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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

LE VOYEUR

(PEEPING TOM) Michael POWELL - GB 1960 1h41mn VOSTF - avec Karl-Heinz Böhm, Moira Shearer, Anna Massey, Maxine Audley, Brenda Bruce... Scénario de Leo Marks. Photographie magnifique d’Otto Heller.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

« Une offense à la nation ! », « Un film répugnant ! », « Néfaste et malfaisant ! » C’est, en quelques mots, l’accueil critique que reçut Le Voyeur lors de sa sortie au Royaume-Uni en 1960.
Sur un scénario de Leo Marks (néophyte dans le cinéma, figure importante de l’espionnage britannique pendant la seconde guerre mondiale grâce à ses talents de mathématicien et d’expert en techniques de codage), Michael Powell dresse le portrait de Mark Lewis, jeune homme incapable de vaincre les traumatismes de son enfance, et qui ne s’est jamais remis des expérimentations sur la peur que lui a fait subir son père psychiatre. Avec la caméra offerte par ce dernier, il reproduit ces expériences, se transformant en un serial killer cinéaste, équipant le pied de sa caméra d’une baïonnette et d’un miroir : ainsi, tout en les filmant, il tue des femmes, qui voient leur mort arriver et font face à leur propre terreur.

Peeping Tom est un film cru, sombre et foncièrement morbide. Mais c’est également un des films les plus maîtrisés de Michael Powell, d’une beauté plastique exceptionnelle. C’est cette description – émouvante malgré l’horreur des situations – d’un cas de folie criminelle qui dérangea sans doute le plus lors de la sortie : Powell se refuse à tout jugement moral, et éprouve même une sorte de compassion pour ce jeune homme qui finalement n’a pas les armes pour échapper à son état. Le personnage de Mark Lewis est sans doute un des plus sulfureux de l’Histoire du cinéma, à la fois inquiétant et fascinant. Car la mise en abyme est complexe : la caméra filme le cinéaste assassin, qui filme sa victime, assistant elle-même en direct au déroulement de l’action. Le spectateur devient finalement lui-même un voyeur.
Œuvre scandaleuse, Le Voyeur est une réflexion inégalable sur le cinéma, les cinéastes et le pouvoir des images. « J’ai toujours pensé qu’avec Le Voyeur et 8 1/2 [de Federico Fellini], tout ce qu’on pouvait dire sur le cinéma était dit. 8 1/2 saisit ce qu’il y a de prestigieux et de joyeux dans la mise en scène, alors que Le Voyeur en montre le côté agressif, la façon dont la caméra viole. Ce sont les deux grands films qui traitent de la philosophie, du danger de la réalisation. En les étudiant, on découvre tout ce qui touche aux gens qui font des films, ou au moins à ceux qui s’expriment par le cinéma. » (Martin Scorsese in Scorsese par Scorsese, David Thompson et Ian Christie, Cahiers du cinéma, 1990)

Considéré jusqu’alors comme un des plus grands cinéastes britanniques (citons Colonel Blimp, Le Narcisse noir, Les Chaussons rouges, Les Contes d’Hoffmann… tous co-réalisés avec son complice Emeric Pressburger), Michael Powell, s’il tourna encore quelques films, ne se releva jamais vraiment du scandale déclenché par Le Voyeur. (festival-lumiere.org)