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LA RUCHE

Écrit et réalisé par Blerta BASHOLLI - Kosovo 2021 1h24mn VOSTF - avec Ylka Gashi, Cun Lajci, Aurita Agushi, Kumrije Hoxha...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LA RUCHECe n’est pas un hasard si La Ruche a fait le tour des festivals du monde entier et gagné de nombreux prix (dont 3 majeurs à Sundance : Grand prix du jury, Prix de la meilleure réalisatrice et Prix du public). C’est que ce formidable petit film, depuis son minuscule Kosovo, défend pour ses personnages un principe fondamental et que l’on voudrait universel : celui de l’autodétermination.
Dans un Kosovo encore meurtri par la guerre (l’action se passe sept ans après la fin du conflit), Fahrije, dont le mari est porté disparu, se voit contrainte, comme de nombreuses femmes de son village, de subvenir seule aux besoins de sa famille. À la douleur de l’impossible deuil s’ajoute celle de l’incapacité de la communauté à soutenir les femmes dans leurs réponses à cette réalité nouvelle. Pire, elle condamne sévèrement leurs initiatives, et n’hésite pas à saboter et détruire en toute impunité le fruit de leur labeur pour maintenir un ordre imaginaire, une domination qu’on suppose multiséculaire.

Car ici le patriarcat n’est pas un concept, la violence de sa loi s’éprouve dans tous les corps (des oppresseurs comme des opprimées), se loge dans les désirs et dans les moindres gestes du quotidien ; elle attaque les rêves, étouffe les possibles, et barre même la route à la solidarité intrafamiliale. Laquelle est ici, précisément, la destination de tous ces efforts. Et pourtant Fahrije ne demande pas la lune : depuis quelques temps le miel que produisent les ruches de son mari ne se vend plus aussi bien, alors elle voudrait lancer une production d’avjar, une spécialité locale à base de poivrons rouges ; idéalement monter une coopérative avec toutes ces femmes qui sont dans la même déréliction, pour qu’elles puissent s’aider elles-mêmes et prendre en main leur destin. Mais pour ça, il faut évidemment une certaine marge de manœuvre, il faut un peu d’espace, ce que la société refuse obstinément aux femmes. Mais malgré les obstacles et les qu’en dira-t-on assassins, Fahrije ne semble pas prête à capituler devant l’inextinguible pression sociale. Au contraire, geste après geste, action après action, se dessine peu à peu une lutte solide, qui pourtant jamais ne dira son nom.

La Ruche dresse donc le portrait de l’humble autant qu’opiniâtre résistance de cette femme, et s’affranchit dans sa forme des diktats du genre : libre de tout misérabilisme et fuyant une facile héroïsation hollywoodienne de son personnage principal, le film, bien qu’inspiré d’une histoire vraie, ne force à aucun endroit l’adhésion compassionnelle des spectateurs. Au contraire, en évitant la séduction et en ne magnifiant pas sa protagoniste, le film fait le pari de conquérir son public par l’évidence de la raison plutôt que par l’affect, en bâtissant son récit au moyen d’une réalisation sobre particulièrement maitrisée.
Car vous l’aurez compris, dans La Ruche les forces d’oppression et de domination ne sont pas souterraines, la vie y est dure, laborieuse, mais une fenêtre d’espoir et d’affirmation demeure. Ici résistance et combat ne sont pas de vains mots mais des gestes qui investissent le réel et s’incarnent dans le quotidien (et à l’heure où l’on prône le lâcher prise à tout va, le film ne peut être que grandement salutaire).
Les actions de Fahrije vont donc doucement rayonner sur son entourage, faire bouger quelques consciences et confirmer une fois de plus que les principes de solidarité et de collectivité peuvent tout (y compris faire naître de la joie, comme en témoigne une très belle scène de sororité). D’ailleurs ce rayonnement est toujours vivant, on en veut pour preuve l’existence même de ce film ! Et sa présence sur nos écrans, pour que cette belle et forte histoire arrive jusqu’à nous tous.