Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117

Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117

 

 


Samedi 17 avril

Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pachelbel. Le film c’est SILS MARIA (2014) d’Olivier Assayas. Portrait d’une grande actrice en trois chapitres, entre être et ne pas être, entre être et avoir été. « Le serpent de Maloja » qu’Aurore donne comme indice, c’est à la fois le titre de la pièce de théâtre que Maria/Juliette doit jouer et le nom d’un phénomène météorologique d’une rare beauté, qui a lieu dans la vallée de l’Engadine, dans les Alpes suisses (là où se trouve le village de Sils Maria, lorsque des nuages bas se déroulent (tel un serpent, d’où le nom) entre les montagnes.

L’extrait et l’indice du jour : en guêpière à Nantes.



Dimanche 18 avril

Hier, fin N° 102. Je vous l’avais annoncé : le retour de Jacques Demy pour son quatrième titre dans ce quiz. À bord de la belle américaine, Anouk Aimée, Jacques Harden et le petit Gérald Delaroche. S’éloignant sur le quai, Marc Michel. En fond sonore, le 2ème mouvement de la 7ème Symphonie de Beethoven (mais l’indispensable Michel Legrand a composé la musique originale du film). C’est LOLA (1960), le premier film de Demy, tourné à Nantes, la ville d’enfance du cinéaste, et dédié au grand Max Ophuls. Il y aura un deuxième film, LA BAIE DES ANGES (1961), avec Jeanne Moreau, avant le passage à la couleur et au récit en chanté avec LES PARAPLUIES DE CHERBOURG (1963). On retrouvera Lola / Anouk Aimée à Los Angeles dans MODEL SHOP, tourné par Demy en 1969.

Aujourd’hui : famille au bord d’une autoroute.



Lundi 19 avril

Hier, fin N° 103. Sur la voix sublime de Nina Simone et son « Wild as the wild », le long travelling nous laisse à peine le temps de voir les membres de la famille dont parle l’indice d’Aurore – il faut connaître le casting pour repérer Isabelle Huppert, Olivier Gourmet, Adélaïde Leroux et le tout gamin Kacey Mottet Klein dans son premier rôle – avant de s’attarder un poil plus sur leur maison perdue au milieu de nulle part et désormais abandonnée. C’est HOME (2008), fable étrange et inquiétante, premier long métrage très maîtrisé de la réalisatrice franco-suisse Ursula Meier. Qui a ensuite réalisé L’ENFANT D’EN HAUT (2012), avec Léa Seydoux et un Kacey Mottet Klein un peu grandi. Attention, ne pas confondre ce HOME intrigant avec le HOME (2009) de Yann Arthus-Bertrand, emblème de l’écologie décorative.

Aujourd’hui : un chef d’oeuvre du mélodrame.



Mardi 20 avril

Hier, fin N° 104. Deux acteurs aujourd’hui un peu oubliés mais grandes vedettes dans les années 1950 : Jane Wyman et Rock Hudson. La photographie flamboyante de Russel Metty, la musique lyrique de Frank Skinner, deux complices habituels du réalisateur. C’est TOUT CE QUE LE CIEL PERMET (1955), un des plus beaux films de Douglas Sirk, le maître incontesté du mélodrame hollywoodien. Jane Wyman et Rock Hudson formaient déjà le couple vedette de LE SECRET MAGNIFIQUE, tournée l’année précédente par Douglas Sirk. Par ailleurs, TOUT CE QUE LE CIEL PERMET a directement inspiré Todd Haynes non pas pour CAROL (2015), qui était le N°35 de ce quiz, mais pour LOIN DU PARADIS (2002), avec Juliane Moore et Dennis Haysbert.

Aujourd’hui : un huis clos exclusivement féminin.



Mercredi 21 avril

Hier, fin N° 105. De gauche à droite : Firmine Richard, Isabelle Huppert, Virginie Ledoyen, Ludivine Sagnier, Danielle Darrieux, Fanny Ardant, Catherine Deneuve et Emmanuelle Béart. Bien alignées, comme pour un salut de théâtre. Pas étonnant puisque le film est (très librement) adapté d’une pièce de Robert Thomas, de celles qui firent les beaux jours de « Au théâtre ce soir » – si ça vous amuse de jeter un œil : https://youtu.be/UBv-7oLUbZ4. C’est 8 FEMMES (2001) de François Ozon. Fantaisie policière stylée et chantée : chaque personnage, chaque actrice a droit à sa chanson, mention spéciale à Isabelle Huppert interprétant « Message personnel » de Hardy/Berger en s’accompagnant au piano, elle qu’on avait vue 5 mois plus tôt dans LA PIANISTE de Michael Haneke…

Aujourd’hui : ne pas perdre la face.



