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MASTER GARDENER

Écrit et réalisé par Paul SCHRADER - USA 2023 1h50mn VOSTF - avec Sigourney Weaver, Joel Edgerton, Quintessa Swindell, Rick Cosnett...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MASTER GARDENERLe film d’auto-défense, traduction française de « vigilante movie », est un genre dans lequel le protagoniste pratique sa propre justice. Ces films sont généralement des récits de vengeance dans lesquels le système judiciaire fait défaut aux protagonistes, ce qui les amène à devenir des « justiciers ». Même s’il n’a pas inventé le genre, Paul Schrader lui a donné ses lettres de noblesse en 1975 en signant le scénario du mythique Taxi Driver de Martin Scorsese. On y suivait Travis Bickle (Robert de Niro), un vétéran de la Guerre du Vietnam, chauffeur de taxi insomniaque dans la ville de New York des années 70 jusqu’au jour où… Depuis, Paul Schrader n’a de cesse de continuer d’explorer ce thème du héros anti-héros solitaire américain, à la fois produit et délaissé de l’Histoire. Son dernier film en date était le magnifique The Card counter (2021), narrant l’histoire d’un jeune militaire de la prison d’Abou Ghraib en Irak (Oscar Isaac) reconverti à son retour aux États-Unis en joueur de poker, sillonnant les casinos et fuyant un passé qui le hante jusqu’au jour où… Dans ce nouveau et remarquable film, Master Gardener, Schrader interroge cette fois les plaies béantes d’une société américaine contemporaine qui n’a jamais semblé autant divisée qu’aujourd’hui. Comme si les États-Unis n’arrivaient pas à surmonter le traumatisme fondamental d’une nation construite sur le racisme et la ségrégation, comme si la Guerre de Sécession ne s’était jamais vraiment arrêtée…

Dans une vaste propriété de Louisiane, dans le sud profond et hyper-conservateur des États-Unis, de luxuriants jardins fleuris n’attendent que leurs soins quotidiens. Bouturer, marcotter, biner, sarcler, éclaircir et tailler sont les tâches accomplies méticuleusement par l’horticulteur Narvel Roth (Joel Edgerton) et sa petite équipe au fil des saisons. Le soir venu, Narvel s’isole pour écrire. Des mots simples pour évoquer l’organisation imperturbable de la nature, de la germination d’une graine à sa floraison. Avant de se coucher, il plie soigneusement ses vêtements. Sur son corps musclé sont tatouées des croix gammées.
Hébergé dans une petite maison en bois au cœur du jardin, il est aussi parfois l’objet sexuel clandestin de la propriétaire des lieux, Mme Haverhill (Sigourney Weaver), héritière septuagénaire d’un passé impérial dont on devine aux décors les contours esclavagistes. Cette relation ambiguë entre Narvel et Mme Haverhill n’en est pas moins, étrangement, une relation de confiance. C’est dans ce contexte, mélange malsain de loyauté et de soumission, que Mme Haverhill décide de confier à Narvel une nouvelle mission, de confiance justement : prendre comme apprentie sa petite-nièce Maya, vingt ans, orpheline et (secret de famille) métisse afro-américaine… Pris entre ces deux femmes, Narvel voit alors son passé, son présent et son futur s’entrechoquer.

« L’âge, la race et le sexe constituaient une bonne triade narrative, où tous les coins du triangle se rencontrent de différentes manières », dit Paul Schrader. Avec Master Gardener, il signe un nouveau récit audacieux sur un être solitaire en quête de rédemption tout en proposant un constat sombre sur la société américaine. Mais là où le réalisateur va plus loin (il y en avait de très belles prémices dans The Card counter), c’est qu’il sème dans son récit les graines d’une liaison amoureuse salvatrice, indestructible et universelle comme cette nature qui entoure ses personnages et qui reprend (ou reprendra) un jour inexorablement ses droits. Un pas de côté qui sublime ici son cinéma de genre (nous en parlions au début) en même temps que son pessimisme et laisse entrer lumière et poésie au cœur des ténèbres. Mise en scène millimétrée, actrices et acteurs au diapason et musique envoûtante signée par le musicien néo soul Devonté Hynes (Blood Orange) finissent de faire de Master Gardener une nouvelle réussite éclatante pour Paul Schrader.