MON C.E. ROULE POUR UTOPIA

METTEZ VOTRE PUB
DANS LA GAZETTE !


NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Groupe ( >30p.) : 3,50€
TARIF étudiants, lycéens, collégiens, demandeurs d'emploi, bénéficiaires du RSA : 4,50€ (sur présentation d'un justificatif). PASS CAMPUS : 4 euros. Paiement CB, Chèque ou Espèces.

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

LA GAZETTE UTOPIA 327 DU 15 MAI AU 18 JUIN 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 327 DU 15 MAI AU 18 JUIN 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 324 du 24 JANVIER AU 27 FÉVRIER 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 324 du 24 JANVIER AU 27 FÉVRIER 2024...

Soutenez Utopia Palmer

IL ÉTAIT UN PÈRE

Yasujiro OZU - Japon 1942 1h26mn VOSTF - avec Chishu Ryu, Shuji Sano, Shin Saburi, Takeshi Sakamoto, Mitsuko Mito... Scénario de Tadao Ikeda, Yasujiro Ozu et Takao Yanai. INÉDIT EN SALLES – COPIE NEUVE.

Du 16/05/24 au 15/06/24

IL ÉTAIT UN PÈREOn doit à Yasujiro Ozu (1903-1963) une cinquantaine de films, de Gosses de Tokyo (1933) au Goût du saké (1962). Découvrir aujourd’hui en salle l’inédit Il était un père (1942), un des rares films qu’Ozu ait tournés durant la seconde guerre mondiale, est un événement, et surtout un bonheur immense.
Comme le titre l’indique, son sujet – les relations entre un père et son fils – se rattache à un thème universel qui nourrit depuis le nuit des temps l’inspiration des artistes, sur des registres ô combien variés.
La note que fait entendre Ozu dans cette vaste polyphonie est si évidemment originale qu’elle semble d’autant plus précieuse. Une note reconnaissable entre toutes : son timbre est ténu, sa résonance profonde. Débarassée du pathos et de la psychologie, dégagée de la gangue poisseuse des bons et des mauvais sentiments, épurée des ficelles de la dramaturgie et de l’anecdote, elle frappe sec et juste, directement à l’os…

Soit un veuf, modeste enseignant dans une ville de province, et père d’un garçonnet dont l’éducation lui tient plus que tout à cœur. Lors d’un voyage scolaire à Tokyo, un de ses élèves se noie. L’enseignant, s’estimant moralement responsable de cette catastrophe, présente sa démission et part s’installer avec son fils dans sa ville natale, où son propre père avait vendu sa maison pour lui payer ses études.
Rattrapé par les besoins d’argent, soucieux de donner à son fils toutes les chances dans la vie, le père annonce à ce dernier qu’il leur faut se séparer, au cours d’une séquence de pêche d’autant plus inoubliable que les deux silhouettes, filmées côte à côte sur la berge, accordent solidairement leur mouvement au fil de l’eau qui passe. Mais le destin d’un père et d’un fils consiste, tôt ou tard, à être séparés par ce courant qu les unit aujourdh’ui. Avec le départ du père à Tokyo, ils ne se reverront désormais que de loin en loin, chacun ayant à charge d’assumer ce que l’existence lui impartit : sacrifice et culpabilité pour le père, déception et ressentiment pour le fils, bonheur désenchanté de précaires retrouvailles.
À cet égard, la catastrophe inaugurale de l’enfant noyé est significative, quand bien même l’événement semble se dissiper au cours du temps. Survenue à Tokyo, où le père va passer le reste de ses jours, elle suggère qu’en tout fils vivant gît un enfant mort, que toute joie paternelle doit composer avec l’arrachement de la séparation et, plus essentiellement peut-être, que la vocation d’un père est d’enseigner à son fils l’art d’apprendre à vivre sans lui.
De manière symétrique, tout fils, à l’instar du personnage du film, vit en puissance avec la mort du père, et doit un jour l’affronter, quitte à s’en retourner avec la future mère de son propre enfant…

Composition et épurement du cadre, plans fixes, caméra au ras du sol, recours à l’ellipse et à la litote, distanciation du jeu des acteurs et du regard sont autant d’éléments qui œuvrent au génial et fructueux paradoxe du cinéma d’Ozu. Un cinéma conservateur et moderne, trivial et poétique, enfermé dans les quatre coudées de la vie familiale et ouvert à l’irréductible solitude de l’individu…
(J. Mandelbaum, Le Monde)