Jeudi 22 avril

Hier, fin N° 106. Cate Blanchett, magnifique et oscarisée pour ce rôle en 2014, ne se souvient plus des paroles de « Blue moon » dans un des plus beaux films de Woody Allen : BLUE JASMINE (2013). C’était encore l’époque où Woody Allen, réglé comme une horloge suisse, tournait un film par an. BLUE JASMINE s’inscrit entre deux opus qu’on peut qualifier de mineurs, TO ROME WITH LOVE en 2012 et MAGIC IN THE MOONLIGHT (tout de même très savoureux) en 2014. Le film, tourné à San Francisco et New York, marquait aussi le retour du cinéaste aux Etats-Unis après une période européenne de 7 films, entamée à Londres en 2005 avec MATCH POINT et conclue à Rome avec le film cité plus haut. Période européenne interrompue une fois seulement en 2009 par WHATEVER WORKS.

Aujourd’hui : l’amour fou du vice-consul de Lahore.


 


 

Vendredi 23 avril

Hier, fin N° 107. Survol d’une carte qui doit être celle de l’Indochine française mais qui représente Les Indes fantasmées de INDIA SONG (1975) de Marguerite Duras. Sans doute son film le plus célèbre, grâce à la présence et aux voix charismatiques de Delphine Seyrig, Michael Lonsdale, Claude Mann, Mathieu Carrière… Grâce aussi à la musique imparable de Carlos d’Alessio. Grâce enfin à un texte envoûtant construit à partir de deux œuvres du cycle indien de Duras, « Le Ravissement de Lol V. Stein » (1964) et « Le Vice-consul » (1964). INDIA SONG fut d’abord une pièce de théâtre, adaptée dans un premier temps pour une diffusion radio sur France Culture (avec la voix de l’écrivaine Viviane Forrester dans le rôle d’Anne-Marie Stratter tenu à l’écran par Delphine Seyrig). Le texte et la bande son d’INDIA SONG seront repris intégralement par Marguerite Duras, accompagnés de nouvelles images, dans SON NOM DE VENISE DANS CALCUTTA DÉSERT (1976).

Aujourd’hui : la légende de Pocahontas.



Samedi 24 avril

Hier, fin N° 108. Les dernières images, cosmiques et lyriques, de cette rêverie panthéiste qu’est LE NOUVEAU MONDE (2005) de Terrence Malick. Bien au-delà de l’histoire d’amour contrariée, dans la Virginie de 1607, entre l’indigène Pocahontas (Q’orianka Kilcher) et le colon anglais John Smith (Colin Farrell), une somptueuse méditation sur la confrontation entre deux visions du monde, sur la question de la civilisation, le pouvoir de l’amour, le rapport de l’humain à la nature. Dans la carrière de Malick, LE NOUVEAU MONDE vient huit ans après LA LIGNE ROUGE et six ans avant THREE OF LIFE, Palme d’or du Festival de Cannes 2011. LE NOUVEAU MONDE est également le titre d’un film français réalisé par Alain Corneau en 1994.

Aujourd’hui : la star du Jardin des Plantes.



Dimanche 25 avril

Hier, fin N° 109. C’est une dame d’un âge vénérable (elle a fêté ses cinquante ans en 2019, pour un orang-outang, c’est exceptionnel), et c’est une star qui attire des milliers de visiteurs au Jardin des plantes de Paris où elle réside depuis 1972, transportée là depuis sa jungle natale de Bornéo. Et en 2010 elle est même devenue vedette de cinéma avec ce film qui porte son nom : NÉNETTE réalisé par Nicolas Philibert, l’un des plus grands documentaristes français, célèbre avant tout pour ÊTRE ET AVOIR, énorme succès en 2002. Il est venu chez nous il n’y a guère, le 30 août 2018, présenter son dernier film en date, le très beau DE CHAQUE INSTANT, consacré à la formation des infirmières et infirmiers.

Aujourd’hui : éclipse totale en Normandie.



