UTOPIA SAINTE BERNADETTE
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30237
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À LA VIE À LA MORT
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CORSAGE

Écrit et réalisé par Marie KREUTZER - Autriche 2022 1h53mn VOSTF - avec Vicky Krieps, Florian Teichtmeister, Katharina Lorentz, Jeanne Werner...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

CORSAGEVienne, Noël 1877. L’impératrice Elisabeth d’Autriche s’apprête à fêter son 40e anniversaire. Elle demande à ses servantes de serrer encore plus fort les lacets de son corset, et retient son souffle afin que son corps se soumette aux courbes de l’oppressant accessoire. De l’extérieur, on ne verra que la délicatesse de sa taille menue, sa silhouette presque juvénile, son pas léger. Sous les taffetas, la fourrure et les rubans de ses parures, nul ne pourra percevoir ni le corps malmené, ni le feu qui bouillonne. Quarante ans, c’est un âge auquel la plupart des femmes du peuple de son Empire n’accèdent pas, parce qu’elles succombent avant en couche, de maladie ou d’épuisement. Quarante ans, c’est à l’époque un âge avancé et l’impératrice se plie à un régime strict et contraignant pour garder la ligne et rester à jamais la jeune et belle épouse de François Joseph 1er : des exercices physiques réguliers, le jeûne, une pesée quotidienne et un suivi à la loupe de l’évolution de son tour de taille. Car la cour l’observe et la cour est sans pitié : déjà le diktat des apparences, de la norme, des conventions. Les chuchotements au détour d’un couloir, les rumeurs derrière l’étal du marchand, les ragots, les commères, les on dit, déjà les gala, les voici. Sissi se pliait jusqu’alors aux exigences de son rang… mais Elisabeth étouffe, n’en peut plus de cette vie de faux semblants. Même son rôle de mère, jadis l’une de ses rares prérogatives, aujourd’hui lui échappe : ses enfants ont grandi et endossent à la perfection le rôle que leur lignée impose. La fantaisie de l’enfance est morte, ne reste que le sérieux rigide et froid du monde adulte.
Alors pour se sentir vivante, Elisabeth se confronte à la nature, éprouvant dans un rapport presque charnel avec les éléments les pulsions qui ont disparu de son existence : les escapades au galop à travers la campagne, les bains dans les eaux vivifiantes d’un lac, la compagnies de ses chiens…



Et quand la conversation avec l’Empereur son mari devient trop piquante, trop distante, trop blessante, elle s’en va à l’asile rechercher dans le regard des fous un peu de cette humanité qui fait tant défaut à son horizon. Peu à peu Sissi l’impératrice va se dissoudre dans Elisabeth, une femme de son époque en quête de liberté, et c’est cette lutte, cette conquête, cette renaissance que raconte Corsage.

Il y beaucoup de beauté dans chaque plan du film. Une délicatesse du regard, un sens du détail, une façon brute et presque crue de saisir la lumière qui s’évanouit sur un grain de peau, sur une pièce d’étoffe ou un panneau de bois… Cette maîtrise visuelle pourrait amener de la distance, elle va tendre au contraire vers une quête superbe d’authenticité. Et c’est tout naturellement que la caméra se tourne, comme aimantée, vers Vicky Krieps, qui n’en finit décidément pas de nous épater par son talent, mélange de feu et de glace. On pense à Meryl Streep pour l’ambivalence des sentiments que fait naître chez nous l’interprétation de son personnage. Tellement touchante et en même temps despotique, enfant gâtée égocentrique et névrosée. Le film raconte aussi par touches subtiles le grondement de l’histoire dans cette Europe qui, bientôt, va exploser : le murmure du chaos à venir hante déjà les recoins feutrés des majestueux palais viennois…
Moins primesautier, plus tourmenté que le Marie-Antoinette de Sofia Coppola avec lequel il partage quelques traits communs (les anachronismes, le choix de la bande son), Corsage est d’une modernité percutante dans ce qu’il raconte de la superficialité des vies de pouvoir et de paraître. Il parvient même avec audace à incarner le cinglant « désormais on se lève et on se casse »… et tout cela dans un équilibre parfait.