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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
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Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

LOS DELINCUENTES

Écrit et réalisé par Rodrigo MORENO - Argentine 2023 3h10mn VOSTF - avec Daniel Elias, Esteban Bigliardi, Margarita Molfino, German De Silva, Laura Paredes...

Du 27/03/24 au 06/05/24

LOS DELINCUENTESLes premiers plans de Los Delincuentes nous rassurent sur les trois heures qui vont suivre : ils retiennent immédiatement notre attention, c’est fait, nous sommes dans le film. La séquence nous montre un homme, la quarantaine gironde, en train de se préparer dans son appartement à peine éclairé par les premières lueurs du jour. Le type ne se presse pas. Ses gestes relèvent d’un rituel depuis longtemps installé, ils garantissent la ponctualité dont, on s’en doute, notre personnage fait preuve depuis des années à son travail.
Cette ouverture nous en rappelle une autre, quasi identique : celle qui ouvrait El Custodio (nldr : le formidable premier film du réalisateur). La référence est directe. Elle annonce la signature demeurée intacte de Rodrigo Moreno qui n’aime rien tant que d’observer, avec minutie, la lente progression du quotidien, les répétitions qui le rythment, l’inertie qui l’accompagne. Et ce, en s’attachant à des êtres insignifiants et effacés dont la vie l’est tout autant.

C’est le cas de notre homme, célibataire, employé de banque, que semble seulement caractériser son prénom, Moran (Daniel Elias). Il n’attend rien de l’existence, et de lui on n’espère pas plus. Pourtant, il va réussir à nous surprendre, en soustrayant à la banque la modique somme de 90 000 dollars. La moitié lui assurera sans rien faire un salaire mensuel identique à celui qu’il touche. L’autre moitié, il la destine à l’un de ses collègues Roman (Esteban Bigliardi) sur qui il a jeté son dévolu. Lequel est aussi transparent que lui, presque son semblable, comme en témoigne son prénom, anagramme limpide de Moran.
Cet alter ego ignore tout du larcin, l’apprend en même temps que sa mission : planquer la part de Moran durant toute la durée de son incarcération. Car ce dernier a planifié son arrestation, et va se dénoncer. Pour un tel crime, s’est-il renseigné, la peine encourue est de six ans, de trois ans et demi s’il se comporte de manière exemplaire à la prison. Pas la mer à boire, pour être tranquille jusqu’à la fin de ses jours. Malgré les réticences manifestées par le receleur que le courage, il faut bien le dire, n’étouffe pas, le marché finit par se conclure. L’affaire se déroule comme prévu. Du moins dans un premier temps.
Car une enquête est diligentée qui rend nerveux le gardien du magot, lequel, lors d’une escapade à la campagne, tombera amoureux, ce qui lui vaudra d’être quitté par sa femme. Tandis que, en prison, son collègue aura à en découdre avec des caïds très énervés…

Sans rien divulguer de la suite, nous dirons que bien des rebondissements viendront dévier la trajectoire – pourtant fort bien orchestrée – de l’histoire. Que le burlesque s’introduira dans les interstices d’un récit parfaitement huilé. Que le caractère des personnages, par chacune des actions qu’ils entreprennent, se dessinera progressivement. Que le temps suspendra son vol au cours de longs épisodes champêtres post-baba pas piqués des hannetons, le film prenant ici le contre-pied des accélérations auxquelles la plupart des cinéastes se plaisent ordinairement à soumettre le genre, pour mieux tenir en haleine le spectateur.
Rodrigo Moreno fait l’inverse qui, avec un calme olympien, mène son film à la croisée du polar et de la farce, tenant les deux avec maestria et sans oublier, dans la foulée, d’égratigner le monde du travail et l’aliénation qu’il produit sur l’homme. Lequel préfère, ici, se faire incarcérer pendant plus de trois ans dans une prison, plutôt que de rester vingt-cinq années supplémentaires derrière les barreaux de sa banque.
Pour finir, le cinéaste livre un grand film qui traduit son désir de ne rien laisser échapper de nos pauvres existences. (Véronique Cauhapé, Le Monde)