MON C.E. ROULE POUR UTOPIA

METTEZ VOTRE PUB
DANS LA GAZETTE !


NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Groupe ( >30p.) : 3,50€
TARIF étudiants, lycéens, collégiens, demandeurs d'emploi, bénéficiaires du RSA : 4,50€ (sur présentation d'un justificatif). PASS CAMPUS : 4 euros. Paiement CB, Chèque ou Espèces.

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

LA GAZETTE UTOPIA 328 DU 19 JUIN AU 30 JUILLET 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 328 DU 19 JUIN AU 30 JUILLET 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 327 DU 15 MAI AU 18 JUIN 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 327 DU 15 MAI AU 18 JUIN 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024...

Soutenez Utopia Palmer

L’AIR DE LA MER REND LIBRE

Nadir MOKNÈCHE - France 2023 1h30mn - avec Youssouf Abi-Ayad, Kenza Fortas, Saadia Bentaïeb, Zinedine Soualem, Lubna Azabal, Zahia Dehar... Scénario de Nadir Moknèche, avec la collaboration de Naïla Guiguet et Michael Barnes.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

L’AIR DE LA MER REND LIBREDerrière ce titre aérien avance un film subtil et délicat qui, dans un monde saturé par les modèles stigmatisants des médias Bolloré, brisera en douceur les clichés caricaturant trop souvent l’image de la famille maghrébine : sur les questions de mariage arrangé, de masculinité arabe, de prétendue soumission obligatoire des femmes à un immuable patriarcat…

Le personnage central est Saïd, un bientôt trentenaire qui, comme pas mal de jeunes de sa génération, vit toujours chez ses parents, Zineb et Mahmoud. Lesquels tiennent tous les deux une boucherie prospère dans un quartier de Rennes. On le comprend vite, Saïd est homosexuel et entretient une relation amoureuse profonde mais compliquée avec Vincent, un musicien. Mais voilà, sa mère l’a décidé – même s’il est assez probable qu’elle connaisse les préférences sexuelles de son fils, ce qu’elle nierait jusqu’à la mort – : il faut que Saïd se marie. Il est plus que temps, il va avoir trente ans ! Une très jolie scène d’introduction voit Zineb forcer son fils à boire du lait dans lequel a trempé un talisman, en l’occurrence la photo de la future élue, puisque Saïd s’apprête à faire un mariage arrangé avec une inconnue, Hadjira, venue de Miramas à l’autre bout de la France. Hadjira est la fille de Rabia, une amie d’enfance de Zineb, et comme Saïd, il est compliqué de la marier, suite à une déception amoureuse et quelques démêlés judiciaires.
La scène de mariage est digne de la comédie italienne des années 60, ou des premiers films de Kusturica, entre un Saïd complètement ivre reculant face au mariage, désespérément poussé par sa famille, et la malheureuse Hadjira contrainte de patienter bon gré mal gré, engoncée dans sa robe de mariée trop volumineuse. Mais une fois les vœux finalement prononcés, une certaine alchimie va contre toute attente prendre en les deux époux, presque malgré eux, malgré l’attirance sexuelle de Saïd pour les garçons.

Comme je le disais en préambule, Nadir Moknèche (réalisateur de quelques films qu’on a beaucoup aimés : Viva Laldjérie, Délice Paloma, Lola pater…) dynamite les clichés grâce à un récit très intelligement construit et grâce à des personnages tout en épaisseur et subtilité : Saïd qui ne peut pas assumer son homosexualité face à ses parents et sa famille, qui multiplie les aventures d’un soir tout en aspirant à l’amour sincère, qui va s’attacher à cette épouse dont il ne voulait pas. Hadjira qui a décidé de regarder en face son passé difficile et de le dépasser, qui tire une vraie force de sa croyance religieuse parfaitement assumée, qui trouve sa place dans le modèle de la famille sans aucunement être victime du patriarcat. Les parents de Saïd, Zineb et Mahmoud (super Zinedine Soualem), qui se sont construit une vie de petits bourgeois parfaitement intégrés, commerçants installés qui veulent à tout prix se préserver du qu’en dira-t-on, non par croyance religieuse mais par volonté de conserver leur statut social, ce qui ne les empêche pas d’être aimants et attentionnés… Sans oublier les personnages secondaires, comme la mère d’Hadjira (Lubna Azabal), tout en paradoxe, femme élégante et moderne buvant des Martini tout en voulant marier sa fille coûte que coûte. Ou encore le personnage de bimbo formidablement incarné par Zahia Dehar, qui va s’avérer particulièrement sensée et de bon conseil, construisant une très jolie amitié avec Hadjira esseulée. Ainsi Nadir Moknèche nous emmène toujours là où on ne s’y attend pas, jusqu’à un dénouement inattendu qui clôt en beauté un film réjouissant, réconfortant et profondément touchant.