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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

Lundi 11 MARS 2019 à 20h15

LES RENCONTRES DU TnBA


En écho à la création du spectacle YSTÉRIA. Texte, mise en scène et scénographie Gérard Watkins. Projection de AUGUSTINE, d'Alice Winocour suivie d'une rencontre avec l'équipe artistique du spectacle.
Achetez vos places à l'avance, à partir du Vendredi 1er Mars.

AUGUSTINE

Écrit et réalisé par Alice WINOCOUR - France 2012 1h42mn - avec Vincent Lindon, Stéphanie Sokolinski (Soko), Chiara Mastroianni, Olivier Rabourdin, Roxane Duran, Lise Lametri...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

AUGUSTINELe tableau est académique, un peu glaçant. On y voit une assemblée composée uniquement d’hommes, de noir vêtus, la plupart assis, quelques uns debout, tous attentifs. Leurs regards captivés convergent vers un point unique : un homme plus âgé, un brin empâté, qui tient en haleine cette audience disciplinée. Et puis à l’extrême droite du tableau, non loin du « maître », il y a Blanche. Les épaules dénudées, le corps qui s'affaisse en arrière, Blanche est un défi à cette discipline masculine, comme un appel à l'abandon. Une leçon clinique à la salpêtrière, tableau peint par l'oublié André Brouillet, a sans doute inspiré Alice Winocour pour son premier film, tout comme les nombreuses photos d’époque prises pour illustrer les écrits médicaux et rendre compte des corps tordus, des mimiques grotesques et presque sataniques de toutes les hystériques que le Professeur Jean-Martin Charcot, alors au faîte de sa célébrité, traitait dans son service.
Blanche a changé de nom, elle est devenue Augustine dans le film, mais c’est bien de cette patiente-là qu'il s’agit, celle de la leçon du tableau, celle à laquelle le Professeur Charcot consacra tant d’esquisses, de dessins et de théories. Nous sommes en 1885, à Paris. A l'hôpital de la Salpêtrière, la bourgeoisie bien née se presse pour assister aux spectaculaires présentations des « hystériques » du Professeur Charcot, comme on se hâterait à l’Exposition Universelle. Jeunes ou moins jeunes, souvent issues des milieux les plus pauvres, les malades forment autour du maître un drôle de sérail, troupeau un peu hagard, errant dans les couloirs sans fin d’une bâtisse qui a tout d’une prison. Des corps malmenés, quelquefois paralysés, parfois même insensibles à la douleur, au froid, au chaud, elles sont l’illustration dérangeante d’une maladie nouvelle : l’hystérie… Un mal au féminin qui jadis menait tout droit au bûcher mais qu’en cette fin du xixe siècle seuls les hommes interrogent, examinent, palpent, scrutent, auscultent, sans pudeur ni précaution.

Augustine arrive chez Charcot par la petite porte d’une crise de convulsions qui lui a fait perdre la sensibilité d'une moitié de son corps. Elle devient vite un cas d’école, l’illustration vivante des théories que le professeur élabore et qu’il souhaite très prochainement présenter auprès de ces messieurs de l’Académie de médecine, afin de financer le service dédié à ce mal fascinant. Augustine, qui ne sait ni lire ni écrire, fait pourtant preuve d’une grande lucidité sur la fascination qu’elle exerce sur Charcot, elle va se prendre au jeu de cette relation patient/malade où se mêlent l’attirance inavouables de deux corps, l’attachement affectif d’une naufragée à son sauveur, le délicieux avilissement de la servante à son maître. Au fil des hypnoses, des évanouissements et des crises où l’évocation du sexe, sans jamais être explicite, occupe le devant de la scène, la relation entre les deux s’aventure sur des chemins que le serment d’Hippocrate, la bienséance et la morale réprouvent.

Vincent Lindon, qu’on vient à peine de quitter en fils taiseux dans Quelques heures de printemps, incarne à merveille ce Charcot au corps un peu lourd, naturellement autoritaire, cet érudit passionné par sa spécialité qu’il aborde à la manière d’un artiste, cet homme du monde reconnu et jalousé qui élabore les bases sur lesquelles Sigmund Freud bâtira ses théories psychanalytiques. Sans tomber dans le piège d’une illustration trop didactique, de la reconstitution amidonnée, la débutante Alice Winocour parvient à montrer l’incroyable ébullition d’une époque qui voit la naissance du cinéma et de la psychanalyse, tout en demeurant indécrottablement misogyne, paternaliste et conservatrice. Et bien malin qui pourra dire lequel des deux, du médecin et de la patiente, du savant et de la servante, utilisera l’autre pour parvenir à ses fins : la renommée pour l’un, la liberté pour l’autre.