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KASABA

Écrit et réalisé par Nuri BILGE CEYLAN - Turquie 1997 1h24mn VOSTF - avec Mhemet Emin Toprak, Havva Saglam, Cihat Bütün, Fatma Ceylan, Mehmet Emin Ceylan...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

KASABAUn village de la Turquie profonde (« Kasaba » désigne le village en turc), dans les années 1970, en hiver. La neige tombe à gros flocons et tapisse le paysage d’un blanc immaculé. Dans la classe d’une école primaire, en attendant leur maître, des élèves observent, amusés, les mouvements d’une plume que l’un d’entre eux fait voleter dans les airs. Puis le cours commence. Le jeune Ismaël frappe à la porte, le corps glacé par le froid. Un large sourire éclaire son visage.
Il enlève sa paire de chaussettes mouillées et les suspend au-dessus du poêle à bois disposé au centre de la pièce. Les gouttes d’eau qui s’échappent du tissu trempé tombent une par une sur le plancher comme des notes de musique. Un chat vient miauler à la fenêtre comme pour chasser l’hiver. La jeune Hulya feint de copier sa leçon et rêve en secret du retour du printemps, des excursions en forêt avec son petit frère Alli, des fêtes du village et du manège tournoyant comme un cadran solaire. L’horizon s’éclaire, peu à peu, alors que s’esquissent, entre Hulya et Ismaël, les prémices d’un désir amoureux.

En quelques plans d’une beauté sidérante, Nuri Blige Ceylan nous ouvre les portes de ses souvenirs d’enfance et pose le décor de cette campagne anatolienne qui sera le théâtre de tous ses films. On ressent déjà cette mélancolie bouleversante, propre à son cinéma, qui vient fouetter comme un vent glacial la psyché de ses personnages dès lors qu’ils sortent de l’enfance. Le temps qui passe et qu’on ne peut retenir, la complexité (voire l’impossibilité) des rapports entre générations, l’individualisme… sont autant de thèmes abordés avec justesse et précision dans ce premier film. « Nous devrions tous mieux nous connaître et être le plus honnêtes possible afin d’élever les relations humaines. Pour cela, il faut sonder la noirceur et y enfouir les spectateurs pour qu’ils puissent eux-mêmes devenir source d’espoir. Sans obscurité, il n’y a pas de lumière. » dit Ceylan dans une conférence de presse à l’occasion de la projection de son dernier film Les Herbes sèches (actuellement dans nos salles).
C’est dans une scène de pique-nique familial organisé à la lisière d’une forêt que l’on voit se concrétiser ces réflexions du cinéaste. Tandis que les flammes d’un feu de bois viennent percer la nuit, les langues se délient et la parole se libère enfin. Saffet, un jeune homme convaincu d’avoir consumé sa jeunesse dans cet endroit perdu, tente de nouer un dialogue avec son oncle qui dissimule ses inquiétudes derrière un discours moraliste et l’étalage de ses connaissances historiques (comme la plupart des figures intellectuelles de l’œuvre de Ceylan). Adossé à la souche d’un vieil arbre, le grand-père se remémore ses années de guerre contre les Anglais, quand il était à Bagdad pendant la Première Guerre mondiale. Les femmes, mère et grand-mère, ravivent le chagrin d’un enfant disparu. Comme réunis sous un arbre à palabre, les adultes s’affrontent, témoignent ou se souviennent tandis que les enfants écoutent ces conversations qui s’envolent en même temps que la fumée vers le ciel constellé d’étoiles…

Lauréat de plusieurs prix aux festivals de Berlin, Nantes et Angers en 1998, ce premier long métrage de l’auteur de Winter sleep (mais aussi d’Uzak, Les Climats, Il était une fois en Anatolie, Le Poirier sauvage… quelle filmographie !) était resté jusqu’ici inédit en France. Grâce à un minutieux travail de restauration, le film se révèle aujourd’hui dans son noir et blanc somptueux. Alors, que l’on soit connaisseur ou non du réalisateur turc multi primé, la poésie de Kasaba ne laissera personne indifférent. Pour les uns, une belle opportunité de découvrir une œuvre singulière, nourrie par les cinémas de Bresson, Kiarostami, Tarkovski ou Renoir, et pour les autres, la possibilité d’accéder à la matrice, déjà remarquable, de son œuvre à venir.