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Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
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Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

Mardi 3 MAI 2022 à 20h15

MAESTRA #1


Un mardi par mois, Maestra met à l’honneur une réalisatrice. Un cycle de programmation pour découvrir toute la richesse de notre matrimoine cinématographique mondial et mettre en lumière des cinéastes bien trop souvent effacées du récit cinéphilique.

BRÈVES RENCONTRES

(KOROTKIE VSTRECHI) Kira MOURATOVA - URSS / Ukraine 1967 1h30mn VOSTF - avec Kira Mouratova, Nina Rouslanova, Vladimir Vyssotski... Scénario de Kira Mouratova et Leonid Joukhovitski.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

BRÈVES RENCONTRESC’est au moment de la Perestroïka et de l’assouplissement de la censure en URSS que l’Occident découvre à la fin des années 80 la cinéaste ukrainienne Kira Mouratova. Celle-ci a pourtant débuté sa carrière en 1962, d’abord aux côtés de son mari, puis seule après leur séparation. C’est qu’avec sa liberté de ton, son goût pour la déconstruction narrative et formelle et son amour des personnages à la marge, Kira Mouratova s’est dès son premier film attirée les foudres de la censure. Elle est considérée aujourd’hui comme l’une des cinéastes les plus censurés du cinéma soviétique et certains de ses films ont longtemps été invisibles.

Le premier long métrage qu’elle dirige seule, c’est ce Brèves rencontres réalisé en 1967 à Odessa. Un soir d’insomnie, Valentina (incarnée par Kira Mouratova elle-même) ouvre sa porte à Nadia, une jeune femme de la campagne qu’elle prend à tort pour sa nouvelle aide ménagère. Nadia accepte néanmoins le poste et les deux femmes cohabitent sous le même toit sans que Valentina connaisse les véritables raisons de sa venue.
Ce soir-là, le temps semble suspendu chez Valentina, les murs et objets sont comme muséifiés, porteurs de souvenirs que Kira Mouratova ne tardera pas à nous faire découvrir. Car dans ce grand film-puzzle, le passé s’entrechoque et se cogne au temps présent, au gré des réminiscences des deux femmes. Valentina l’ignore mais un même homme occupe leur esprit : Maxim, un géologue perpétuellement en mission. Une figure fantomatique (formidablement incarnée par l’auteur-compositeur Vladimir Vyssotski) qui remplit ces espaces mentaux de sa voix grave et enivrante. Brèves rencontres est ainsi la rencontre de « deux solitudes croisées », expression choisie par Eugénie Zvonkine à qui l’on doit en grande partie la redécouverte de cette cinéaste en France.

Magnifiquement mis en lumière (et en obscurité) par Guennadi Kariouk, le film ne souffre lui d’aucun immobilisme : au contraire, il est bel et bien vivant, profondément moderne. D’abord parce que Kira Mouratova est une cinéaste merveilleusement créative. Adepte du décadrage, ses plans sont composites, toujours innovants, et jouent aussi bien de la profondeur de champ que de l’attention aux détails. Ensuite, parce qu’il est le témoin privilégié de son époque : celle de l’Union soviétique dans les années 60, période marquée par une mutation de l’urbanisme et la construction en masse d’immeubles de plusieurs étages. Valentina en est d’ailleurs une mandataire officielle en tant que responsable du service des logements de sa ville. C’est une femme de pouvoir, seule représentante de son genre dans un milieu machiste et véreux. À travers la rencontre avec Nadia et une galerie de personnages secondaires hauts en couleur, Kira Mouratova relate en creux les soubresauts de son temps : la migration des populations des zones agricoles et rurales, la corruption des administrations et le glissement de génération, des anciens traumatisés par la guerre aux aspirations des plus jeunes. Mais ne nous y trompons pas, si le sujet semble ici bien sérieux et le ton mélancolique, la réalisatrice sait y insuffler légèreté et humour.
Le premier film rare et anticonformiste d’une cinéaste rebelle !