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Install-party samedi 18 juin à Tournefeuille
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MOI CAPITAINE

(Io capitano) Matteo GARRONE - Italie 2023 2h04mn - avec Seydou Sarr, Moustapha Fall, Bamar Kane, Afif Ben Badra... Scénario de Matte Garrone, Massimo Gaudioso, Massimo Ceccherini et Andrea Tagliaferri. Festival de Venise 2023 : Lion d’argent – Meilleur réalisateur.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MOI CAPITAINEOn ne présente plus Matteo Garrone, l’un des plus talentueux réalisateurs du cinéma italien actuel, observateur lucide de son pays depuis son film le plus célèbre, Gomorra (2008), adapté du livre du journaliste Roberto Saviano, dont la précision implacable valut à son auteur l’immense respect de ses compatriotes, mais aussi une protection policière à vie, tant son enquête a « contrarié » quelques puissants mafieux. Matteo Garrone avait ensuite ausculté dans Reality (2012) un autre fléau, qui sévit partout mais tout particulièrement en Italie : l’addiction à la télé-réalité. Dans un pays qui a vu prospérer Berlusconi et son empire de télé-poubelle, le sujet était percutant.

Avec Moi Capitaine, le réalisateur s’empare d’un autre sujet italien essentiel : la pression migratoire via Lampedusa, la Sicile ou la Calabre – que l’extrême-droite a instrumentalisée dans sa course au pouvoir, concrétisée par la redoutable Giorgia Meloni, devenue Présidente du Conseil. Mais au lieu de se lancer dans un pensum sociologique ou misérabiliste, Matteo Garrone a choisi de montrer l’humain avant tout. Qu’est ce qui pousse de jeunes hommes intelligents à quitter leur famille aimante pour affronter un voyage dont les médias répètent à l’envie – et à raison – qu’il est on ne peut plus dangereux, dans l’espoir d’un avenir en Europe on ne peut plus incertain ? S’inspirant d’un fait divers bien réel – un adolescent sénégalais s’était retrouvé à prendre seul la barre d’un rafiot transportant des centaines de migrants jusqu’aux côtes européennes, d’où le « moi capitaine » du titre –, le film suit, depuis les faubourgs de Dakar, Seydou et Moussa, deux adolescents qui, bien qu’aucune guerre ou famine imminentes ne les menacent, se prennent à espérer un avenir meilleur, pour eux et leurs proches, et se persuadent que seul un exil vers l’Europe peut le leur apporter. Une aspiration qu’ont eue des millions de jeunes gens avant eux à travers l’histoire. Le film débute donc à Dakar et décrit la vie pauvre mais somme toute heureuse des deux amis, qui vont à l’école mais assurent en secret des petits chantiers pour réunir l’argent nécessaire au grand voyage : ils rêvent de grandes villes, d’argent facile et de football, évidemment…

Après cette introduction commence le voyage, au début joyeux et excitant quand un car rapide les emmène aux confins du Niger, puis de plus en plus dangereux, angoissant et cruel quand des hommes du désert vont leur faire traverser le Sahara, dans un premier temps à bord de pick-up lancés à toute allure, laissant tomber sans s’arrêter les passagers mal accrochés, puis à pied sous le soleil écrasant, jusqu’à la Libye. Et là ce sera la découverte de l’enfer, la cruauté et la cupidité de ceux qui ont compris que la misère du continent était une manne pour eux. La féroce réalité d’un pays où toute justice et toute police ont disparu, où seule la loi du plus fort et du plus riche domine.

Matteo Garrone, à travers le destin de ces deux amis qui ressemblent probablement à celui de centaines de milliers d’autres, réussit, sans effets inutiles, sans dramatisation ni pathos déplacés, à faire de ce voyage une épopée, qui voit deux garçons à peine sortis de l’enfance découvrir en quelques semaines le pire de l’âge adulte, avant de trouver en eux-mêmes le courage, la fraternité, la solidarité des persécutés. Et ainsi survivre à l’épreuve et en sortir grandis.