Lundi 26 avril

Hier, fin N° 110. Pas facile… mais l’indice d’Aurore nous met bien sur la voie. C’est LES TERRIENS, un film documentaire d’Ariane Doublet, tourné en Normandie au moment de l’éclipse du soleil d’août 1999. Le film se construit autour de l’événement qui se prépare, avec ses astronomes égarés dans les pâtures, ses touristes porteurs de lunettes spéciales et ses paysans philosophes. Un film qui parle de façon décalée de la nature, de la place laissée aujourd’hui aux paysans et de l’évolution du métier… LES TERRIENS est le premier des quatre longs métrages qui constituent la « Suite normande » qu’Ariane Doublet a consacrée à sa région natale. Viendront ensuite LES BÊTES (2001), LES SUCRIERS DE COLLEVILLE (2004) et LA PLUIE ET LE BEAU TEMPS (2011).

Aujourd’hui : sur la violence des armes à feu.



Mardi 27 avril

Hier, fin N° 111. Un troisième documentaire d’affilée. Tous les éléments de la réponse sont à l’écran au fil de ces trente dernières secondes. C’est BOWLING FOR COLUMBINE (2002), de Michael Moore. Cette enquête sur les ravages de la vente libre des armes à feu aux Etats-Unis, à partir de la tragédie du lycée Columbine en 1999 (qui a également inspiré, dans un tout autre registre, le ELEPHANT (2003) de Gus Van Sant), est LE film qui a définitivement imposé le cinéaste, en tout cas en France, après la sortie de deux documentaires assez percutants mais restés plus confidentiels : ROGER ET MOI (1989) et THE BIG ONE (1997). Michaël Moore a même réalisé entre les deux un film de fiction qui a totalement échappé à nos radars : CANADIAN BACON (1995), de toute évidence une comédie… Fait remarquable : BOWLING FOR COLUMBINE, sorti le 9 octobre 2002, reste à ce jour le plus grand succès remporté par un film programmé à Utopia Bordeaux : 19 587 entrées en 47 semaines de présence à l’écran !

Aujourd’hui : rues chaudes.



Mercredi 28 avril

Hier, fin N° 112. Un tout jeune Harvey Keitel, des ambulanciers et des flics dans une ambiance nocturne new yorkaise assez typique du réalisateur. C’est MEAN STREETS (1973) de Martin Scorsese. Une histoire d’amitié entre quatre fils d’immigrés italiens, filmée avec ce mélange de violence et de désinvolture, de réalisme scrupuleux et de stylisation suprême qui est la marque de Scorsese. C’est son troisième long métrage après WHO’S THAT KNOCKING AT MY DOOR (1967), avec Harvey Keitel déjà, c’était son premier rôle à l’écran, et BERTHA BOXCAR (1972). Son troisième film mais celui qui l’imposa définitivement comme un cinéaste qui allait compter, et pas qu’un peu ! MEAN STREETS marque aussi le début de la collaboration exceptionnelle entre Scorsese et Robert De Niro : le premier des neuf films qu’ils ont tourné ensemble. Le dixième est en route.

Aujourd’hui : un western nippon.



Jeudi 29 avril

Hier, fin N° 113. Curiosité bis de derrière les fagots. M’est avis que c’est une nouvelle contribution de Yoyo Vidéo, l’irremplaçable vidéo-club dont on a déjà vanté les mérites dans un précédent épisode de ce quiz, car ce film n’est pas sorti en salle mais directement en DVD en 2010. C’est SUKIYAKI WESTERN DJANGO (2008) de Takashi Miike, cinéaste japonais irréductible, spécialiste du cinéma de genre volontiers trash, réalisateur d’au moins 70 films dont une poignée seulement est sortie en France. Le titre dit tout : c’est une transposition japonaise du western spaghetti et plus particulièrement du DJANGO (1966) de Sergio Corbucci qui a inspiré un certain Quentin Tarantino pour son DJANGO UNCHAINED (2012). Lequel Tarantino, grand admirateur de Miike, joue le rôle de Ringo dans cet inénarrable sukiyaki western.

Aujourd’hui : un maître du wing chun.



Vendredi 30 avril

Hier, fin N° 114. Wong Kar-Wai, sixième ! C’est son dernier film en date, une fois de plus centré autour de son acteur fétiche, Tony Leung Chiu-wai (cette fois je donne son nom en entier, parce que je me suis souvenu qu’un autre acteur hongkongais s’appelle Tony Leung Ka-fai !), au sommet de son charisme. C’est donc THE GRANDMASTER (2013), évocation du personnage célèbre de Ip Man, notable chinois devenu dans les années 1930 maître incontesté des arts martiaux, avant de connaître la gloire médiatique en tant que professeur d’un certain Bruce Lee. D’une splendeur visuelle époustouflante, THE GRANDMASTER s’affranchit du biopic historique pour délivrer une méditation aussi mélancolique que fascinante sur le temps qui passe, sur l’héritage, sur la transmission.

