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FMR a fêté ses 40 ans à Borderouge
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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Install-party samedi 18 juin à Tournefeuille
Vous voulez déconfiner durablement vos ordinateurs ? Envie de découvrir une informatique libre, éthique et accessible ? Vous vous sentez une affection naissante pour les gnous et les pinguins ? L’association Toulibre vous propose de venir découvrir les Logiciels Libres, et comme le premier pas v...

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TEMPS MORT

Ève Duchemin - Belgique 2023 1h58mn - avec Karim Leklou, Issaka Sawadogo, Jarod Cousyns, Johan Leysen, Blanka Ryslinkova, Hassiba Halabi...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

TEMPS MORT« On ne connaît un pays que quand on a vu ses asiles, ses hôpitaux et ses prisons » (Goliarda Sapienza)

C’est une chose de sortir de prison, c’en est une autre de se libérer de la prison. De retrouver, une fois dehors, sa place – juste une place dans une société devenue étrangère, hostile, qui s’est protégée par l’enfermement du danger qu’on pouvait représenter pour elle.

Ainsi Hamousin, Anthony et Colin, trois hommes aux histoires et aux parcours aussi dissemblables que possible, qui n’ont en commun que de les avoir tous trois conduits à purger des peines d’inégales durées dans une prison, suppose-t-on, de la banlieue liégeoise. Et tous trois également à quelques heures de pouvoir profiter d’une sortie de 48h, accordée par la justice belge. Pour chacun, les enjeux de cette (trop) courte « permission » ne sont pas tout à fait les mêmes. Si Hamousin, qui voit poindre la fin possible d’une très longue incarcération, est contraint de mettre ce temps à profit pour faire la preuve de sa capacité à se réinsérer dans la société (concrètement signer le contrat de travail qui lui permettra d’envisager une véritable remise en liberté), Anthony doit retrouver une impossible place au sein d’une famille qu’il a laissée en lambeaux, et qui s’efforce de transformer en fête des retrouvailles sur lesquelles pèsent les non-dits de l’incarcération, ses motifs et ses effets. Fête qu’il manque à tout instant de faire chavirer, malgré le cocktail médicamenteux qui le maintient dans un semblant de sociabilité cotonneuse et le préserve de la peur panique, vertigineuse, du dehors. Quant à Colin, le plus jeune, il est confronté à la fraîcheur de l’accueil de sa famille, à l’enthousiasme de façade de celui de ses anciens complices – et ne parvient pas à arbitrer les tiraillements de ses sentiments et de ses aspirations contraires. Les trajectoires des trois hommes à l’extérieur ne se croisent pas, mais sont racontées de front, rythmées par le décompte horaire qui rappelle impitoyablement que 48h sont vite passées.

À l’injonction qui leur est faite de « rattraper le temps perdu », le film oppose la fuite inexorable du temps, qu’il se mesure en semaines, en mois, en années ou en décennies, l’impossibilité de fait de « rattraper » quoi que ce soit. Les vies, qui se figent à l’intérieur, suivent naturellement leurs cours à l’extérieur, créant des fossés abyssaux impossibles à combler. Venue du cinéma documentaire, Eve Duchemin a précédemment raconté, dans plusieurs films, le milieu carcéral – les détenus, les surveillants, une directrice, les murs, les couloirs, les serrures, la promiscuité, le bruit, les rondes… « Forte d’une expérience de trois années à arpenter la prison de Liancourt (dans l’Oise, ndlr), je ne pouvais pas quitter ce monde carcéral avant d’avoir fait la part belle aux détenus. Chargée de leurs récits, et comme une envie de pied de nez, j’ai voulu cette fois les filmer sortir. Les voir passer enfin cette grande et lourde porte de métal, le temps d’une permission. [Mais] il m’était impossible d’imaginer filmer un détenu dans ses deux seuls jours de liberté conquise. Ma caméra aurait-elle été légitime au moment où il aurait embrassé sa mère ? ». Temps mort est donc une réponse possible, éthiquement acceptable, scénarisée, interprétée, évidemment nourrie d’une multitude de récits très réels, à cette interrogation : comment des corps contraints qui se retrouvent jetés dans la société pour quarante-huit heures peuvent-ils se comporter ? Dans des registres radicalement différents, les trois comédiens incarnent avec puissance et sensibilité ces trois hommes, leurs peurs, leurs fêlures, leurs doutes, leur soif de vivre, leurs renoncements. Karim Leklou, Issaka Sawadogo et Jarod Cousyns, à égalité, portent magnifiquement le film et, devant la caméra généreuse et bienveillante de la réalisatrice, lui confèrent une intensité sidérante.