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Le LUNDI 7 MARS à 20h, soirée en partenariat avec la Ligue des Droits de l’Homme et la Cimade. Projection du film en présence du réalisateur Mehrdad OSKOUEI

SUNLESS SHADOWS

Écrit et réalisé par Mehrdad OSKOUEI - documentaire Iran 2019 1h15mn VOSTF - Grand Prix, Festival International Jean Rouch 2020, et nombreux autres prix dans moult festivals internationaux.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

SUNLESS SHADOWSOn reconnaît les grands documentaristes à l’abnégation avec laquelle ils poursuivent un sujet sur plusieurs œuvres. C’est le cas de l’Iranien Mehrdad Oskouei, dont on a avait pu découvrir il y a quelques années Les Derniers Jours de l’Hiver qui suivait de jeunes garçons délinquants, mais surtout en 2016, Des Rêves Sans Étoiles, immersion fascinante et terrible dans un centre éducatif fermé pour jeunes filles dont l’existence à peine adolescente avait été fracassée. Condamné à un an de prison pour ce dernier film, par un pouvoir qui avait fort peu apprécié cette exposition des réalités peu reluisantes sur une partie de sa jeunesse laissée pour compte. Mehrdad Oskouei avait été notamment marqué par les jeunes pensionnaires accusées du meurtre de leur père, mari, en tout cas personnage masculin de leur entourage, parfois avec la complicité de leur mère, et/ou sœur.

Mehrdad Oskouei est donc revenu sur les lieux de son précédent tournage, retrouvant certains de ses personnages, en découvrant d’autres. Il introduit dans une première séquence un dispositif très simple mais extrêmement fort où les jeunes filles, face caméra, s’adressent à leur victime ad patres, étrange déclaration d’amour pour celui qu’elles ont tué, ou à leur mère ou sœur qui sont elles, en prison pour femmes, attendant parfois leur éventuelle exécution. On a parfois le contrepoint terrible des silhouettes voilées de dos de leurs interlocutrices sanglotant à la réception du message vidéo.
Il y a un terrible et génial paradoxe dans Sunless Shadows. Nous sommes dans un cadre doux et sécurisant d’une grande chambrée d’adolescentes joliment décorée où les jeunes filles pratiquent des jeux d’enfants (certaines ont à peine 15 ans), ont des cours d’anglais ou de méditation, s’amusent dehors avec des canetons ou avec un bambin, l’une d’elle ayant pu garder son enfant avec elle. Et puis le réalisateur aborde ce qui les as emmenées là. Comment à leur si jeune âge, elles ont pu poignarder ou empoisonner l’homme, père ou mari qu’elles ont aimé à un moment ? Et se déroule tout l’engrenage terrible de la société patriarcale ; celui des mariages arrangés à 12 ans où la jeune mariée n’a personne vers qui se tourner quand le mari commence à la battre quotidiennement. Celui d’une police qui renvoie chez elle une jeune fille ensanglantée et à la jambe cassée après avoir été frappée par son père en lui disant que « celui-ci devait bien avoir une raison d’ainsi la battre ».

Et derrière le crime, le fonctionnement absurde de la justice iranienne qui ne fonctionne que sur la loi du talion et sur le pardon des victimes et de leur famille qui détermine le sort des accusées. Face au meurtre de leur père qui battait leur mère et sœurs, les frères et fils veulent la mort de leur mère et l’emprisonnement de leurs sœurs, preuve ultime de la perpétuation du patriarcat. Mais parfois, l’épilogue est plus heureux, parfois moins, parce que même quand la justice est clémente, c’est la culpabilité qui est trop violente pour ces jeunes filles rendues meurtrières par un système sans issue. Et si le constat est accablant, il n’en rend que plus bouleversante la dignité et l’intelligence de ces femmes bouleversantes.