SÉANCES BÉBÉS
Les séances “bébé” sont des séances où les parents peuvent venir avec leur nouveaux nés. Et déguster un film pendant qu’ils roupillent dans leurs bras. Les séances sont évidemment ouvertes à tous les spectateurs, il suffit de savoir qu’il peut arriver qu’un bébé fasse du bruit en suçant son pouc...
30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de la...
À LA VIE À LA MORT
Quelle joie de se retrouver sous les étoiles hier à Berat, en Haute-Garonne!Expo, rencontre et ciné avec Nevada. Quel bonheur.Déjà 200 personnes pour les prémisses d’un nouveau lieu vivant et pluridisciplinaire co animé par les habitants. Ce sont les premières festivités de l’été d’Utopia et du ...
Thomas CAILLEY - France 2023 2h08mn - avec Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos, Tom Mercier, Billie Blain... Scénario de Thomas Cailley et Pauline Munier.
Du 01/11/23 au 12/12/23
« Celui qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience ». Des citations de cet acabit, de René Char ou d’autres illustres et fins auteurs, François en a un plein sac en réserve. Sa conversation en regorge, brandies comme autant de cartes « joker » imbattables pour faire face et expliquer toutes les situations de la vie. Ça lui donne forcément un petit côté puits de culture sûr de lui un peu agaçant – mais comment en vouloir à un père de tenter d’inculquer tant bien que mal à son grand ado de fils quelques valeurs humanistes, et lui fournir des armes pour affronter une réalité pour le moins difficile ? Car pour Émile, 16 ans, comme pour son père François, le drame du moment présent a un nom : Lana. Lana, la mère d’Emile, la femme de François, que tous deux sont en train de perdre. Qu’Emile a, dit-il, déjà perdue. Que François ne peut pas se résoudre à laisser partir, prêt à tout risquer pour l’accompagner, tout tenter pour la faire revenir. Car Lana est frappée d’un mal mystérieux, un genre de virus qui se propage dans la population, sans qu’on en sache l’origine ni qu’on connaisse le vecteur de contamination, et qui, progressivement, inéluctablement, transforme en animaux – mammifères, oiseaux, reptiles – celles et ceux qui en sont atteints. Pas moyen de s’en préserver ni d’enrayer le processus… on isole les « malades » en cherchant frénétiquement des traitements, on n’a d’autre solution que de mettre en quarantaine des « monstres » retournés à l’état « sauvage ». Lana est ainsi envoyée avec quelques autres mutants dans un centre fermé du sud du pays – à proximité duquel s’installent donc le père et le fils pour ne pas l’abandonner, elle qui semble déjà partie et dont le nouvel état représente même pour eux un danger bien réel.
Ce film-là, parole, il va vous en mettre plein les mirettes ! Malin, émouvant, haletant, visuellement époustouflant, c’est au propre comme au figuré du « jamais vu ». Quelque part entre le conte, la fable, le mélodrame, le thriller et le rêve éveillé, un peu tout ça en même temps, il pourrait, enfin, sonner le glas de la longue malédiction qui frappe le cinéma fantastique français, donner le coup de grâce au désamour chronique qui le tient si souvent éloigné du grand public. Qu’on se le dise : Le Règne animal, geste artistique ambitieux, a tout du grand film populaire, accessible à tous. Un sujet fort, des images d’une beauté renversante, un casting impeccable : le jeune Paul Kircher porte littéralement le film, Romain Duris est parfait, aussi agaçant en père-la-morale qu’émouvant en amoureux éperdu, Adèle Exarchopoulos est épatante en gendarme pleine d’empathie qui se débat contre une hiérarchie dont le sexisme endémique n’a, c’est un euphémisme, pas été déconstruit.
Écrit pourtant avant la pandémie de Covid, Le Règne animal a de fortes résonances avec cette actualité récente, mais se trouve aussi au croisement de nombre de questionnements très actuels qui y sont plus ou moins directement liés. Notre rapport à la Nature, bien sûr, tout le mal que l’humanité lui inflige – et tous les plus que probables retours de bâtons qui se profilent. Les questions de normalité, de genre, d’espèce, la possible transition de l’une à l’autre, la violence du regard de la société sur une supposée « monstruosité »… On y retrouve pêle-mêle des éléments de thriller moderne et des archétypes réinterprétés du cinéma et de la littérature fantastiques. La réussite est magistrale !
Ce ne sont plus ici les animaux de La Fontaine qui sont malades de la peste, mais les Humains qui sont rappelés à leur condition animale – la plus sauvage n’étant pas forcément celle qu’on croit.