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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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WOMEN TALKING

Écrit et réalisé par Sarah POLLEY - USA 2022 1h45 VOSTF - avec Rooney Mara, Claire Foy, Jessie Buckley, Judith Ivey, Frances Mc Dormand... D’après le roman de Miriam Toew, Ce qu’elles disent.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

WOMEN TALKINGÉlectrisée selon ses propres mots par la lecture du roman de Miriam Toew – inspiré d’une histoire vraie et récente –, Sarah Polley nous livre un film puissant, une polyphonie féminine qui marque d’un sceau original cette époque « #MeToo ».
Nous voici au sein d’une communauté de femmes mennonites dans une colonie religieuse isolée. Grace à un procédé de furtifs plans suggestifs, nous comprenons qu’une série d’agressions sexuelles vient de se perpétrer, une fois de plus, sur certaines d’entre elles, par les hommes de la colonie. Profitant de l’absence momentanée de ces derniers (partis à la ville faire libérer des agresseurs pris en flagrant délit), un groupe de femmes, représentant les trois générations de victimes, se réunissent dans un grenier à foin. Dans un laps de temps de 48h, elles doivent trancher sur la décision à prendre pour mettre fin à ce fléau : partir, rester et se battre, ou rester et ne rien faire. Décision qui conditionnera leur vie et celle de leurs enfants. Le film bascule dans un huis-clos psychologique haletant grâce à une mise en scène parfaitement maitrisée et des actrices remarquables. Chaque personnage incarne un point de vue singulier. Enfermées dans des préceptes religieux et conditionnées par une injonction au pardon, pourquoi ces femmes décident-elles un jour de s’exprimer et de réagir ? La parole circule avec force et fluidité au fil d’échanges riches, lucides et passionnés où chaque protagoniste se libère du silence et de l’image de martyre. Les femmes mennonites étant interdites d’accès à l’instruction, ne sachant donc ni lire, ni écrire – l’histoire est vraie, et récente !!! –, le procès verbal de cette réunion décisive sera établi par l’instituteur de la communauté, aux antipodes de ce que l’on peut imaginer des figures masculines que les femmes ont décidé de remettre en cause.



La mise en scène se déploie alors dans toute son efficacité pour ouvrir ce huis-clos et apporter une dimension supplémentaire à ce dispositif théâtral. Les faits extérieurs évoqués en intérieur se dessinent par un processus de flash back. Les hommes, traités comme un corps collectif irrassasiable, rôdent telles des silhouettes abstraites, sans âge ni visage précis, mais on perçoit la menace de prédation qu’ils représentent. Les violences qui sont au cœur du film ne sont pas montrées, mais on les ressent avec effroi à travers les traces qu’elles laissent : taches de sang, ecchymoses, cicatrices, ventre arrondi de femme enceinte.
En opposition à cette laideur des crimes, la caméra de Sarah Polley flotte, gracieuse, à l’affût des beautés éparses susceptibles d’adoucir l’horreur, distillant une poésie envoûtante. Ainsi « oxygéné » visuellement, le film respire et se déploie dans ces paysages ruraux mythiques évoquant Les moissons du ciel de Terrence Malik. Filmée comme une fable intemporelle, cette histoire se révèle soudain dans sa contemporanéité par le biais d’un indice inattendu…
Les questionnements autour de la foi, du pardon, des distinctions à faire entre la culpabilité individuelle et les injustices systémiques prennent alors encore plus de relief. De discussions en révélations, d’éclats de voix en confidences, ces femmes doivent coûte que coûte prendre une décision. Jusqu’où un point de vue individuel peut-il être au service d’un avenir collectif ? Nous sommes tenus en haleine par le compte à rebours lié au retour des hommes fixant l’ultimatum du choix définitif.
Scribe scrupuleux, l’instituteur transcrira sans le savoir un manifeste pour l’avènement d’un ordre social nouveau : un matriarcat chargé de nouvelles représentations et d’espoirs pour les générations futures. Comme son titre l’indique, Women talking est un film généreux en paroles… Mais des paroles de cette force, on en redemande ! Quant à la dernière séquence, muette, elle est inoubliable et vaut mille mots.