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Séance unique le vendredi 20 octobre à 20h en présence de la réalisatrice Sylvestre Meinzer et de gilets jaunes du rond-point de Prés d’Arènes.

LES VOIES JAUNES

Sylvestre Meinzer - documentaire France 2023 1h55mn -

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

Contrairement à une production cinématographique encline à servir une bouillie prémâchée à un public fainéantisé, Les Voies jaunes est un film qui se mérite. Il est un pic de vertige qui s’arpente et se savoure. Résumant d’une belle formule le soulèvement des Gilets jaunes, Sylvestre Meinzer a les mots suivants : « Au début, tout le monde se retrouvait ; à la fin tout le monde s’y est retrouvé ».

Son film suit le même canevas. Si on s’y perd, c’est pour mieux s’y retrouver. La connivence est son fil d’Ariane. Comme ce plan qui fixe des panneaux signalant des travaux dans une zone urbaine : « Nous fouillons, c’est votre histoire ». Ou bien ces quelques face-à-face où les témoins sortent soudain de l’invisibilité et semblent briser le quatrième mur. Ils posent face caméra. Sourient avec tendresse. Forêt de poils sur les bras. « Je voulais qu’il y ait une évolution dans le film. Un mouvement porté par les voix multiples qui aboutisse en une sorte de confluence », insiste Sylvestre Meinzer. Est là résumée toute la dynamique innervée par cette interminable révolte populaire. Si la mèche de départ a été la taxe de trop, rapidement, au fil des brassages et de la répression, c’est l’ensemble de la question sociale qui a été réinvestie par les manifestants : conditions de vie matérielle, racisme, désastre écologique. Élargissant sa focale, la caméra et le micro de Sylvestre Meinzer embrassent avec fougue cet énième big bang de notre histoire sociale. La réalisatrice fait sien ce crédo insufflé par Godard : « Il ne s’agit pas de faire des films politiques mais de faire politiquement des films ». Et d’ajouter : « Faire place à une grande multiplicité de regards pour contrer une vision trop normée des choses. » De fait, Les Voies jaunes n’ont rien d’un sens unique. Comme un rond-point repeuplé, elles concentrent en leur centre bouillonnant, avant d’éparpiller aux quatre vents et d’ensemencer notre présent.

(Sébastien Navarro)