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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

Dimanche 10 DÉCEMBRE 2023 à 20h15

LUNE NOIRE


Séance présentée par Loïc Diaz Ronda, codirecteur du festival Cinespaña (Toulouse), spécialiste du cinéma espagnol
Cinéma de genre, Exploitation, OFNI, auteurs borderline... Séance mensuelle du troisième type proposée par l’association Monoquini.
Cinéma de genre, Exploitation, OFNI, auteurs borderline... Séance mensuelle du troisième type proposée par l’association Monoquini.
LUNE NOIRE

LA MARIÉE SANGLANTE

(La Novia ensangrentada) Écrit et réalisé par Vicente ARANDA - Espagne 1972 1h40mn VOSTF - avec Maribel Martín, Simón Andreu, Alexandra Bastedo... D’après le roman Carmilla de Sheridan Le Fanu (1872). Film déconseillé au moins de 16 ans.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LA MARIÉE  SANGLANTEJeunes mariés, Susan et son époux se rendent dans le manoir familial de ce dernier pour leur lune de miel. Dans cette lointaine et austère campagne galicienne, Susan éprouve immédiatement le sentiment que son mari cherche à la séquestrer et à l’humilier. Après avoir fortuitement découvert dans une remise le portrait de Mircala Karnstein, une ancêtre qui, deux siècles auparavant, aurait sauvagement poignardé son mari lors de sa nuit de noces, Susan est visitée en rêve par une mystérieuse dame voilée. Nuit après nuit, l’énigmatique apparition l’incite à la rejoindre, loin de l’emprise des hommes. Quand un jour une femme amnésique, croyant répondre au nom de Carmila, est recueillie dans la demeure, la frontière entre le monde onirique et la réalité se dissout…

En adaptant librement l’histoire de femme vampire de l’Irlandais Joseph Sheridan Le Fanu (qui précède de 25 ans le célèbre Dracula de Bram Stoker publié en 1897), Vicente Aranda ne signe pas seulement un classique de ce qu’on a nommé le « fantaterror », ce genre hybride mêlant horreur et fantastique mâtiné d’érotisme qui fut une composante importante du cinéma populaire espagnol entre 1968 et 1977. Le réalisateur, affilié à « l’École de Barcelone » (courant contestataire inspiré par la Nouvelle Vague et empreint de recherche formelle), se saisit assurément, dans le contexte de la dictature franquiste, de la dimension métaphorique que lui offre un conte fantastique pour lui insuffler une portée critique. Réalisé entre Las Crueles (1969), un néo-giallo somnambulique où les femmes couvent des liens équivoques, et Cambio de sexo (1977) où la toute jeune Victoria Abril incarne un transsexuel, La Novia ensangrentada remplit le cahier des charges d’un film Bis tout en brouillant ici encore, c’est le moins qu’on puisse dire, les genres.
Par l’actualisation du thème de l’envoûtement cher au roman gothique, mêlant la tradition picturale de l’ « Espagne Noire » à un surréalisme cousin de Luis Buñuel, Aranda s’attache à représenter le trouble d’une femme face à la découverte de sa sexualité et s’attaque frontalement à la figure du macho ibérique promue par une société patriarcale irréductiblement sexiste. Il retient de même le caractère saphique de la relation entre Susan et la magnétique Carmila qui était un trait dominant de la novella de Le Fanu, atténué dans ses précédentes adaptations cinématographiques (Et mourir de plaisir de Roger Vadim, la Karnstein Trilogy de la firme britannique Hammer). Ici cependant, pas de langoureuses étreintes mais la volonté d’en finir avec la domination masculine, avec un mode opératoire que n’aurait pas renié Valerie Solanas, l’auteure du brulôt misandre SCUM Manifesto.

On serait tenté de dire que le véritable sujet du cinéma d’horreur en général est la reconnaissance de tout ce que la civilisation refoule et réprime. La censure de l’état et de l’église, veillant au grain de la sainte trinité (patrie, famille, religion), sans doute essoufflée en cette ultime décennie de dictature, n’aura-t-elle retenu que le caractère a priori inoffensif voire infantile d’un film fantastique et permis en 1972 son exploitation sur les écrans espagnols, elle sera passée à côté de la dimension subversive d’une œuvre qui conserve aujourd’hui encore son intense pouvoir de séduction.