Aujourd’hui : envol d’un nazillon.



Samedi 1er mai

Hier, fin N° 115. On pourrait se croire chez Wes Anderson mais non, nous sommes chez le très singulier Taïka Waïtiti et plus précisément dans les dernières secondes de JOJO RABBIT (2019). Un drôle de film au sujet particulièrement casse-gueule qui narre les aventures de Johannes Betzler, alias Jojo, un enfant timide et fluet, snobé par ses camarades de classe, privé de son père appelé sous les drapeaux (nous sommes en Allemagne à la fin de la seconde guerre mondiale), et qui s’invente un ami imaginaire qui n’est autre qu’Adolf Hitler ! Heureusement Taïka Waïtiti, réalisateur néo-zélandais né d’un père Maori et d’une mère juive Ashkénaze (et qui interprète lui-même le rôle du dictateur) évite tous les pièges qui s’ouvraient béants devant lui et signe une comédie iconoclaste sur le totalitarisme, célébrant l’air de rien la liberté de penser, d’aimer et d’exister en dehors de tout système.

Aujourd’hui : les années Act Up.



Dimanche 2 mai

Hier, fin N° 120. Ça pulse, le rythme syncopé emporte les corps, la lumière stroboscopique laisse entrevoir les principaux protagonistes de cette histoire d’élan, d’énergie, de lutte pour la vie… C’est 120 BATTEMENTS PAR MINUTE (2017) de Robin Campillo qui raconte la naissance d’Act-Up, les débuts de la lutte contre le Sida et pour la reconnaissance des malades, trop longtemps négligés parce qu’appartenant pour beaucoup d’entre eux à la communauté homosexuelle. Le premier véritable succès pour Robin Campillo, dont les deux films précédents comme réalisateur étaient restés un peu confidentiels : LES REVENANTS (2004) et EASTERN BOYS (2013). Mais il avait connu une réussite durable comme scénariste, en particulier dans son travail aux côtés de Laurent Cantet, avec lequel il a écrit L’EMPLOI DU TEMPS (2001), VERS LE SUD (2005), le triomphal ENTRE LES MURS (2008) et FOXFIRE et CONFESSIONS D’UN GANG DE FILLES (2012). Il a retrouvé Laurent Canter pour le formidable L’ATELIER (2017).

Aujourd’hui : le tourbillon de la vie.



Lundi 3 mai

Hier, fin N° 117 et dernier épisode de notre quiz. Nous allons laisser la place sur notre site internet aux informations sur la réouverture du 19 mai et les films qui seront à l’affiche. C’est donc la fin des fins et nous bouclons la boucle le plus harmonieusement, le plus symétriquement du monde. Nous avons débuté le quiz avec François Truffaut et son antépénultième long métrage : LE DERNIER MÉTRO (1980). Il y en eut deux après : LA FEMME D’À CÔTÉ (1981) et VIVEMENT DIMANCHE (1983). Et puis, le 21 octobre 1984, à l’âge de 52 ans, l’alter ego d’Antoine Doinel est allé rejoindre Catherine et Jules. Nous terminons en beauté avec François Truffaut et son troisième long métrage, JULES ET JIM (1961). Il y en avait eu deux avant : LES 400 COUPS (1959) et TIREZ SUR LE PIANISTE (1960). JULES ET JIM, récit merveilleusement romanesque sur lequel règne la fantaisie de vivre et la liberté d’aimer incarnées par l’inoubliable trio formé par Jeanne Moreau, Oskar Werner et Henri Serre, a été adapté par François Truffaut et Jean Gruault, un de ses fidèles complice en écriture, du roman éponyme d’Henri-Pierre Roché, auteur passé de mode mais admiré du cinéaste, qui en 1971, toujours avec Gruault, choisira un autre roman de l’écrivain pour réaliser LES DEUX ANGLAISES ET LE CONTINENT. Avant de se quitter tout à fait, les liens vers deux vidéos :

- pour rester dans JULES ET JIM : « Le Tourbillon de la vie », LA chanson du film, chantée par Jeanne Moreau et Serge Rezvani, son auteur-compositeur, curieusement crédité au générique sous le pseudonyme de Bassiak : https://youtu.be/kjJqHF0mb_k

- et si vous aimez Truffaut, un trente minutes d’Arte : « François Truffaut – Des films d’amour ! » : https://www.arte.tv/fr/videos/098883-000-A/francois-truffaut/