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LA MONTAGNE

Thomas SALVADOR - France 2022 1h52mn - avec Thomas Salvador, Louise Bourgoin, Martine Chevallier, Laurent Poitrenaux... Scénario de Thomas Salvador et Naïla Guiguet. Grand Prix SACD de la Quinzaine des Cinéastes, Festival de Cannes 2022.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LA MONTAGNEÇa ne s’invente pas, il s’appelle Pierre (Thomas Salvador lui-même) et va passer l’essentiel du film sur une paroi rocheuse, avec tout l’attirail de l’alpiniste. Deuxième long-métrage de Thomas Salvador, La Montagne continue de mesurer le pas de côté que doit faire l’homme pour se rendre la vie supportable : dans son premier film, l’épatant Vincent n’a pas d’écailles (2014, Grand Prix du Fifib), le héros (toujours Salvador), homme-sirène éloigné de ses congénères et des villes bondées, était doté de pouvoirs hors norme.
À 4000 mètres d’altitude (le tournage a eu lieu dans les Alpes, (très) au-dessus de Chamonix), Pierre se gèle, n’a pas grand monde à qui parler, mais il se sent plus vivant que dans la capitale. Thomas Salvador, qui rêvait, enfant, de devenir guide de haute montagne et cinéaste, arpente enfin les sommets pour le grand écran.

Le film s’ouvre alors que Pierre est toujours prisonnier de la grande ville, par une série de plans sans grandes aspérités. Le réalisateur semble s’amuser à raconter le train-train quotidien, à scruter la lassitude sur le visage de Pierre, ingénieur en robotique. Le bruit plat et métallique de la machine à café avec capsules, qui sonorise le générique de début, en dit plus long qu’un dialogue. Le confort qui devient mortifère, voici un son d’une terrible efficacité. Du métro parisien au téléphérique alpin, Pierre va se délester de tout ce qui ne lui est pas utile. Mais l’ascension ne sera pas une remontée mécanique. De passage dans les Alpes pour un déplacement professionnel, Pierre décide de ne pas rentrer à Paris. Il s’achète une tente, apprend à dormir sous les vents glacés, à mesurer les dangers…
Il fait la connaissance d’une charmante cheffe (Louise Bourgoin) de restaurant d’altitude, mais il semble absorbé par autre chose : en vivant sur place, il prend la mesure de ce que signifie la fonte des glaciers : celle-ci est liée au réchauffement du permafrost (sol ou roche), lequel, en théorie, se maintient en dessous de zéro degré pendant de longues périodes. La glace fondant, elle ne peut plus jouer son rôle de ciment dans les fissures des parois, lesquelles deviennent friables et s’effondrent…

Ce n’est pas de la fiction, puisque, déjà en 2005, 300 000 mètres cubes de granit sont tombés de l’une des plus célèbres parois des Alpes, la face ouest des Drus, et bien d’autres encore depuis. La montagne fragile, tout étourdie d’éboulis, devient le troisième personnage de ce film d’action contemplatif, qui ausculte la chute de pierres, et les métamorphoses de Pierre.
On comprend dès lors pourquoi la caméra ne se laisse pas enivrer par les paysages de cartes postales – auxquelles le réalisateur règle leur compte, lors d’un plan furtif. Le tourisme des sports d’hiver, des randonnées et, bien sûr, hôtelier s’est bien enrichi sur le dos de la montagne, nous dit en creux le film. Thomas Salvador filme davantage des vieux sommets épuisés que des pics scintillants, à la conquête du ciel.
En prenant appui sur le réel, La Montagne bascule dans le film de genre vintage et rêveur, le réalisateur préférant les effets artisanaux à la grosse artillerie. Pris en plan large, Pierre semble devenir de plus en plus petit au fur et à mesure qu’il fait corps avec la roche, pareil à une épingle sur une carte. En rappel, se tenant à la corde, véritable fil rouge du récit, le héros va-t-il se faire avaler comme Jonas dans le ventre de la baleine ? Thomas Salvador va chercher du côté de Méliès, et des lucioles, pour confectionner son héros et lui donner les moyens de continuer à grimper.

(C. Fabre, Le Monde)