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EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE

Écrit et réalisé par Daniel KWAN et Daniel SCHEINERT - USA 2022 2h19mn VOSTF - avec Michelle Yeoh, Jamie Lee Curtis, Ke Huy Quan, Stéphanie Hsu, James Hong... TOUS LES OSCAR, DANS (presque) TOUTES LES CATÉGORIES, LA MÊME ANNÉE 2023.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCEQuoi ? 7 Oscars ? Au fait c’est qui les « Daniels » ? Et qu’est-ce que c’est que ce titre à la noix ? - en Québecois, Tout, partout, tout à la fois. Voilà ce qu’ont dû se dire, comme un lendemain de cuite, pas mal de gens engoncés dans leurs bulles algorithmiques, paumés sur les internets. Comme vous, j'avais pas regardé la cérémonie, parce que bon, on en a un peu rien à faire de toutes ces têtes d’affiches botoxées, sur-liftées au bistouri et tirées à quatre épingles. Alors comme beaucoup, dans la version de moi-même entre deux stations de métro à Paris, équipé de mon casque sans fil, je suis allé voir une version courte remixée sur la télé de l’Internet des vieux (Youtube, et oui…). Jimmy Kimmel ouvrait la soirée avec cette vanne : « le top 10 de cette année était constitué de suites ou de franchises, on dit qu'Hollywood est à court d'idées, le pauvre Steven Spielberg a dû faire un film à propos de Steven Spielberg… » Ça sautait ensuite à Jamie Lee Curtis qui dédiait son Oscar à tous les fans des sous-genres cinématographiques qui accédaient enfin à la reconnaissance « académique ». Puis on glissait vers la séquence Ke Huy Quan meilleur second rôle en se disant qu’on a déjà vu ce visage quelque part (il faut rembobiner jusqu’aux Goonies et à Indiana Jones et le temple maudit pour retrouver sa trace, disparu des écrans en raison d'un manque d'opportunités pour les talents asiatiques à Hollywood), et enfin l’immense Michelle Yeoh qui invitait toutes les actrices à défier tous ceux qui voulaient enterrer leurs carrières passé quarante ans.

Les Daniels on commencé leur carrière au début des années 2010 dans le clip et, en 2013, leur vidéo du single Turn down for what de DJ Snake et Lil Jon est devenue tellement virale (plus d’un milliard de vues), que le titre est devenu une expression populaire qu’on pourrait traduire par : pourquoi baisser le volume, pourquoi ralentir ? En 2016 ils ont sorti leur premier long métrage, Swiss army man (cherchez pas, vous avez pas pu le voir dans les salles françaises, il est sorti directement en vidéo chez nous, c’est dire notre audace éditoriale…), qui était déjà un film des plus déconcertants, une version de Robinson Crusoe avec Paul Dano et Daniel Radcliffe en zombie en guise de Vendredi. C’est cette année-là qu’ils ont commencé à travailler sur le scénario d’Everything eveywhere all at once. On se gardera bien de faire un résumé de l’histoire et de tracer les innombrables références qui le composent, le mieux c’est d’aller se perdre sur les internets qui ne manquent pas de sites de passionnés pour détailler avec précision les sens cachés et les origines multiples de ce film mosaïque. Tiens, ça tombe bien, le premier navigateur de l’histoire du World Wide Web se nommait Mosaic…
Ce film a fait sa célébrité sur les réseaux, à commencer par TikTok dont il a parfaitement digéré les codes, car il intègre dans son histoire toute la complexité de notre époque et la sémantique de la culture des univers parallèles des internets, ces réseaux interconnectés qui sont autant de réalités contradictoires, dont la simultanéité nous submerge, partagés entre optimisme et terreur technologique, dans un chaos émotionnel qu’incarne brillamment le personnage d’Evelyn joué par Michelle Yeoh.

Pour exprimer ce chaos, cette saturation et ce désarroi très contemporain, la culture des Daniels étant issue, comme ils le disent, d’un « algorithme bizarre », ils ont juxtaposé plusieurs couches d’univers parallèles, à commencer par le multiculturalisme de la famille au centre de cette histoire, inspiré de la propre famille de Daniel Kwan, fils d'immigrants de Taipei et de Hong Kong, les personnages s’exprimant tour à tour en cantonais, mandarin et en anglais. La deuxième couche qu’ils ont rajoutée est la méta-histoire des acteurs eux-mêmes, intégrant dans les univers parallèles le parcours de Michèle Yeoh en star de films d’arts martiaux et celui de Ke Huy Quan qui fut assistant réalisateur de Wong Kar Wai (d’où la référence à In the mood for love). La troisième couche est ce qu’on appelle le « pop surréalisme », en anglais « lowbrow », courant artistique exposé dans des galeries alternatives car non considéré comme intellectuel ou « high brow » (littéralement front haut), mais plutôt « bas de plafond » (low brow). Tous les univers parallèles traversés par les personnages participent de cette culture. Comme le dit avec humour Daniel Scheinert, « il y a le “low brow” et le “high brow”, mais tous les “brow” sont bons. » Toutes ces couleurs mixées dans les tambours parallèles de la laverie de cette famille américaine donnent cette œuvre bariolée, chatoyante et fascinante. Pour citer Daniel Kwan : « quand vous regardez quelque chose assez longtemps, vous pouvez rendre n'importe quoi significatif, c'est désespéré et dangereux, mais c'est aussi très beau et nous en avons besoin parce que tout le monde regarde tout et ne voit aucun sens. » C’est pour cela que sur la durée, on finit au milieu de ce chaos, de ces univers absurdes, par ressentir une émotion qui, dans l’accélération finale, nous saisit par surprise pour laisser une empreinte durable, comme un point d’orgue, ce point d’orgue qui accompagne chaque titre de chapitre et qui explique le succès du film.
Alors, tous contes faits partout en même temps, d’une pandémie à une guerre mondiale, une crise énergétique, une sécheresse hivernale inédite, un mouvement social que rien n’arrête… « Turn down for what ? »