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FMR a fêté ses 40 ans à Borderouge
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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Install-party samedi 18 juin à Tournefeuille
Vous voulez déconfiner durablement vos ordinateurs ? Envie de découvrir une informatique libre, éthique et accessible ? Vous vous sentez une affection naissante pour les gnous et les pinguins ? L’association Toulibre vous propose de venir découvrir les Logiciels Libres, et comme le premier pas v...

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CLUB ZERO

Jessica HAUSNER - Autriche 2023 1h50mn VOSTF - avec Mia Wasikowska, Sidse Babett Knudsen, Amir El-Masry, Elsa Zylberstein, Mathieu Demy et toute une bande de jeunes gens diaphanes... Scénario de Jessica Hausner et Geraldine Bajard.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

CLUB ZEROComme ces contes à la morale effrayante d’Europe du Nord, le film de Jessica Haussner est une variation satirique moderne, grinçante, et sardoniquement drôle de l’histoire du Joueur de flûte de Hamelin qui punit la cupidité des habitants de la ville en enlevant leurs enfants. Le film a relativement peu à voir avec le conte Allemand du Moyen-Âge, et sa morale est tout sauf limpide, le seul point commun résidant dans ce personnage de joueur de flûte manipulateur, incarné ici par la toute nouvelle professeur d’« alimentation consciente » interprétée avec malice, candeur et perversité par Mia Wasikowska.

Le cadre est celui d’une institution tout droit issue de la dystopie The Rise of Meritocracy, une école pour surdoués où se construit la division inégalitaire à l’anglaise de la société caricaturée en 1958 par Michael Young dans son roman qui se situait en 2033. Le design impeccable des vêtements et de l’architecture tient plus de la froideur d’un laboratoire pour échantillons sélectionnés parmi la génération Z que du rêve d’une éducation émancipatrice et égalitaire. Les parents, eux-mêmes dans des intérieurs semblables, vivent en toute plénitude cette division méritocratique d’une société consumériste, tout en faisant de petits efforts de bon aloi pour adapter leur mode de vie à la finitude du monde, comme manger bio, voire vegan – mais bon, on ne va quand même pas se priver de la piscine, ni du SUV. Dans cet esprit, un couple de parents « progressistes » proposent à l’école (enfin, plutôt lui imposent, en leur qualité de généreux donateurs…) cette nouvelle enseignante aux idées teeeeeelllement novatrices sur la nutrition.

Leur progéniture, qui n’aborde pas le changement climatique avec la même sérénité, pris dans les rets d’un parcours calibré, va recueillir avec un peu trop d’enthousiasme la bonne parole de cette jeune enseignante qui leur propose d’agir sur le seul aspect dont ils ont la pleine maîtrise, leur propre corps, pour se libérer de leur éco-anxiété et de l’étau consumériste qui régit leur existence et nous conduit collectivement à la ruine.
Cet enseignement pourrait paraître caricatural si la jeune histoire d’Internet dans laquelle baigne la Génération Z n’était jalonnée de phénomènes extrêmes de désordres alimentaires. Le premier exemple auquel on pense est le mouvement pro-ana (raccourci de pro-anorexia) qui rassemble des personnes faisant la promotion de l’anorexie mentale et des troubles du comportement alimentaire, qui s’est développé à partir des années 2000. À l’opposé, on pourrait aussi penser au mukbang, venu de Corée, qui consiste à avaler des quantités exagérées de nourriture tout en se filmant et en interagissant avec le public, mouvement que Pacôme Thiellement a décrit dans sa série des Infernets comme le « ça » extrême de notre société capitaliste inégalitaire.

Le style lui-même du film, par sa sophistication, sa symétrie toute kubrickienne (comme un écho lointain à Orange Mécanique), la chaleur omniprésente de ses couleurs pop, traduit à merveille l’oppression et l’enfermement de la « bienveillance » omniprésente qui entoure, étouffe, comme un lit de coton dans une boîte en carton, cette génération qui n’a pour seul horizon que le néant, pour seule échappatoire que le zéro. Bien plus complexe que l’histoire du joueur de flûte, Club zero questionne ainsi l’ensemble du cadre de construction de notre société avec un humour grinçant (car le film est particulièrement drôle), à mâcher lentement pour en apprécier toutes les subtilités et en digérer toutes les leçons, une comédie satirique parfaite pour se motiver à exploser plutôt que rentrer dans le cadre.