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Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
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Dimanche 7 avril 2024 à 20h15

LUNE NOIRE


Cinéma de genre, Exploitation, OFNI, auteurs borderline... Séance mensuelle du troisième type proposée par l’association Monoquini.
LUNE NOIRE

VAXDOCKAN

(THE DOLL / LE MANNEQUIN DE CIRE) Arne MATTSSON - Suède 1962 1h35mn VOSTF - avec Per Oscarsson, Gio Petré, Tor Isedal, Elsa Prawitz, Bengt Eklund, Malou... Scénario de Lars Forssell et Eva Seeberg, d’après un sujet de Stig Dagerman.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

VAXDOCKANDans une petite ville suédoise, Lundgren, un jeune homme solitaire et mélancolique, exerce l’emploi de gardien de nuit. Lors d’une de ses rondes dans la réserve d’un magasin, il tombe sous le charme d’un mannequin de vitrine. Il le subtilise et le ramène secrètement dans la mansarde qu’il occupe dans une vieille pension de famille. Bientôt, la figure de cire s’éveille à la vie…

Dans les années 60, le cinéma suédois se résume bien souvent en dehors de ses frontières au seul nom, prestigieux certes, d’Ingmar Bergman, faisant oublier qu’après un premier « Âge d’or » (celui du muet), la Suède a aussi eu sa « nouvelle vague » sous l’impulsion de jeunes auteurs, alors que des réalisateurs chevronnés se réinventaient de façon inattendue. C’est le cas d’Arne Mattsson, qui a déjà près de vingt ans de carrière quand il entreprend le tournage de Vaxdockan. Touche-à-tout prolifique, il s’est fait notamment une spécialité des énigmes policières, avec la série des Hillman Thriller, fort populaire en Suède à la fin des années 50, chacun des titres portant une couleur distincte et dont Mannequin en rouge (1958) préfigure Six femmes pour l’assassin de Mario Bava, l’acte de naissance cinématographique du giallo. On notera que la figure du mannequin se retrouve dans nombre de films de Mattsson, le cinéaste éprouvant une attraction évidente pour ces formes sans chair.
L’idée de Vaxdockan, empruntée au romancier Stig Dagerman, s’inspire, en la modernisant, d’une nouvelle fantastique d’E.T.A. Hoffman (Le Marchand de sable, 1817), décrivant la fascination exercée par une automate sur un jeune homme qui en tombe amoureux et y perd la raison – un conte qui a instauré la notion d’ « inquiétante étrangeté » analysée par Freud dans un texte célèbre et dont le Surréalisme s’est largement réclamé. Dagerman s’étant suicidé en 1954, ce sont l’écrivain Lars Forssell et la scénariste Eva Seeberg qui développèrent le schéma initial et l’adaptèrent pour l’écran.
La poupée, le mannequin, l’androïde sont des figures anthropomorphes dont le cinéma fantastique s’est régulièrement emparé pour signifier une relation avec une présence non-humaine et ambiguë, symbolisant le trouble de l’identité. L’illusion de la vie et d’une volonté propre confère à l’objet un degré d’existence fluctuant et indéterminé, qui peut être aussi séduisant qu’inquiétant. Voire dangereux si cet objet est véritablement possédé et malfaisant (cf Chucky et autre Puppet Master). Dans le cas présent, le titre Vaxdockan se traduit littéralement par « poupée de cire » plutôt que « mannequin », accentuant la bizarrerie d’un homme adulte qui se livre passionnément à un « jeu d’enfant » et accorde toute son attention à une figure inerte aux dimensions humaines.
À la fois statue palpitante et vivante pétrifiée, tantôt figée dans une rigidité cadavérique, tantôt agitée de tics hypnotiques, Gio Petré prête voix à cette troublante image de femme au teint livide. Quant à Per Oscarsson, futur prix d’interprétation à Cannes pour son rôle de Pontus dans La Faim, de Henning Carlsen (d’après le roman de Knut Hamsun), son interprétation d’un amoureux littéralement fou est en tout point convaincante.

Dans cette histoire de fétichisme comme substitut à la solitude, la névrose prend la forme d’un rêve halluciné où Eros et Thanatos mènent le bal. Habillée et déshabillée, disponible dans sa nudité et promise à la distraction, prête à « fonctionner », la poupée en retour se joue avec ingénuité de l’homme. Et bien qu’elle ne soit pas plantée d’épingles, l’envoutement opère pleinement.