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L’HOMME LE PLUS HEUREUX DU MONDE

Teona STRUGAR MITEVSKA - Madédoine / Croatie / Bosnie 2022 1h35mn VOSTF - avec Jelena Kordic Kuret, Adnan Omerovic, Labina Mitevska, Ana Kostovska... Scénario d’Elma Tataragic et Teona Strugar Mitevska.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

L’HOMME LE PLUS HEUREUX DU MONDEIl faut reconnaître aux artistes des Balkans un talent certain pour raconter les choses les plus graves à travers des contes où l’ironie la poésie de l’absurde se taillent la part du lion. La réalisatrice Teona Strugar Mitevska en est un brillant exemple : citoyenne d’un pays, la Macédoine, qui appartenait autrefois à la grande Yougoslavie, elle avait attiré l’attention avec un épatant petit film, Dieu existe, son nom est Petrunya, qui démolissait joyeusement le patriarcat dominant dans son pays orthodoxe.
Pour son second film, elle s’est inspirée d’une aventure vécue par sa coscénariste Elma Tataragic, qui a grandi à Sarajevo et y fut blessée à 17 ans pendant le terrible siège subi par la ville bosniaque millénaire au début des années 90. Le plus incroyable des hasards fit que la jeune femme, devenue scénariste, rencontra lors d’un rassemblement professionnel celui qui, sniper à la solde de l’armée serbe, lui avait froidement tiré dessus à l’époque !

Asja est une quadragénaire à la vie plutôt morose qui cherche l’amour, ou tout du moins une relation de couple un tant soit peu solide, tout comme une vingtaine d’hommes et de femmes de tous âges, de toutes origines sociales et nationales, qui se sont ce jour-là inscrits à un « speed dating » de célibataires organisé par une agence spécialisée, au sein d’un grand hôtel plutôt lugubre comme savaient si bien les concevoir les architectes des pays de l’Est… A chacune et chacun est attribué un partenaire potentiel, choisi en fonction des tranches d’âge. Et les joyeux animateurs demandent à chaque couple ainsi arbitrairement constitué de répondre à une batterie de questions qui permettront aux deux partenaires de mieux se connaître.
Asja se retrouve face à Zoran, un grand échalas un peu mystérieux non dénué de charme, une sorte d’Adam Driver balkanique mais passablement cabossé et qui semble traîner une vision profondément pessimiste de la vie. Et assez rapidement le hasard des questions va faire comprendre à Asja et à Zoran que, trente ans auparavant, dans le Sarajevo soumis au feu nourri des snipers tchetnicks, l’une fut victime du tir de l’autre, le jeune Zoran ayant été à l’époque enrôlé dans l’Armée de la République serbe de Bosnie…
Face à cette révélation sidérante, comment continuer à jouer au simulacre de la rencontre amoureuse ? Est-il possible pour une victime comme Asja de pardonner à un homme qui, malgré son remords évident et le mal être qu’il traîne depuis ces événements tragiques, a tout de même été l’un des bras armés des criminels de guerre qui ont commis, dans ce petit assemblage d’États autoproclamés dans le chaos, un génocide au cœur de l’Europe ?

Porté par deux comédiens remarquables, ce film pose la question du pardon pour laquelle s’affrontèrent en leur temps Derrida et Jankelevich (l’impardonnable existe-t-il ?) et donne à voir deux personnages que tout oppose mais qui vont peut-être retrouver la voie d’un lien qui existait bel et bien avant la guerre à Sarajevo, ville mythique pour son cosmopolitisme et sa tolérance religieuse. Au-delà du duo de candidats à l’amour, la réalisatrice dresse avec un humour féroce, à travers son groupe hétéroclite de célibataires, un panorama des forces antagonistes du nouveau Sarajevo, à la fois hanté par les vieilles rancœurs, gangrené par le matérialisme des nouvelles générations, mais riche aussi d’une société multiculturelle capable de construire une paix durable.