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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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Samedi 6 avril à 14h00

SI SEULEMENT JE POUVAIS HIBERNER

Écrit et réalisé par Zoljargal PUREVDASH - Mongolie 2023 1h38 VOSTF - avec Battsooj Uurtsaikh, Nominjiguur Tsend, Tuguldur Batsaikhan, Batmandakh Batchuluun...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

SI SEULEMENT JE POUVAIS HIBERNERCe film mongol – le premier à être présenté en sélection officielle au Festival de Cannes – accomplit le petit miracle d’être lumineux et porteur d’espoir alors même qu’il décrit une réalité particulièrement difficile. Si seulement je pouvais hiberner fait un bien fou et on est prêt à parier que le bouche-à-oreille va fonctionner à fond ! Si seulement c’était possible… Ulzii est, dirait-on, un jeune méritant. Ado, aîné de la fratrie, il vit – survit plutôt – avec ses deux frères, sa sœur et sa mère dans une yourte des faubourgs déshérités d’Oulan-Bator, en Mongolie. Il excelle en mathématiques et pourrait remporter une bourse d’étude pour continuer sur cette voie mais à la maison, rien ne va. Le père est absent, la mère se noie dans l’alcool, la famille peine à se nourrir et n’a pas de quoi se chauffer. Les difficultés s’accumulant, Ulzii devient par la force des choses responsable du foyer – figure paternelle par défaut, tandis que la mère part en ville avec le petit dernier. Ulzii est alors tiraillé entre son rêve de décrocher sa bourse et la nécessité de nourrir sa petite tribu, se convaincant lui-même qu’il est difficile de réaliser ses rêves lorsqu’on n’a pas d’argent. Alors même que de lourdes responsabilités pèsent maintenant sur ses épaules, doit-il donner la priorité à ses études pour espérer s’en sortir un jour au risque de mettre en péril ses frères et sœur ?

Heureusement, Ulzii peut compter sur le soutien indéfectible de son voisin, un vieil homme plein de sagesse. Il tisse avec lui une relation pudique, affectueuse, qui l’aide à reprendre confiance en cas d’inévitables coups de mou. La grande force d’Ulzii, c’est qu’il ne cède jamais au découragement. Autonome et solaire, il répond toujours présent. Il s’efforce de motiver la fratrie à étudier, comme lui, seul espoir de s’extraire un jour de leur triste condition. Il se démène allègrement du matin au soir pour résoudre tous les problèmes et mettre un peu de sourire au cœur de ses proches, en dépit des difficultés. C’est lui qui joue avec ses frères et sa sœur, lui qui leur ramène des gourmandises, lui qui les borde, les aide dans les devoirs… En contrepoint des magnifiques paysages de Mongolie, on est immédiatement frappé par la dure réalité de sa capitale, Oulan-Bator – 1,5 millions d’habitants bien tassés, son bidonville où s’entassent les nomades, réfugiés climatiques des steppes, contaminés par une pollution qui accable évidemment prioritairement les couches les plus précaires de la population. Zoljargal Purevdash s’attache à ces exilés qui vivent dans le quartier des yourtes, confrontés à une misère quotidienne : difficultés à se nourrir, à se soigner, à se chauffer, avec des hivers à – 35°. Cette réalité, la réalisatrice la connaît bien puisqu’elle a grandi et habite toujours à Oulan-Bator. Elle a écrit son film à partir de ses souvenirs personnels mais aussi grâce aux témoignages des enfants de ces quartiers, qui interprètent leurs propres rôles. Le récit qui en résulte est d’une imparable sincérité.
Magnifiquement servie par une photographie subtile, qui fait ressortir les roses et les bleus sur une lumière blanche enneigée, l’histoire d’Ulzii touche bien audelà de l’anecdote. Puissamment politique, simple et touchante, elle a la force du cinéma italien des années 1950 – on pense inévitablement au Voleur de bicyclette de Vittorio de Sica – sans doute parce qu’elle vient de la même urgence. Zoljargal Purevdash met beaucoup d’espoir, de douceur et de justesse dans son indispensable témoignage, sans jamais esthétiser la pauvreté. Chapeau l’artiste.