Soutenez Utopia Palmer LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 8€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limitées dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance sur fond gris : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

O CORNO, une histoire de femmes

Écrit et réalisé par Jaione CAMBORDA - Espagne / Portugal 2023 1h45mn VOSTF - avec Janet Novas, Siobhan Fernandes, Carla Rivas, Daniela Hernan Marchan... Grand prix – Festival de San Sebastian 2023.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

O CORNO, une histoire de femmesO Corno : un mot galicien qui fait référence à l’ergot du seigle, un champignon vénéneux et parasite du blé, dont les vertus médicinales sont connues pour accélérer les contractions lors d’un accouchement ou provoquer un avortement. Un titre évocateur pour ce film qui explore avec force et sensualité la capacité à donner la vie ou à refuser de la donner. Inspirée par les multiples témoignages des femmes de la côte galicienne à l’époque franquiste, Jaoine Camborda réalise une fiction particulièrement envoûtante dans sa construction et dans sa beauté formelle.

L’intrigue est pourtant assez classique en apparence : 1971, au cœur d’une petite île galicienne, María, récolteuse de coquillages, assiste les femmes qui accouchent et, plus occasionnellement, celles qui ne veulent pas avoir d’enfant. Après avoir tenté d’aider l’une d’entre elle, elle est contrainte de fuir vers le Portugal en laissant tout derrière elle. Au cours de son périlleux voyage, María rencontre la solidarité féminine…
Outre le fait que le film soit en dialecte local, son originalité réside surtout dans son langage cinématographique pour traiter du corps féminin et du rapport à la maternité. A l’image de la séquence inaugurale qui décline, à sa manière, l’assignation à enfanter dans la douleur. Une célébration de la vie osée et percutante rendue possible par de longs plans qui prennent le temps de capter l’expressivité des corps et des visages dans une danse à la frontière entre la vie et la mort. L’autre force du film repose sur Maria, brune ténébreuse, tantôt sage-femme, tantôt avorteuse. Elle en impose avec sa présence physique que l’on sent étroitement liée à la terre. Son corps animal se fond dans la nature, elle porte des cicatrices mystérieuses… La sexualité rôde autour d’elle, mais pas l’amour. Comme les autres femmes qu’elle côtoie, on la sent soumise aux nombreux interdits et tabous issus de la pression exercée par l’Église et le patriarcat sous le joug franquiste. La réalisatrice fait cependant le choix de ne pas expliciter ce contexte historique : c’est le hors-champ qu’elle privilégie. Ainsi, les hommes n’apparaissent que furtivement, à l’exception de cet hypnotisant magicien de Saint-Jacques de Compostelle qui vient déployer ses talents à l’occasion de la fête de la Saint-Jean. Et nous voici ébahis par son numéro de femme coupée en deux qui se retrouve avec les pieds en face de la tête ! Une riche idée qui vient prolonger le parti pris de fragmenter, grâce à la caméra, ces corps féminins en quête de liberté : jambes athlétiques qui rêvent de quitter l’île, pieds meurtris par le long chemin de la fuite, mains qui caressent et réconfortent, mains qui cueillent ou qui récoltent, poitrines qui allaitent, poitrines qui assouvissent les désirs… Mais la caméra de Rui Poças, véritable maître de la lumière (il a travaillé sur Tabou de Miguel Gomez), excelle surtout pour filmer ces visages féminins en clair-obscur, leur donnant un statut de madones échappées de tableaux de la Renaissance.

O Corno nous livre une anatomie vivante et chorégraphiée des moments de la vie du corps des femmes. Corps puissants et vulnérables à la fois. Un geste virtuose sous forme de triptyque associant naissance, sexualité et avortement, charnellement incarné par Janet Novas qui, telle une danseuse habitée par le « duende », exprime avec grâce les souffrances, extases et libérations.
Au fil du parcours romanesque de Maria entre Espagne et Portugal, le film raconte aussi la solitude dans laquelle sont plongées les femmes criminalisées ou dans une situation de clandestinité, mais aussi la solidarité dont elles font preuve entre elles. Une sororité qui fait fi des frontières.

Après 20 000 espèces d’abeilles, nous poursuivons les belles découvertes avec Jaione Camborda, première cinéaste espagnole à recevoir « la Concha de oro » au festival de San Sebastian (où elle est née !). Preuve que cette co-production féminine hispano-portugaise a su faire bouger les lignes et qu’émerge une nouvelle vague de réalisatrices basques !