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ANATOMIE D’UNE CHUTE

Justine TRIET - France 2023 2h31mn - avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, Milo Machado Graner, Samuel Theis... Scénario de Justine Triet et Arthur Harari. Palme d’Or - Festival de Cannes 2023.

Du 23/08/23 au 12/05/24

ANATOMIE D’UNE CHUTEQu’on se le dise, Anatomie d’une chute, d’une intelligence rare, mérite amplement tous les honneurs et superlatifs qui le comblent. Et, ce n’est pas si fréquent, il a déclenché l’enthousiasme unanime de notre petite délégation utopienne au Festival de Cannes. Y compris auprès des plus allergiques d’entre nous (il y en a…) aux films de procès – genre passionnant s’il en est, mais qui peut facilement, par ses répétitions, son rythme dolent, générer un certain ennui. Or Justine Triet déjoue brillamment tous les pièges et, redisons-le : Anatomie d’une chute est en tous points passionnant, troublant, fort, saisissant.
Tout commence dans un chalet niché dans les Alpes françaises, où vit Sandra, écrivaine à succès. Elle y reçoit Zoé, une étudiante venue l’interviewer. Un petit jeu intellectuel et badin se noue entre elles, l’intervieweuse devient l’interrogée, Sandra s’amusant à déstabiliser gentiment son invitée. Lorsque résonne soudainement, à l’étage supérieur, une musique assourdissante. Sans se départir de son calme enjoué ni se montrer incommodée, Sandra explique à Zoé que Samuel, son mari universitaire, aime travailler en musique. Mais il paraît évident que l’entretien doit être écourté et, troublée, la jeune fille s’en va sur une vague promesse de nouveau rendez-vous. Au retour d’une longue marche avec son chien, Daniel, le jeune fils malvoyant de Sandra et Samuel, butte presque sur le corps de son père, qui gît devant le chalet, le crâne ensanglanté.

Cette scène originelle sera vue, revue, moult fois re-racontée, reconstruite et disséquée sous tous les angles, passée au crible de toutes les analyses policières, scientifiques et psychologiques, pour tenter d’en percer l’innommable mystère : Samuel est-il tombé seul du deuxième étage ? La femme de lettres a-t-elle commis un crime ? Ce couple envié d’intellectuels battait-il de l’aile ? Et d’ailleurs, qu’est-ce au juste qu’un couple, qu’est-ce qui en fait le ciment, la valeur, aux yeux de la justice ? Et quel rôle peut avoir un enfant presqu’aveugle dans la résolution de cette histoire, forcément compliquée, d’adultes ?
Une fois l’hypothèse de l’accident doctement écartée par les « experts », il ne reste pas trente-six solutions : c’est soit un suicide, soit un meurtre – éventuellement provoqué accidentellement. Sandra, assistée par un ami avocat (excellent Swann Arlaud), se retrouve donc un an plus tard en Cour d’assises, face à un avocat général retors (non moins excellent Antoine Reinartz).

Ce n’est de toute évidence pas la divulgation de la vérité par les débats qui intéresse Justine Triet. Elle prend même un malin plaisir à nous balader d’une hypothèse à une autre, nous faire douter, au même rythme que les protagonistes, enchaînant les rebondissements au gré d’une mise en scène en immersion virevoltante. C’est prenant, parfois jubilatoire, et on vous met au défi de ne pas vous passionner pour ce petit jeu de Cluedo® familial – mais ce n’est pas ici l’essentiel. Ce qui est passionnant, c’est la dissection du couple de Sandra et Samuel, digne d’une entomologiste, qu’opère la réalisatrice. Cerner cet état commun, immatériel, impalpable, dans lequel chacun peut détenir sa vérité… et in fine arriver à percevoir ce qui a entraîné sa chute, le titre du film prenant un double sens. Comment un homme à l’existence ordinaire peut supporter de vivre le parcours de sa femme à qui tout réussit sans que la jalousie et la rancœur s’installent ? À quel point l’amour libre peut-il être accepté par l’autre ? Ambition professionnelle, liberté sexuelle, autant de valeurs que l’on accepte couramment pour les hommes mais qui peuvent être des éléments d’accusation pour une femme. Porté par l’exceptionnelle Sandra Hüller, le film de Justine Triet s’émancipe de son strict « genre » (l’enquête, le procès) pour prendre une dimension de plaidoyer féministe, puissant, brillant. On en reste secoué longtemps après la projection.