UTOPIA SAINTE BERNADETTE
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Coopérative QUI VIVRA BÉRAT habitat partagé en évolution la Ménardière
Une autre façon de vivre ? Une autre façon de vieillir ? Voilà 4 ans, qu’un groupe de retraités a investi le Domaine de la Ménardière en créant une coopérative. Objectif : Vivre et vieillir ensemble solidaires et actifs jusqu’au bout du chemin. Chambres d’hôtes, Conc...

SÉANCES BÉBÉS
  Les séances “bébé” sont des séances où les parents peuvent venir avec leur nouveaux nés. Et déguster un film pendant qu’ils roupillent dans leurs bras. Les séances sont évidemment ouvertes à tous les spectateurs, il suffit de savoir qu’il peut arriver qu’un bébé fasse du bruit en suçant son pou...

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Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de la...

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DÉSERTS

Écrit et réalisé par Faouzi BENSAÏDI - Maroc 2023 2h05mn VOSTF - avec Fend Benchemsi, Abdelhadi Talbi, Rabii Benhhaile, Faouzi Bensaïdi...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

DÉSERTSMêmes chemises auréolées de sueur aux aisselles, mêmes costumes sombres-cravates rouges mal repassés, mêmes souliers poussiéreux… Tels des Dupond-t du Maghreb ou d’improbables Laurel et Hardy de l’Atlas, vaguement grotesques et passablement lunaires, Mehdi et Hamid sillonnent au volant d’une vieille guimbarde subclaquante les paysages arides, caillouteux, austères et souvent sublimes du sud-Maroc où, sous un soleil de plomb, ils exercent avec plus ou moins d’efficacité (plutôt moins), plus ou moins de bonheur (plutôt moins, également) et une bien trop relative absence de scrupules (qui est pourtant le B. A. – BA) le métier de recouvreurs de dettes. De village en village, ils trimbalent leurs mines qu’ils espèrent patibulaires, cruelles et menaçantes, pour récupérer quelques Dirhams de plus auprès d’introuvables mauvais payeurs – pour la plupart de pauvres gens qui se sont laissés embobiner par les mirages de crédits à la consommation. Or c’est bien connu, ces crédits, facilement consentis mais à des taux exorbitants, n’enrichissent que les sociétés qui les avancent – et qui n’hésitent pas, pour récupérer leur dû, à faire appel à des hommes de main. Par exemple, donc, Mehdi et Hamid. Lancés aux trousses d’emprunteurs qui, faute de revenus, sont dans l’incapacité de rembourser la moindre piécette, ces deux amis de longue date sont également des victimes du système. Contraints de faire un sale boulot moralement indéfendable pour un salaire dérisoire (eux aussi ont besoin de gagner leur vie) et à deux doigts de se faire virer pour cause de manque de rentabilité, les brothers du surendettement ont le blues. Et assurent mollement le minimum même pas syndical, promènent leur lose mélancolique d’hôtels miteux en stations services désertées, leur incapacité chronique à assurer leurs missions donnant lieu à une succession de scènes comiques à l’humour grinçant. Déserts s’avance donc comme une comédie déjantée et un brin loufoque, flirtant avec le burlesque, mettant en scène deux gars pas vraiment à leur place, perdus dans l’immensité de paysages grandioses.

Oui mais pas seulement… Il advient que le hasard, le destin, met sur la route de nos duettistes un soi-disant bandit de grand chemin. Livré pieds et poings liés, il leur est demandé de le convoyer vers… mais chut ! Cette rencontre imprévue fait subitement dévier le récit, l’enrichit de ramifications tout aussi inattendues, fait passer nos sympathiques anti-héros au second plan, avant de les faire ponctuellement revenir… Mêlant comédie et road-movie, le film prend un tour de western et même de quête initiatique. La beauté impressionnante des images, la drôlerie féroce des dialogues, la tendresse avec laquelle sont dépeints tous les personnages, malgré leurs faiblesses, malgré leur veulerie… tout cela concourt à donner au film de Faouzi Bensaïdi un style inimitable, qui serait celui d’un parfait numéro d’équilibriste : d’apparence bricolé et casse-gueule, il aimante l’attention, amuse, séduit, accroche le regard, fait guetter le faux-pas, se rattrape in-extremis au bord du gouffre. Bref : il est évidemment parfaitement maîtrisé, parfaitement dosé en humour, en action, en suspense, en moments d’état de grâce, mitonné aux petits oignons. Les comédiens sont extraordinairement raccords, dans tous les registres. Le Maroc qui prend vie sous nos yeux ébahis n’a évidemment rien du Maroc de carte-postale des agences de voyage, ni du pays « émergeant » qui fait se pâmer les éditorialistes libéraux de la presse internationale. Dans la marge, le réalisateur fait le portrait, sensible et, répétons-le encore une fois, drôle, des laissés pour compte du « miracle économique ». Petites gens, classes moyennes déclassées, paysans pauvres, sont les véritables héros de ce film atypique, foutrement emballant, d’un réalisateur qui manie comme personne l’art de la rupture, qui mène de l’éclat de rire au drame. Comme disait l’autre, avec ce formidable Déserts comme guide, « le Maroc, allez-y : vous n’en reviendrez pas ».