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MAY DECEMBER

Todd HAYNES - USA 2023 1h57mn VOSTF - avec Natalie Portman, Julianne Moore, Charles Melton, Cory Michael Smith... Scénario de Samy Burch. Musique de Michel Legrand et Marcelo Zavros.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MAY DECEMBERFaux thriller psychologique qui déguise un vrai mélodrame, puissant, poignant, May december file ingénument – croit-on – la métaphore de la chenille et du papillon. Ces chenilles que Joe élève dans la grande et belle maison où il vit avec Gracie, sa femme, et leurs trois grands enfants. Une caricature de maison de famille « Ricoré », plutôt aisée, du sud des États-unis : spacieuse, claire, entourée d’un vaste jardin au gazon coupé ras, on y invite les voisins certains dimanches ensoleillés pour partager un barbecue… Chenilles, donc, chrysalides, et pour finir papillons qu’à la belle saison Joe laisse prendre leur envol avec émerveillement, une fois leur mue achevée. Un émerveillement teinté d’une nuance de tristesse. Sans doute parce que Joe, qui tutoie la quarantaine, n’a jamais eu l’occasion de faire la sienne, de mue – ni de prendre son propre envol. Mais ne nous emballons pas : si Joe en est la pièce centrale, le jeu de May december est, d’abord, une affaire de femmes. Celle de Gracie, bien sûr, épouse et mère de ses enfants – qui est son aînée de quelques vingt ans. Et celle d’Elizabeth, jeune actrice qui déboule tout à trac d’Hollywood pour se glisser dans l’intimité de la famille, l’observer, s’en inspirer et se préparer à incarner Gracie dans un film inspiré de l’histoire du couple. Car elle n’est pas banale, l’histoire de Gracie et Joe, celle d’un amour interdit autant que passionné entre une femme alors mariée et un garçon de treize ans. Une histoire qui, en son temps, a conduit Gracie en prison, et dont le parfum de scandale a excité la folie journalistique – locale et nationale – en un tourbillon auquel, miraculeusement, la passion des amants a survécu. Une histoire qui a durablement secoué la petite ville qu’ils n’ont jamais quittée et fait pas mal de dommages collatéraux, toujours vivaces vingt ans plus tard. D’une force insoupçonnée, Gracie a construit dans l’adversité son bonheur, conjugal, familial, pierre par pierre. Elle qui a déjà connu (pour le pire) les feux des projecteurs ne rechigne pas à l’idée de les affronter à nouveau, mettre son passé en lumière, pour peut-être lui rendre justice. Elle accueille la jeune actrice, la guide, lui ouvre en grand les portes de son histoire. Tout sucre, tout miel, Elizabeth, qui sait être plutôt teigne en privé, se coule dans le quotidien de la famille, dans les pas et l’ombre de Gracie. Attentive, discrète, séductrice, elle colle à son modèle – et enquête à sa manière, se nourrit des confidences de Joe. Dans ce petit théâtre qui s’efforce de surjouer la normalité, tout le monde est en représentation, s’observe et se cherche, épluche strate après strate toute une vie de non-dits.

Qui d’autre que Todd Haynes pouvait faire un film à partir de l’idée étrange, saugrenue, sublime, de faire jouer le rôle de Julianne Moore par Natalie Portman ? Tout en contre-jours délicats, en arrières-plans pudiques et vaporeux, en clairs-obscurs révélateurs, son élégante mise en scène offre aux deux comédiennes un magnifique écrin dans lequel elles donnent vie au jeu amoureux, hasardeux et cruel, auquel se livrent leurs personnages. Délaissant le mélo flamboyant à la Douglas Sirk, le réalisateur plonge avec bonheur dans le sud moite et dérangeant cher à Tennessee Williams, le poète de la sexualité refoulée, des amours et des désirs à fleur de peau. En apparence altière mais contenant mal sa fragilité, Julianne Moore rend Gracie bouleversante – tandis que Natalie Portman campe une Elizabeth (Taylor ?) imprévisible, sensuelle, vénéneuse et moins assurée qu’elle ne le pense. Sous son apparence transgressive vite éludée, le face-à-face triangulaire, virtuose, qui en résulte, entre la femme, le mari et l’actrice, est d’une simple, belle et déchirante humanité.

PS : En langue anglaise, l’expression « May-December » désigne une relation dans laquelle il y a une différence d’âge notable entre les deux amoureux. En français, on a l’équivalent dans la chanson de Serge Reggiani Il suffirait de presque rien : « Comment peut-il encore lui plaire, elle au printemps, lui en hiver ? »