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UN SILENCE

Joachim LAFOSSE - Belgique 2023 1h39mn - avec Emmanuelle Devos, Daniel Auteuil, Jeanne Cherhal, Matthieux Galoux, Louise Chevillotte... Scénario de Joachim Lafosse, Thomas Van Zuylen, Chloé Duponchelle et Paul Ismael.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

UN SILENCEDès les premières minutes, oppressantes, on sait que c’est elle que nous n’allons pas quitter. Elle, Astrid, l’épouse, la mère, la sœur. Elle, le cœur noué de ce récit.
Un silence n’est pas un film tranquille, ni facile. Précis, clinique, ne cherchant jamais ni les effets de manche, ni les jugements simplistes, sa froideur volontaire est la marque de sa rigueur intellectuelle, de son intégrité morale. D’entrée il captive et, peu à peu, il finit par toucher, profondément, suivant pas à pas le même cheminement que son personnage féminin, dans un douloureux et nécessaire processus où les fissures deviennent si béantes qu’elles laissent finalement entrer l’émotion. La rythmique particulière du film s’impose dès le choix de commencer l’histoire par sa fin et de remonter le cours du temps en flash-back. La décision, audacieuse, de rendre les trente premières minutes opaques à la compréhension oblige le spectateur à se faire acteur de l’enquête pour glaner les éléments nécessaires à la compréhension de ce dénouement. Un silence s’inspire directement d’un fait divers qui défraya la chronique en Belgique il y a une dizaine d’années, c’est important de le préciser tant l’histoire pourrait sembler incroyable. La réalité a souvent cette arrogance cynique de dépasser la fiction…

Astrid est l’épouse discrète d’un célèbre et très médiatique avocat, François Schaar, qui se bat depuis plusieurs années aux côtés de familles de jeunes victimes de violences sexuelles. Dans la grande demeure bourgeoise qui abrite le couple ainsi que leur fils adolescent, le temps semble être suspendu à ce dossier qui pèse des tonnes et pour lequel François donne tant depuis si longtemps. La vie de famille n’est plus que l’ombre d’elle-même et chacun suit sa propre trajectoire : autant de lignes de fuite parallèles qui n’ont plus guère l’occasion de se croiser. On se parle encore, mais les mots semblent s’être vidés de sens, on se côtoie sans communiquer, on se voit sans se regarder.
S’est donc installé le silence. De plus en plus pesant. Et derrière lui, comme toujours, un secret. Terrifiant. Honteux. Un secret qu’Astrid a mis une application douloureuse à enfouir durant de longues années. Mais les secrets de famille finissent toujours par ressortir, d’une façon ou d’une autre et qu’importe le temps ou les formes que prend cette mise à jour. C’est leur raison d’être aux secrets que d’aspirer à se glisser dans les failles, les doutes, au milieu des traumas et de la honte pour être enfin entendus.

Emmanuelle Devos et Daniel Auteuil se retrouvent des années après L’Adversaire, dans lequel ils jouaient déjà un couple miné par le mensonge. Ils incarnent, chacun à sa façon, les deux facettes d’un même visage meurtri et ils le font avec beaucoup de complexité et de pudeur, sans jamais chercher à adoucir les traits de ces personnages pas forcément sympathiques, se gardant aussi de les enfoncer, de les condamner.
Le film est âpre, parfois dérangeant mais toujours passionnant parce qu’à travers ce fait divers, il révèle, en filigrane, d’autres silences et d’autres complaisances, ceux de toute la société. Alors le cheminement d’Astrid devient aussi, symboliquement, celui de la responsabilité face au déni, celui de la vérité face aux manipulations, celui de l’empathie face aux turpitudes. Un combat long et douloureux qu’elle semble à peine commencer.