LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7€
CARNET D'ABONNEMENT : 50€ (10 places, non nominatives, non limitées dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séances happy hour à 4,5€
Parking voie aux vaches
(bus ligne 1 arrêt Debussy)

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

Éducation à l’image et à l’environnement... Séances de groupes à Volonté !
Crèches, écoles, collèges, lycées, centres de loisirs, anniversaires, enseignement supérieur… Vous souhaitez voir un film en groupe, pour le plaisir ou pour un projet pédagogique ? Contactez-nous : 03 25 40 52 90 ou à pont-sainte-marie@cinemas-utopia.org.NOUS ORGANISONS DES SÉANCES À LA CARTE, e...

Utopia Pont-Sainte-Marie ouverture imminente !
Vous êtes impatients ! Vos nombreux appels le montrent… et nous aussi ! Nous sommes définitivement sur les starting-blocks ! Quelques réglages encore sur la ventilation, le chauffage… nous dit-on… En tout cas, la cheminée fonctionne ! En attendant on continue de mettre les choses en place et de ...

Des nouvelles du Front de L’Est !
100 000€ citoyens ! Bravo ! C’est la somme déjà récoltée grâce à vous, à vos petites gouttes d’eau citoyennes mises bout à bout, au soutien des artistes (Béatrice Tabah en tête !) et de l’association de futurs spectateurs aubois ARCEAU qui organisent des expositions-vente a...

Juin 2020 : Travaux en vue ! Il y a comme des petits airs de printemps et de bien belles nouvelles !
Good news et appel d’offre !Chers toutes et tous,CÔTÉ FINANCES : Votre soutien a joué et continue de jouer un rôle primordial dans cette aventure ! Vos voix alliées à celles des professionnels du Cinéma, au FEDER (l’Europe qui contribue pour 300000€), le soutien de notre banque ...

UN PETIT FRÈRE

Écrit et réalisé par Léonor SERRAILLE - France 2022 1h56mn - avec Annabelle Lengronne. Stéphane Bak, Kenzo Sambin, Ahmed Sylla...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

UN PETIT FRÈREAprès l’ébouriffant Jeune femme, Caméra d’or méritée à Cannes 2017, voici le deuxième long métrage de Léonor Serraille qui a valu à son impressionnante actrice principale le prix tout aussi mérité d’interprétation féminine aux Festivals des Arcs et de Stockholm. Il y a quelque chose d’universel et hors du temps dans ce beau personnage de femme pétillante et insoumise, qui peine à être mère, et dans le regard que portent sur elle ses enfants. Rose est à la fois libre et entravée par des principes puissants, forte de vouloir n’appartenir à personne – mais oublieuse du fait que sa progéniture ne lui appartient pas non plus totalement – et qui, à sa modeste manière, un jour se rebellera, moins docile. Mais Un petit frère n’est pas seulement un portrait de femme, c’est avant tout une chronique familiale, un voyage au long court, dépaysant, entre quelques murs.

Premières images impressionnistes, peut-être un ciel et ses nuages floutés. Images du passé ? On n’en saura pas plus. Quelques bruits de fond s’invitent discrètement sur la très belle bande son (Back to Africa !), prenante dès l’ouverture et essentielle tout au long du récit. Elle nous rive aux pulsations d’une vie, de trois vies. Celles de Rose, de Jean et d’Ernest : le petit frère du titre. L’occasion ou jamais de comprendre que les premières secondes d’un générique sont parfois essentielles, tout comme les silences le sont à la musique. Ces premières notes s’élèvent comme une ritournelle incontournable, un envol désirable pour fuir ce dont on ne parlera jamais et que Rose camoufle avec panache sous ses immuables principes d’un autre temps et son éternelle jovialité. Mais on a beau faire et beau dire, les enfants ont l’instinct des chats et devinent trop bien ce qu’on voudrait leur cacher.

L’action débute dans les années 80, quand le trio débarqué en banlieue francilienne se retrouve entassé pêle-mêle dans l’unique chambrette que peut leur prêter un genre de tante ou de cousine éloignée. L’intimité s’arrête là où commence le manque de place pour poser ses bagages, ses impédimentas. Cœur vaillant, Rose préfère s’en moquer, tout occupée à vouloir se construire une belle vie bien à elle et à ses deux garçons de 5 et 10 ans. On aimerait la caser dans les bras d’un nouveau mari au prénom impossible ? Elle fuira poliment, direction Rouen, préférant se fier à sa seule force de travail plutôt qu’à l’appui de bras virils, et s’appliquant à elle même ce qu’elle inculque à ses fils : « travailler pour réussir » ; et si on est triste, « on pleure à l’intérieur »… Deux grands principes que chacun intégrera à sa manière, Jean l’aîné en visant l’excellence, Ernest le cadet en buvant les paroles de ce grand frère comme celles d’un demi-dieu, un demi-père, idéal inaccessible. Et on se reconnaitra successivement dans ces 3 personnages, on retrouvera le souvenir de toutes ces éducations un brin bancales, faites de petits riens aléatoires, où l’on fait de son mieux en tant que parent tout en ayant l’impression d’avoir raté beaucoup.

Et la vie filera ainsi entre rencontres, espérances, déceptions, rires qui fusent, ruptures, réconciliations à fleur de peau. Mais le plus passionnant, c’est qu’à travers cette histoire particulière, on devine la marche de tout un peuple, celui universel des exilés, quelles que soient leurs racines. Plus que l’histoire d’un déracinement, c’est celle d’un enracinement profond et fragile, d’une mélancolie joyeuse, de toutes les mélancolies qui se transmettent parfois de génération en génération, sans qu’on n’y prenne garde, sans qu’on sache vraiment comment.
Et c’est la puissance d’une caméra subtile qui capture ce qu’on voit rarement au cinéma. Une manière quasi anthropologique et vibrante de filmer les êtres, leurs paroles, leurs tremblements intérieurs, comme un témoignage de notre temps.