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Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
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AVERROÈS ET ROSA PARKS

Nicolas PHILIBERT - documentaire France 2023 2h23mn -

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

AVERROÈS ET ROSA PARKSAprès avoir consacré un premier volet d’une trilogie sur la psychiatrie au centre intermédiaire de jour « L’Adamant », Nicolas Philibert quitte la péniche du 12e arrondissement de Paris pour rejoindre, à quelques minutes de là, le milieu hospitalier. Averroès et Rosa Parks sont deux unités de soins psychiatriques de l’Hôpital Esquirol, en bordure du bois de Vincennes. Dans Sur l’Adamant, Philibert filmait un lieu perméable et bouillonnant, où les patients pouvaient aller ou venir et trouver dans les activités proposées un soutien à leur retour à la vie en société. Dans Averroès & Rosa Parks, les patients sont hospitalisés et contraints à un lieu unique. Avec une intelligence admirable, Nicolas Philibert adapte complètement son dispositif. Autant, sur la péniche, le film pouvait s’immiscer dans toutes les activités et établir une relation directe aux patients, libres de nous dévoiler ce qu’ils voulaient ; autant ici, la relation se veut beaucoup plus distanciée, toujours adossée au rôle des soignants, remarquablement pudique à l’égard de ce que les soignés révèlent de leurs fragilités. Il en découle un ensemble d’entretiens soignants-soignés et de séances de groupe au cours desquels Philibert donne à voir la pratique psychiatrique de l’intérieur. Mais plus que tout, le film s’attache au ressenti des patients, posant sur eux un regard d’une immense humanité. La caméra de Sur l’Adamant était une caméra du champ social et de la relation, celle de Averroès & Rosa Parks est une caméra de l’attention. On suit avec précision le cours des pensées des patients qui, en dépit de leurs pathologies parfois aigües, s’avèrent remarquablement construites. On s’imprègne du timbre de leurs voix et on saisit dans leurs yeux, leurs visages, leurs expressions, l’intensité de leurs espoirs et l’étendue de leur détresse.

Le film débute sur des prises de vue aériennes de l’immense hôpital néo-classique Esquirol, que l’équipe de tournage montre à quelques patients. Astucieux procédé pour décentrer d’emblée le regard et s’apercevoir que les patients se repèrent non seulement très bien, mais analysent parfaitement leurs conditions d’hospitalisation, pointant avec pertinence un modèle architectural écrasant. « Prisons, lycées, hôpitaux… flippant », entend-on. Cette entrée en matière ainsi élargie est aussi l’occasion de rappeler que ce qui se passe entre ces murs ne se tient pas en marge de notre société. C’est en le cœur même : l’endroit où se distingue la raison de la folie, le lieu où la communauté s’organise pour prendre soin de ses pairs les plus fragiles. Soudain le titre apparaît : Averroès & Rosa Parks. Qu’est-ce qui peut bien relier l’éminent philosophe du XIIe siècle et l’icône de la lutte pour les droits civiques ? En apparence, de simples noms sur des pancartes à l’entrée de l’édifice. Pour Philibert, bien plus : un signe d’enracinement dans des siècles d’humanité. À juste titre, car à l’intérieur, de philosophie il sera question, souvent. Et de libération, beaucoup.

Fidèle à son système, Nicolas Philibert ne propose aucune mise en contexte, pas de voix-off explicative, pas même le nom des personnes filmées. Le film est simplement « là », à l’intérieur, témoignant des relations qui s’y jouent sans échafauder de structures artificielles. Un homme voulant s’acquitter de sa « dette morale » envers la société, un professeur de philosophie « juif bouddhiste » surmené, une femme transie de peur à l’idée d’être seule et de croiser « celle » qui lui veut du mal, un homme qui voit dans d’autres pensionnaires ses aïeux qu’il sait pourtant décédés… Sans compter l’exemplaire personnel soignant, d’un dévouement infini, usant de son savoir pour soulager les patients. Partout la parole fait son chemin, souvent vers l’apaisement. Pas toujours. Un dernier cite Nietzsche et la force vitale : « la douleur, ça s’endure ». Le besoin de tendresse est immense. Pour l’heure, on ressort de ce documentaire ressourcé par tant de richesses que l’Autre peut offrir.