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BABI YAR. CONTEXT

Sergei LOZNITSA - documentaire Ukraine 2021 2h VOSTF -

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

BABI YAR. CONTEXTVoilà un film essentiel, réalisé par un grand cinéaste ukrainien qui fait de la mémoire un élément essentiel de son œuvre : « Il est plus que jamais nécessaire de se pencher sur notre passé, d’y réfléchir, ce que je propose avec Babi Yar, Contexte. Seule la mémoire et la recherche de la vérité peuvent nous protéger de nos erreurs passées, nous permettre de sortir de la spirale de la violence et de bâtir un avenir de paix. »
Et pourtant, absurdité de la guerre oblige et avec elle ses simplifications idéologiques, Babi Yar, Contexte est devenu objet de polémique, au regard des enjeux symboliques de la guerre en Ukraine, accusé stupidement de faire le jeu des Russes en racontant de terribles événements survenus sur le territoire ukrainien il y a 80 ans.

Mais les faits sont têtus : le 28 et 29 septembre 1941, les nazis, largement aidés, on ne peut le nier, par des collaborateurs locaux, ont assassiné par balles, aux portes de Kiev, 33 771 Juifs. Le lieu au nom presque doux, Babi Yar (« le ravin de la grand mère »), est devenu avant la solution finale et son système industriel d’extermination, le symbole de ce que l’on appela la « Shoah par balles », appliquée massivement au début de la guerre dans l’Europe de l’Est et tout spécialement en Ukraine, avec en suspens cette question terrible : comment est-il possible qu’un massacre d’une telle ampleur, facilement visible aux yeux de tous, aux portes de la capitale ukrainienne, n’ait pas suscité l’ombre d’une résistance de la population locale ?
Serguei Loznitsa avait pour ambition de réaliser une grande fiction autour de l’histoire de Babi Yar. Mais le Covid et ses restrictions de tournage en ont décidé autrement. À la demande du mémorial de Babi Yar, il a donc décidé de faire un travail (absolument remarquable) de montage à partir des archives qui racontent l’indicible. Non pas directement les assassinats, qui ne sont pas documentés, mais l’avant et l’après. Avec une narration volontairement minimaliste, qui nous laisse nous confronter aux images brutes, et seulement quelques cartons de contextualisation.

Il y a d’abord l’invasion nazie rapide et brutale, filmée par les images de propagande allemandes. Les tanks qui avancent prestement dans la campagne, les charrettes qui les fuient, les maisons qui brûlent – c’était la pratique délibérée de l’armée allemande sur le front de l’Est : la terre brûlée –, le visage hébété des prisonniers de guerre… Et puis les images sidérantes des premières persécutions antijuives, à Lemberg dans l’Ouest de l’Ukraine. Là, les Soviétiques, avant de faire retraite devant les Allemands, ont d’abord exécuté les prisonniers politiques nationalistes. Les Juifs ont été accusés d’être complices et ils vont payer le prix fort de la part d’une population haineuse. Et enfin Babi Yar. Les images nous montrent les instants précédant le massacre, les groupes de Juifs massés qui attendent, filmés au plus près. Puis les instants qui ont suivi à travers quelques terrifiantes diapositives d’innombrables vêtements entassés, châles, chaussures et même une jambe de bois. Et puis il y aura le retour de l’Armée Rouge et la fascination de la foule pour les exécutions de quelques coupables nazis en 1946, cette foule qui était pourtant restée indifférente au sort des Juifs… Et enfin l’effacement du crime quand le pouvoir soviétique fit combler définitivement le ravin de l’horreur : il faudra attendre l’aube des années 2000 pour qu’un un projet de mémorial voie enfin le jour.

Sergei Loznitsa, cinéaste-témoin indispensable du sort chaotique de son pays, ne nous impose pas sa vérité et nous laisse construire la nôtre. Cette liberté qu’il nous offre, cette liberté de ton et de regard qu’il a affirmée tout au long de sa carrière, au-delà des idéologies de circonstance qui ont façonné l’histoire de l’Ukraine, lui vaut d’avoir été radié de l’Académie ukrainienne du cinéma.