lui aussi une fascination pour la sainteté. Comme il pourrait aussi faire sien – au moment où la peste physique et mentale fait son grand retour sur la scène du monde – ce passage de sa correspondance avec la poétesse Louise Colet : « Aimons-nous donc en l’art, comme les mystiques s’aiment en Dieu, et que tout palisse devant cet amour. » (J. Mandelbaum, Le Monde)