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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

Mercredi 26 AVRIL 2023 à 20h

PROJECTION UNIQUE


Dans le cadre du colloque : Muses, Égéries, Pygmalions : Créations et rapports de genre – Université Bordeaux Montaigne, 25 et 26 Avril
Projection présentée par Sye-Kyo Lerebours, docteure en Communication, Arts et Spectacles, auteure de la thèse Se voir lesbienne. Représentations de l’homosexualité féminine dans les fictions cinématographiques françaises au prisme de la réception communautaire lesbienne (1970-2019). Discussion avec Sye- Kyo Lerebours à l’issue de la projection.
Achetez vos places à l’avance au cinéma, à partir du Dimanche 16 Avril.

PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU

Écrit et réalisé par Céline SCIAMMA - France 2019 2h - avec Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luana Bajrami, Valeria Golino... Festival de Cannes 2019 : Prix du Scénario.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEUÉtonnante Céline Sciamma, toujours là où on ne l’attend pas. Non par plaisir d’étonner la galerie, mais pour le bonheur de renouveler son style, de relever de nouveaux défis tout en creusant un peu plus ses sujets de prédilection. Rendre visibles les invisibles, celles en marge de la société et ici de l’histoire. La réalisatrice s’empare avec brio de la forme classique et la dépoussière, innove, lui rend sa spontanéité. Ce Portrait de la jeune fille en feu (quel titre !) éclaire différemment toute l’œuvre polymorphe de la réalisatrice. Il agit comme une épure. Une fois le côté effervescent, représentatif de notre période contemporaine gommé, ses musiques agitées éteintes, que reste-t-il du cinéma de Sciamma ? Ce nouvel opus, en costumes d’époque, qui s’impose sans strass ni paillettes, met en valeur la trame limpide qui le charpente. Mécanique implacable, puissante, méticuleusement travaillée. Rien n’est laissé au hasard, même le dossier de presse, qu’on vous encourage à télécharger sur le site du distributeur Pyramide, est passionnant. Tout témoigne d’un travail sans relâche, d’orfèvre, pour produire une œuvre merveilleusement ciselée. Tant est si bien que le Prix cannois du scénario est un brin réducteur. Et que dire de ses deux comédiennes, irradiantes, qui auraient largement mérité de partager un prix d'interprétation !

Nous sommes donc en 1770… Non loin des falaises, battues par les vents, qui surplombent l’océan, se dresse une imposante et austère demeure. Ce que l’on appelle traditionnellement une maison de maître, quand bien même la propriétaire en serait une maîtresse. Ici les distractions sont aussi rabougries que les plantes malmenées par les embruns marins. L'expression artistique, les fêtes y sont tout aussi clairsemées. Les rares instants de musique sont tant attendus qu’on en déguste la moindre note jusqu’à la lie quand elle passe à portée. On a le temps de guetter le temps qui passe, de regarder tomber chaque goutte de pluie.
Pourquoi venir se perdre dans cette contrée perdue, si ce n’est pour des raisons alimentaires ? Tel est le lot de Marianne (Noémie Merlant) qui vient de décrocher un travail de commande : faire le portrait de l’héritière de la famille, dans le but de la marier. Il faut resituer le contexte de l’époque : pas de réseaux sociaux, de skype, ni de photomaton… Il fallait bien avoir quelque chose à mettre sous l'œil du futur époux pour lui vanter les mérites et lui vendre la jeune donzelle qu’on lui proposait de prendre sous son aile ! Marianne, en tant que peintre à son compte, est aguerrie dans ce domaine. Elle n’est pas effarouchée de débarquer seule dans ce recoin oublié du monde. Et c’est-là une première originalité à l’écran : y voir une de ces femmes qui ont bel et bien existé dans un contexte où la quasi totalité de leurs contemporaines n’avaient pas le choix de leur destinée. Marianne, sans mari, ni maître, est une femme socialement libérée et ses rapports avec les autres le sont tout autant. Si elle est de rang inférieur à la comtesse qui lui commandite le portrait de sa fille, son statut indépendant lui octroie une véritable liberté de ton, et lui permet de l’aborder de femme à femme. Entre les deux, un marché secret est conclu : Marianne peindra en cachette le tableau, à l’insu d'Héloïse qui essaie avec ses maigres moyens d’échapper à son destin programmé et refuse de poser. Héloïse n’agit pas par caprice, mais par conviction profonde. C'est ce qui va rapprocher progressivement l’artiste et son modèle…

Quand Céline Sciamma s’empare d’un tel sujet, chaque plan devient comme un véritable tableau, la peinture devient l’ADN du film. Dans cet univers féminin, aucune protagoniste n’est laissée à l’abandon. Chaque personnalité est complexe, interagit avec les autres indépendamment des rapports de classe censés les corseter. La liberté a un prix, qu’il faut être prête à payer. L’enjeu impose alors de sortir de ses propres entraves. Au-delà du genre, ce film parlera à tous ceux, à toutes celles qui sont, ont été, seront amoureuses, amoureux, profondément…