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JEANNE DIELMAN, 23 QUAI DU COMMERCE, 1080 BRUXELLES

Écrit et réalisé par Chantal AKERMAN - Belgique/France 1975 3h18 - avec Delphine Seyrig, Jean Decorte, Henri Stork, Jacques Daniol-Valcroze, Yves Bical... Copie numérique restaurée.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

JEANNE DIELMAN, 23 QUAI DU COMMERCE, 1080 BRUXELLESJeanne Dielman a été classé en 2022 meilleur film de tous les temps par la prestigieuse revue de cinéma britannique Sight and Sound, résultat du vote de plus de 1 600 critiques à travers le monde. Ce classement a lieu tous les dix ans et c’est Vertigo d’Alfred Hitchcock qui occupait cette place depuis deux décennies. En 2022, pour la première fois en 70 ans, c’est un film réalisé par une femme qui a été couronné : une révolution ! Un film qui adopte une approche radicale – et radicalement féministe – du cinéma. Or, comme le dit très justement la réalisatrice Céline Sciamma, « être radical, c’est aussi être généreux, c’est là la force que Chantal Akerman nous donne ».
Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles est un film absolument hors du commun, un film absolument essentiel, à découvrir – et à revoir – dans cette magnifique copie restaurée, en salle, sur un écran plus grand que nous, absolument.



C’est ainsi que Chantal Akerman raconte la genèse du film : « Une nuit, j’étais dans mon lit en train de somnoler et tout à coup, j’ai vu le film […] Juste une serviette éponge posée sur un lit, des billets déposés dans une soupière… Mais ça a suffi pour que le film m’apparaisse. » Cette serviette et cette soupière contiennent la vie de Jeanne Dielman, une veuve entre deux âges, qui vit à Bruxelles avec son fils de 17 ans et qui arrondit ses fins de mois en se prostituant à domicile.
Le film décrit trois jours de la vie de cette femme, organisés comme un ballet mécanique de gestes domestiques : Jeanne Dielman fait la cuisine, met la table, fait la vaisselle, refait son lit, se lave méthodiquement dans sa baignoire, cire les chaussures de son fils… Mais un matin le réveil sonne une heure plus tôt et toute cette mécanique sans vie se dérègle. Elle a une heure à remplir. Qu’est-ce qu’elle va faire de cette heure ? Cette heure en trop libère d’un coup toute l’angoisse refoulée et aboutit à la catastrophe.
Le film est composé de longs plans fixes cadrés à la perfection. Un film peu bavard où le moindre son (eau, interrupteur, talons…) prend une ampleur inédite. En prolongeant au maximum la durée des plans, Akerman nous laisse enfin le loisir de regarder ; elle nous permet de laisser notre regard filer sur l’image entière, dans ses moindres recoins. Une liberté donnée au spectateur qui pourra en dérouter quelques-uns et en fasciner beaucoup d’autres.

Enfin, il y a Delphine Seyrig, qu’on avait surtout connue jusque là en « grande dame » robe du soir dans L’Année dernière à Marienbad d’Alain Resnais, en bourgeoise tailleur Chanel dans Baisers volés de François Truffaut, voire en fée couleur lilas dans Peau d’âne de Jacques Demy. Pas en ménagère désargentée emprisonnée dans les rêts d’un quotidien terne et routinier. Akerman a écrit le film en pensant spécialement à l’actrice : « Il fallait quelqu’un qu’on n’a pas l’habitude de voir faire la vaisselle, c’était donc parfait avec Delphine parce que tout devenait visible. » De fait Delphine est au-delà des mots. Si, peut-être un seul : inoubliable.