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Install-party samedi 18 juin à Tournefeuille
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L’ÉTRANGE HISTOIRE DU COUPEUR DE BOIS

Écrit et réalisé par Mikko MYLLYLAHTI - Finlande 2022 1h39mn VOSTF - avec Jarkko Lahti, Hannu-Pekka Björkman, Livo Tuuri, Ulla Tapaninen...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

L’ÉTRANGE HISTOIRE DU COUPEUR DE BOISDans l’hiver silencieux d’une forêt lapone, un homme foule la neige à grand pas décidés. Gravissant les collines jusqu’à leur apogée, il y trouve une cahute, malmenée par les vents. Il s’y engouffre et s’assoit à une table : en face de lui une femme, l’air furieux, mais piégée. Ni l’un ni l’autre n’ont l’air d’appartenir à ce monde de glace et de vent : lui en costume de ville, attaché-case en cuir, elle en tenue de soirée, embijoutée de perles. Mais ils ont rendez-vous, et il n’a rien de galant. L’homme sort un contrat par lequel la femme abandonne ses terres protégées à la rapacité de l’industrieux coquin, et avec elles les hommes qui y vivent.
C’est par cette scène d’ouverture pour le moins mystérieuse que s’ouvre le film de Mikko Myllylahti. Qui sont ces gens ? Que font-ils là ? Est-ce qu’on vient vraiment d’assister à une banale transaction commerciale entre vendeur et acheteur ? Mais alors pourquoi là, au milieu de nulle part ? Cet homme et cette femme seraient-ils davantage que ce qu’ils donnent à voir ?

À peine avons-nous le temps de nous poser ces questions que le film change de braquet et nous introduit dans le quotidien de Pepe, modeste ouvrier d’une scierie faisant vivre l’entièreté d’un village perdu dans le nord de la Finlande. Il y mène une vie calme et rangée, partagée entre son travail, ses parties de cartes avec ses beaux-parents, de pêche avec son fils et ses virées au bar local où tout le monde se retrouve. Bref une vie minuscule, qui va pourtant prendre à son corps défendant des dimensions bibliques lorsque l’équivalent nordique des sept plaies d’Égypte va déferler sur sa communauté. D’abord c’est l’usine qui ferme, puis c’est le meilleur ami de Pepe, Tuomas, qui est pris de folie criminelle, puis sa femme qui le quitte en emmenant les enfants, enfin sa maison qui brûle du grenier à la cave. Face à un tel déluge d’avanies, d’aucuns se seraient déjà passé la corde au cou, mais Pepe, lui, ne dis rien. Pepe, c’est celui qui voit toujours le verre à moitié plein, qui cherche constamment des excuses à ceux qui lui font du tort, qui ne condamne pas, ne hurle jamais avec les loups, au risque de les voir se retourner contre lui. Mais que peut-il contre l’Adversaire, à part garder espoir ?
Alors Pepe, figure christique ou idiot du village ? A vous de voir, car toute la malice du film tient dans sa faculté à dérouler son récit sur plusieurs niveaux de lecture sans jamais en privilégier un aux dépens des autres. Ainsi on peut tout à fait prendre cette histoire au pied de la lettre (un commentaire sur la brutalité du capitalisme envers la société rurale), ou y percevoir une dimension allégorique, et en cela Pepe se rapprocherait davantage d’un Prince Mychkine ou d’un Jonas que d’un Candide. Figure d’une pureté d’âme et d’une bonté que rien n’altère, il rentre la tête dans les épaules mais ne met jamais un genou à terre. Face à des événements de plus en plus désarçonnants, quand un mage inquiétant surgit en ville en mesmérisant les esprits faibles, que les poissons se mettent à parler et des automobiles enflammées à rouler toutes seules, Pepe endure, doute parfois, mais avance toujours.

Aux manettes de ce petit bijou de poésie surréaliste, Mikko Myllylahti, qui de fait fut poète avant de passer derrière la caméra, infuse dans chacun de ses plans un sens du merveilleux d’autant plus déconcertant qu’il s’inscrit dans les situations les plus prosaïques. Si par son choix des couleurs, froides, délavées – comme si la tristesse des hommes avait déteint sur les murs des salons –, si par la sobriété hiératiques des personnages – qui se biturent ou tuent leurs congénères dans le plus grand des calmes –, par son sens de l’absurde et du pince-sans-rire, on pense évidemment au cinéma d’Aki Kaurismaki (surtout dans la première partie), L’Étrange histoire du coupeur de bois sifflote néanmoins un air qui lui est propre, une petite mélodie qui, sous des airs de chansonnette, développe des thèmes dignes des plus grands opéras.