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BLANQUITA

Écrit et réalisé par Fernando GUZZONI - Chili 2022 1h38mn VOSTF - avec Laura Lopez, Alejandro Goic, Nicolas Duran, Amparo Noguera...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

BLANQUITAAttention projectile contondant, excitant, redoutablement efficace ! Ainsi pourrait-on qualifier ce film du chilien Fernando Guzzoni, un thriller tant psychologique que politique. Il nous place à cet endroit précis où la portée d’un bien mal nommé « fait divers » lui fait prendre une dimension universelle. Plongée vertigineuse dans un Chili contemporain présumé vertueux, débarrassé de la dictature de Pinochet, de sa clique, de la corruption généralisée. Un Chili où l’on peut descendre dans la rue en toute tranquillité pour protester et scander que « l’état oppresseur est un macho violeur » et montrer du doigt le patriarcat : « un violador en tu camino » [Un violeur sur ton chemin]… Notre héroïne, Blanquita, jolie brune au doux regard déterminé, fait partie de cette marée humaine qui soudain se rebelle.
Confusion totale. On entend la foule qui se défoule. Une foule dont on ne connait pas le nombre. Il fait sombre. Un sombre d’une moiteur pesante qui nous laisse dans un brouillard mental inquiet, empêche nos sens d’analyser clairement ce qui se passe. Ambiance puissante qui ne trompe pas et témoigne dès la première image de la présence derrière la caméra d’un grand chef opérateur (français) : Benjamín Echazarreta. Les prises de vue nourrissent le mystère, accentuent la part d’ombre des personnages, leur complexité, décuplent la force de ce palpitant récit tendu de bout en bout.

« Carlos, Carlitos… respire… », les paroles apaisantes de Blanquita face à un grand dadais déchaîné physiquement, tellement plus grand qu’elle, résonnent par dessus le brouhaha qui se dissipe, prémices d’un calme bientôt revenu. Un calme de surface où rôdent de vieux démons toujours prêts à resurgir. Ainsi prend-on la mesure de la force de caractère de la drôlesse qui fait quelques têtes de moins que celui qu’elle essaie de rasséréner, et on se demande d’où lui est venu ce tempérament bien trempé. Elle se l’est forgé dans ce foyer pour jeunes, cette arche de Noé qui accueille des gamins écorchés, oubliés d’une société insensible à leur détresse. Réapprendre à respirer c’est peut-être le premier pas vers la lumière, mais certainement pas la fin de la révolte. Elle est-là qui sourd perpétuellement, remplit les moindres interstices laissés au désœuvrement. Une révolte que celui qui dirige cet établissement de fortune, le Père Manuel (extraordinaire Alejandro Goic), a fait sienne et qui semble devenue son carburant. Et comment pourrait-il en être autrement quand la Justice refuse d’entendre la parole des enfants victimes au prétexte qu’ils sont trop fragiles, ne résisteront pas aux interrogatoires d’un système judiciaire où la crédibilité des témoins ne dépend pas de la vérité elle-même mais de la force de conviction pour l’énoncer. Que vaut la parole d’un Carlitos qu’il faut surveiller plus étroitement que du lait bouillant sur un brasier ? Dans ce marasme, Blanquita apparaitra comme la seule du foyer suffisamment structurée, résiliente, capable de faire entendre sa voix et celle de ses camarades maltraités. Il sera donc décidé qu’elle se jettera seule dans la fosse aux hommes puissants, accusant des personnages hauts placés d’avoir abusé d’elle et d’avoir commis tant d’autres sévices. Son bébé au bras, cette sorte de justicière des temps modernes deviendra le bras armé du combat du Père Manuel et de ses compagnons d’infotune. S’enclenchera une mécanique redoutable… qui ne sera pas sans victimes collatérales et ne finira pas comme on le croit.

Inspiré de la véritable affaire Spiniak, qui ébranla le Chili au début des années 2000 et y laisse encore des meurtrissures profondes, le film est d’une densité passionnante, grâce notamment à ses personnages, tous d’une ambiguïté dérangeante. Ils nous laissent avec des questions épineuses qui tourneront dans nos têtes tels de vieux requins : Qu’est-ce que la vérité ? N’est-il pas des mensonges plus justes que la vérité ?
Une œuvre d’une grande maîtrise, un premier rôle riche pour la jeune Laura López qui transperce nos cœurs et l’écran.