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LE CAPITAINE VOLKONOGOV S’EST ÉCHAPPÉ

Écrit et réalisé par Natalia MERKOULOVA et Alexeï TCHOUPOV - Russie 2022 2h05mn VOSTF - avec Yuryi Borisov, Timofey Tribuntsev, Nikita Koukouchkine, Alexandre Yatsenko, Natalya Krudiashova...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LE CAPITAINE VOLKONOGOV S’EST ÉCHAPPÉTout commence par un blouson qui dénote, qui ne cadre pas avec ce qu’on voit…
Nous sommes en 1938 dans la Russie soviétique, en pleines purges staliniennes. Aux commandes de la saignée, tapi au fond de son bureau de la Loubianka, Iejov mutiplie arrestations arbitraires, tortures et exécutions sommaires. Une vague d’extermination hors-normes, qui exige des hommes aux nerfs d’aciers et peu enclins au vague à l’âme. Parmi eux, le jeune capitaine Volkonogov, la vingtaine musculeuse, crâne rasé, un sourire d’ange sur une gueule de Spetsnaz ; ni meilleur ni pire que ses condisciples qui trouvent le temps, entre deux passages à tabac, de se détendre en répétant un numéro de music-hall… Sauf que les purges, c’est comme les révolutions : elles finissent souvent par dévorer leurs enfants, et très vite l’ambiance devient pesante au sein de l’unité du capitaine Sans Peur & Sans Conscience ; d’abord c’est un camarade convoqué chez leur supérieur qui ne revient pas de la pause-déjeuner ; puis un deuxième, et Volkonogov, qui connait la maison, sait qui sera le prochain. La loyauté au Parti ayant ses limites, il met les voiles, sans autre plan en tête que de sauver sa peau, pour une heure, pour un jour de plus. Pris immédiatement en chasse par un tchékiste chevronné, « Volko » court à travers Saint-Petersbourg comme s’il avait le diable aux trousses, et peut-être est-ce bien le cas. Mais si ses chances de survie sont plus maigres qu’un Zek, peut-être peut-il encore sauver ce qu’il lui reste d’âme…

Un assassin aux abois traqué par l’organisation qui l’employait, ravagé par la culpabilité suite à une tardive prise de conscience épiphanique, voilà réunis les ingrédients d’un bon vieux Film Noir à l’ancienne. Sauf qu’il y a ce blouson, vous vous souvenez ?
C’est ce détail d’apparence anodine qui fait basculer un film de facture classique en une œuvre autrement plus originale et ambitieuse. Ce blouson, c’est celui qu’arborent fièrement Volkonogov et ses collègues, un blouson à fermeture éclair complètement anachronique, tout autant que leurs improbables pantalons d’un rouge flamboyant : on dirait bien davantage des skinheads des années 80 que des agents du NKVD. Et le reste est à l’avenant. Oui c’est bien Saint-Petersbourg, mais pas tout à fait. Oui c’est bien l’URSS de 1938, mais pas seulement. Oui, il y avait des dirigeables dans les années 30, mais combien en Russie ? Et ce rouge, celui des pantalons, celui de ce dirigeable qui survole la ville comme un avatar métaphorique de Big Brother, celui des murs de briques fatiguées des usines… Ce rouge-sang qui envahit le cadre imperceptiblement plans après plans nous raconte davantage que ce que nos yeux veulent voir. Le Capitaine Volkonogov convoque le rétrofuturisme pour détraquer la machine narrative et l’envoyer plus loin et plus haut, vers les sphères spéculatives terrifiantes du 1984 de George Orwell.
Et tout part de là, de cette sensation étrange que quelque chose n’est pas à sa place, de ce présent qui interfère avec le passé et nous force à reconsidérer le film que nous sommes en train de voir. Qui nous parle autant de la grande Histoire que de celle que nous sommes en train de vivre, ou que nous risquons de vivre dans l’avenir, si nous n’y prenons pas garde.

Polar métaphysique grimé en thriller à suspens, mêlant une vision intemporelle de la tragédie humaine et une poignante quête personnelle de rédemption, il y aurait encore beaucoup à dire sur cette « échappée » spirituelle et politique, mais ce serait vous gâcher le choc de la découverte. Sachez seulement que depuis l’invasion russe en Ukraine, le film est interdit dans la patrie de Poutine. On se demande bien pourquoi.