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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

WALK UP, à chaque étage

Écrit, photographié, monté, mis en musique et réalisé par HONG Sangsoo - Corée du Sud 2022 1h37mn VOSTF - avec Kwon Haehyo, Lee Hyeyoung, Song Sunmi, Park Miso...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

WALK UP, à chaque étageSéoul, quartier résidentiel. Un petit immeuble de quatre étages fréquenté, niveaux après niveaux, par un même personnage, alter ego du réalisateur, à de courts intervalles de sa vie : tel est le principe du nouveau film du plus intimiste des cinéastes coréens, le très prolifique Hong Sangsoo. Les aficionados du réalisateur seront ravis de retrouver ici les leitmotivs qui parcourent son œuvre : personnages d’artistes en vagabondage, jeux de séduction, hésitations sentimentales, grandes discussions autour de repas bien arrosés… Hong Sangsoo a depuis longtemps délaissé l’industrie traditionnelle du cinéma pour réduire ses tournages à la plus grande légèreté, préférant la spontanéité de l’instant aux procédés visuels trop maniérés. Il en résulte une esthétique sobre, directe et sans manières, qu’on aurait tort de ranger du côté du réalisme. Il n’en est rien ! Hong Sangsoo est au contraire un cinéaste du dispositif : c’est ici la fonction de ce petit immeuble, huis clos prétexte à différentes rencontres et laboratoire de multiples récits qui, au final, apparaissent parfaitement écrits et travaillés. A l’intérieur de cette coque, les séquences fourmillent d’improvisation et de naturel, mais c’est sans cesse vers le poétique et l’introspection que lorgne la narration. Hong Sangsoo nous propose avec l’exploration de cet immeuble un amusant chassé-croisé de relations humaines, tantôt ironiques ou tantôt graves, et, tel un impressionniste, compose par petites touches un portrait sensible de ses habitants.

C’est la propriétaire des lieux, Mme Kim, qui nous ouvre les portes de l’immeuble. Mme Kim est architecte d’intérieur et Byungsoo, réalisateur célèbre (interprété par l’excellent Kwon Haehyo, double récurrent du cinéaste), est venu lui présenter sa fille qui souhaite se lancer dans des études de design. Après quelques verres, Mme Kim emmène ses invités visiter le bâtiment pour leur montrer les rénovations qu’elle a faites, du rez-de-chaussée au toit-terrasse. C’est alors qu’en toute indiscrétion, le spectateur est convié à découvrir quelques espaces privés, de l’atelier de création de Mme Kim aux appartements d’un locataire mauvais payeur, en passant par l’étage du restaurant.
Tout en finesse, Hong Sangsoo déploie ici un espace mental : celui du cinéaste venu accompagner sa fille mais finalement projeté dans ses propres préoccupations, exprimant à ses interlocuteurs – amies, résidents ou employés – ses difficultés sentimentales ou son manque d’énergie créatrice suite à l’abandon de sa dernière production, faute de budget suffisant. Au propre comme au figuré, chaque niveau de l’immeuble correspond à une nouvelle phase du récit, avec pour simple ellipse une petite mélodie de guitare nous invitant à comprendre qu’un temps indéfini s’est écoulé entre deux scènes. On retrouvera ainsi Byungsoo plus tard, sans sa fille, sous les charmes de la tenancière du restaurant lui exposant avec insistance son admiration pour ses films. Ou Byungsoo, encore un peu après, ayant emménagé dans un appartement libéré par Mme Kim qui, de manière de plus en plus intrusive, tente de s’immiscer dans sa vie sentimentale…

Au fil du récit, chaque personnage dévoile une facette cachée par son apparence sociale. Le film se fait souvent drôle, voire sarcastique quand il s’attarde sur les vanités de chacun. Comme souvent chez Hong Sangsoo, les dialogues réservent quelques vérités crues qui percent la banalité des discussions quotidiennes. Ambition et séduction ne tardent jamais à montrer leurs revers et c’est au fond l’amertume et la mélancolie des personnages qui finit par nous toucher dans ce nouvel opus, qu’il convient d’agrafer comme une page nouvelle au journal visuel et intime du cinéaste.